Le voilà, le dernier Tyranny, qu’on attend depuis dix ans. Avec les derniers Shape Of Despair et Skepticism, on a droit à la grande année du doom funéraire finlandais.
Tyranny, duo composé notamment de Matti Mäkelä (Corpsessed, Profetus), avait marqué les esprits avec un premier EP sorti chez Firebox – label qu’on associe à l’école doom funéraire du même nom, disparu entre temps -, suivi l’année d’après d’un premier album, le superbe Tides Of Awakening.
A l’écoute de ces disques, j’avais été puissamment envoûté par la musique de Tyranny, qui incarnait – et encore actuellement – le cauchemar lovecraftien dans sa forme la plus réussie. En effet, Tyranny joue un doom funéraire particulièrement rampant et dense, monolithique comme il se doit et doté surtout des growls terrifiants des deux protagonistes.


Bref, parlons peu, parlons bien : cet album s’impose pour moi sans doute comme la sortie funéraire de l’année.
Le groupe a non seulement repris les bases saines de l’album précédent, mais a modernisé son son et surtout travaillé encore plus l’album dans sa progression logique.
Il commence par un morceau somme toute assez classique, qui constitue en quelque sorte une mise en bouche pour ce qui suit ; même si c’est déjà un sacré morceau de dix minutes, mais en funéraire on a le temps. Le second morceau est déjà plus imposant, plus intense et inclut un passage d’une minute trente environ d’ambient ; passage qui aère judicieusement le morceau, plutôt que d’en faire une plage à part comme c’était le cas avec le dernier morceau de Tides Of Awakening.


La procession funéraire est bien lancé, et voilà qu’arrive le troisième titre, le plus court mais aussi le plus ambitieux et novateur de l’album, avec sa tendance limite indus et ses bruitages glauques parsemé tout le long du titre. Cauchemardesque ! Une pièce idéalement placée au milieu de l’album.
Le disque suit son court jusqu’au dernier morceau, sur lequel semble renaître un espoir avec cette ligne mélodique qui en constitue la principale accroche. On note aussi un superbe passage au piano en deuxième moitié, un peu à la Murkrat.


Cet album m’a stupéfié, car Tyranny réussit ce tour de force de livrer une musique lancinante, léthargique, à tout moment pesante tout en fournissant à l’auditoire une accroche, une spécificité à chaque morceau et ce dans une logique de progression tout à fait pertinente. Dans ce sens, il apparaît comme moins opaque et surtout moins linéaire que son prédécesseur.
Pour un groupe qui tire ses racines du doom funéraire le plus traditionnel qui soit, sa personnalité s’en retrouve raffermie, affinée.
Aeons In Tectonic Interment cultive la folie, l’horreur, la désolation avec un imparable brio et une élégance rare. Je gage qu’avec les années, cet album deviendra un nouveau classique du doom funéraire.


Retrouvez cette chronique sur le site "auxportesdumetal.com"

Man_Gaut
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs albums de doom metal

Créée

le 30 sept. 2015

Critique lue 80 fois

2 j'aime

Man Gaut

Écrit par

Critique lue 80 fois

2

Du même critique

Stare Into Death and Be Still
Man_Gaut
9

"Drawn Into The Next Void"

Ayant négligé lâchement leur album de 2016, sans doute par paresse intellectuelle, j'étais pour autant resté sur une excellente impression d'Ulcerate avec le duo incontournable Destroyers Of...

le 1 mai 2020

11 j'aime

3

Exuvia
Man_Gaut
9

"Towards Malkia"

Depuis la sortie de Blood Vaults, j'ai eu l'occasion de voir le groupe d'Alexander von Meilenwald en concert et The Ruins Of Beverast (TROB) s'avère particulièrement brillant dans l'exercice, les...

le 22 oct. 2017

9 j'aime

5

Cursus Impasse: The Pendlomic Vows
Man_Gaut
9

"The Apocryphalic Wick"

Ces gros tarés de Howls Of Ebb ont encore pondu une aberration musicale cette année… pour notre plus grand plaisir. C’est un groupe que je suis ravi d’avoir découvert avec sa première sortie, déjà...

le 24 juin 2016

9 j'aime

2