Montagnes

Motorama, groupe russe formé en 2005, vient de voir réediter son premier album : Alps. Chanceux que nous sommes puisqu’il s’agit là d’une vraie merveille, harmonisant l’allure glacée d’une voix monocorde à une instrumentalisation vaporeuse et délicate.

Alps est un hémisphère de rythmes variés, passant d’une pop presque enjouée – grâce à la reverb éclatante des guitares – à des teintes plus sombres, une basse plus profonde, un monde éteint. Le groupe semble toujours dans une forme de réalité instable, une dualité prenante qui fait courir dans nos oreilles la véracité du quotidien.

Et cela sans doute grâce à l’équilibre permanent de la batterie. Des coups galopants d’un joueur épileptique qui apportent un aplomb nécessaire aux dérivations des autres instruments. Alps respire le même air que nous, la légèreté de l’aube et le plomb du crépuscule. Il nous entraîne dans une quête incessante d’un bonheur absolu et nous bousille dans les dédales de la perte, de l’attente. Une mélancolie exprimée à travers » Letter Home » et ses amours perdus. Une basse pertinente, des lignes de chant bien placées et surtout un choix de rythme adéquat. Une faille émotionnelle destructrice qui vient aspirer les autres instants du disque en sortant de son chemin de fer.

Pas que les autres manquent de sensibilité mais l’on reste surtout accrochés à la voix fraîche et caverneuse sortie des catacombes. Les guitares ressemblent à de la poussière d’étoile, un nirvana qui se met des bâtons dans les roues. Un paradoxe tendancieux qui ne sait plus par quel chemin vivre sa finalité. Heureusement, » Far Away From the City » semble donner la voie. Il suffit de lire et de fermer les yeux.