Alligator
7.4
Alligator

Album de The National (2005)

Il est parfois dur de trouver l'accord parfait entre deux aspirations : une envie de nouveautés formelles et la fidélité des acquis, de cette énergie propre au rock et de ce toujours même émerveillement face à l'écriture pop et folk. Alors quand un album débarque et que ces deux terrains sont contentés , c'est peut-être qu'il se passe vraiment quelque chose. The National n'est pas une découverte et Sad songs for dirty lovers avait déjà mis un coup de projecteur sur les cinq de Cincinnati. Mais Alligator franchit une étape décisive. Celle d'un groupe qui s'inscrit dans la continuité de plus belles pierres patrimoniales américaines ; des plus populaires, de Bruce Springsteen (de Nebraska) à REM aux plus cultes, d'American Music Club à Afghan Whigs. Celle d'un groupe qui a parfaitement intégré l'apport anglais de Joy Division ou Cure (The Geese of Beverly Road), la pose arty et la profondeur sombre. Une série de références qui serait un poids trop lourd à porter pour n'importe qui et qui rendrait clone la majorité. Mais The National est un groupe unique, comme la voix de son chanteur Matt Berninger. Un groupe qui peut faire côtoyer sur un même album des cordes en apesanteur (Val jester) et un rock défoulant et à l'emporte-pièce (Abel). Les arrangements, véritable superposition de tissus soyeux, ne sombrent jamais dans un trop plein de préciosité. Miracle d'équilibre, mine d'or d'émotions primesautières ou révélés avec le temps, Alligator est déjà un classique, un album qui ne propose pas une révolution mais jette un pont avec un talent énorme entre quelques-uns des plus brillants artistes de ces deux dernières décennies et par ce réarrangement avec l'Histoire et les sensibilités, affirme une nouvelle et singulière personnalité.

denizor
8
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le 27 sept. 2016

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