Avril 2002, Layne Staley disparaissait à seulement 34 ans des suites d'une overdose de speedball.
Alice in Chains était dès lors orphelin de son chanteur, sa voix. Groupe qui demeurera très méconnu du grand public malgré la qualité de la musique et des quelques albums laissés en héritage.
Septembre 2009, soit près de 15 ans après avoir enregistré leur dernier opus en studio, AIC se remet en selle et accouche de Black Gives Way to Blue, attendu au tournant, on peut aisément se l'imaginer.

Quinze années c'est long, très long, de surcroît quand l'âme du groupe (avec Jerry Cantrell) n'est plus de la partie, remplacé par William DuVall au chant. Quoique celui-ci n'apparaît que très rarement sur les lead vocals; ceux-ci sont la plupart du temps assurés par Jerry Cantrell. Quinze ans à se demander si un jour AIC allait rependre le chemin des studios en dépit de l'absence d'un de ses maillons essentiels. Finalement après des rumeurs, des "on dit que", des supputations, sort à l'automne 2009 ce BGWTB. Attendu tel le messie ? Pour les fans, probablement oui. Pour les autres, ce ne serait là qu'un vain moyen de pérenniser l’œuvre du groupe sans la même consistance qui l'habitait par le passé des grandes heures du début des années 90.

Quoi qu'il en soit, quoi qu'il en fut, cet album s'inscrit dans la droite lignée de ses prédécesseurs que sont Facelift, Dirt et Le chien à 3 pattes. Beaucoup l'ont décrié, beaucoup le décrit encore non pas parce qu'il est mauvais mais plutôt qu'ils ne s'y retrouvent pas. Cela peut se comprendre dans un sens. La nostalgie l'emporte très souvent sur la raison pure. (non, je ne citerai pas Kant)
Intrinsèquement ce dernier opus de AIC est bon. Intrinsèquement. Effectivement, si l'on regarde de plus près la discographie du groupe, on pourrait toujours chipoter en disant ceci ou cela, la voix de DuVall, l'esprit juvénile qui n'est plus le même, un son moins torturé, des compositions moins profondes, et patati et patata. Ouais, on peut toujours trouver à redire, toujours.
Et pourtant. Oui, et pourtant si l'on fait abstraction deux minutes que ceux qui jouent et chantent sont Alice in Chains, on se dirait volontiers que cet album est très bon. Mais puisque c'est eux, on a tendance à vouloir le meilleur, sans doute parce qu'on sait que ce groupe fut très bon. C'est un aveu de sa qualité par procuration.

Même si je trouve que Check my Brain et Lesson Learned sont les deux morceaux les plus faibles, l'ensemble est pour le moins honorable pour ne pas dire un très bon retour après 15 piges. Fallait oser un tel retour, c'était très risqué et non moins osé ! Combien de groupes se sont déjà cassés les dents après être revenus d'une longue absence ? Car, des 11 morceaux qui composent ce Black Way..., peu sont sous les 4 minutes. On a affaire à des titres assez longs voire longs (Last of My Kind, A Looking in View, Acid Bubble, Private Hell) qui dépassent allégrement les 5 minutes chacun. Donc, la prise de risque toujours présente. Ils ne se contentent pas de placer des chansons de 3 minutes FM et de se tirer avec l'argent de la banque. Le jeu est convaincu et convaincant. Jerry Cantrell est une nouvelle fois derrière toutes les compositions hormis deux titres (Last of my Kind et A Looking in View). Le titre éponyme de l'album - une bien jolie ballade - finit en beauté l'album.
Le maître-vaudou des débuts est toujours là, bien présent au poste de guitariste, chanteur, auteur et compositeur.

Un album qui est à mon avis sous-évalué.
Faut juste que si AIC vise à sortir un nouvel album, va falloir sortir un nouveau chanteur également, car William DuVall n'a pas de personnalité, pas de présence. Heureusement que Cantrell est là pour sauver les meubles sinon ça aurait été la débandade niveau vocaux.

En attendant un prochain opus de mes potes, je me repasse les albums de la grande époque et je bave...

1 All Secrets Known 7.5/10
2 Check my Brain 7.0/10
3 Last of my Kind 8.0/10
4 Your Decision 9.0/10
5 A Looking in View 8.5/10
6 When the Sun Rose Again 8.5/10
7 Acid Bubble 7.5+/10
8 Lesson Learned 7.0/10
9 Take Her Out 7.0/10
10 Private Hell 7.5/10
11 Black Gives Way to Blue (feat. Elton John) 8.5/10

Highlights: Your Decision, A Looking in View, When the Sun Rose Again
lehibououzbek
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 2 janv. 2013

Critique lue 408 fois

4 j'aime

1 commentaire

lehibououzbek

Écrit par

Critique lue 408 fois

4
1

D'autres avis sur Black Gives Way to Blue

Black Gives Way to Blue
lehibououzbek
8

ALICE GIVES WAY TO US

Avril 2002, Layne Staley disparaissait à seulement 34 ans des suites d'une overdose de speedball. Alice in Chains était dès lors orphelin de son chanteur, sa voix. Groupe qui demeurera très méconnu...

le 2 janv. 2013

4 j'aime

1

Black Gives Way to Blue
OrpheusJay
7

Welcome back!

La production est rutilante, le mixage est très réussi et les chansons sont au rendez-vous. On peut sans doute déplorer quelques angles un peu arrondis et un manque de "danger" comparé à l'époque où...

le 11 mars 2022

2 j'aime

Black Gives Way to Blue
Seijitsu
6

Le meilleur album solo de Jerry Cantrell

Un groupe peut-il survivre à la perte de son emblématique chanteur ? Oui. Tout dépend de qui tient la barque en termes de composition. Et il suffit de constater qu’une forte collaboration entre...

le 9 sept. 2017

1 j'aime

Du même critique

The Division Bell
lehibououzbek
9

The last bell is ringing

The Division Bell est tout simplement le dernier et ultime album studio de Pink Floyd. On est en 1994 et outre le fait qu'il soit le dernier de la superbe discographie du groupe, il est celui par...

le 11 janv. 2013

33 j'aime

10

In the Aeroplane Over the Sea
lehibououzbek
2

Cet album est juste une daube, rien de plus.

Je fus un mouton moi aussi. Ayant remarqué ça et là les critiques dithyrambiques, je me suis dit qu'avec de tels éloges je ne pouvais tomber que sur quelque chose de génial. Certes, Rat Diot Ed et...

le 11 févr. 2013

30 j'aime

68

Painkiller
lehibououzbek
10

La technique au service de la composition

Je suis choqué. Oui je suis définitivement choqué, abasourdi, en position PLS dans un coin, suçant mon pouce comme quelqu'un qui viendrait de subir un énorme trauma, et qui ne pourrait plus bouger...

le 14 févr. 2013

23 j'aime

1