Ayant négligé lâchement leur album de 2016, sans doute par paresse intellectuelle, j'étais pour autant resté sur une excellente impression d'Ulcerate avec le duo incontournable Destroyers Of All/Vermis. Ce groupe qui avait fini par ne ressembler qu'à lui-même en l'espace de deux albums, à la fois héritier de Gorguts, pendant death metal de Deathspell Omega, inspiré du post, du death technique, avec un riffing qu'on qualifiera d'avant-gardiste parce qu'on ne sait trop dans quoi le ranger.


Leur musique, certes fascinante, est aussi peu facile d'accès. On ne se plonge pas vraiment dans un album d'Ulcerate par plaisir ; plutôt dans le but de se faire mal au crâne, mais aussi parce que ça en vaut vraiment la peine. J'ai remarqué à ce titre que leurs albums sont de plus en plus longs : presque une heure pour celui-ci alors que leur premier ne durait que quarante-cinq minutes ; face à une musique aussi complexe que la leur, rester concentré pour suivre le fil de leur propos sur autant de temps n'est pas une mince affaire.


Et pourtant, d'emblée, Stare Into Death... commence par un morceau puissamment immersif et qui donne le ton de ce qui va suivre : ce dernier album sera plus mélodique, plus émotionnel. On n'est pas dans la sensibilité à fleur de peau, la musique d'Ulcerate restant très brutale. Néanmoins, on ressent la mélancolie, la tristesse infinie qui émane de leur musique, plus qu'auparavant. J'ai perçu ce disque comme une œuvre plus introspective que ce que je connaissais du groupe.
Un peu désarçonné au premier abord, je dois l'admettre (mais Ulcerate semble carburer à cela, de toute façon), notamment par la quasi disparition des ambiances très sombres que j'avais appréciées sur les prédécesseurs, je me suis rendu à l'évidence au fil des écoutes que ce disque était potentiellement grand. Si les morceaux d'intro et de clôture sont certainement parmi les meilleures compositions du groupe, l'album forme un tout dont il est difficile d'extraire des parties, chacun des morceaux ayant sa propre logique complémentaire et synergique du reste.
Une musique extrêmement technique, témoignant d'une maîtrise à couper le souffle, tout cela éclipsé par un déballage soudain d'émotions saisissantes de sincérité.


Je n'ai pas coutume d'utiliser ce vocabulaire pour parler d'un album, moi qui donne plus souvent dans le bourrinisme bas-du-front ; mais ce chant lexical ne correspond pas à ce qu'Ulcerate nous offre ici, il faut bien s'adapter.
Je ne vais pas me vautrer davantage dans une sensiblerie qui ne me sied guère et qui ne parlera peut-être pas à ceux qui liront ces lignes ; mais je n'ai pu empêcher ce Stare Into Death... de me toucher pronfondément. Au final, la durée de ce disque n'a clairement aucune importance ; quand le temps suspend son vol.


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Man_Gaut
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le 1 mai 2020

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Man Gaut

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