Adore
7.3
Adore

Album de The Smashing Pumpkins (1998)

Difficile d'enchaîner après "Melon Collie and the infinite sadness", monstrueux double album qui a marqué au fer rouge les années 90. Difficile sauf pour Billy Corgan, bourreau de travail qui enfile les chansons comme DSK les secrétaires. Les Smashing Pumpkins c'est lui, les autres sont là pour beurrer les sandwichs et même si le carré magique Corgan-Chamberlin-D'Arcy-Iha est clairement l'attelage ultime, le groupe a depuis changé de formule autant de fois que Carlos de chemise à fleur, à tel point qu'il ne reste aujourd'hui plus que le Billy en chef du combo original.

Relatif échec critique et commercial en comparaison de son grand frère, "Adore" est pourtant un album qui compte, d'une noirceur indicible et d'une beauté glaçante. S'il aurait gagné à être légèrement épuré de certaines chansons pas inoubliables ("Shame" par exemple, single assez agaçant), le disque marque une volonté pour Corgan de "faire autre chose". L'exclusion du cocaïné Chamberlin est finalement un formidable prétexte pour le groupe qui peut ainsi expérimenter (bon, on est pas non plus chez Radiohead hein), utiliser une boîte à rythme et lorgner avec parcimonie du côté de l'électronique.

Mais la force du groupe, c'est bien évidemment le songwriting fabuleux de Corgan, qui ouvre l'album avec une chanson d'une simplicité et d'une pureté qui laissent pantois. "To Sheila" fonce directement vers les étoiles et son solo de banjo (!) plane en très haute altitude. Si ça c'est un échec, je veux bien être le plus gros loser de tous les temps.

Le premier single, "Ava adore", pointe le bout de son nez et c'est là aussi une réussite. Corgan a le verbe brillant ("in you I see dirty In you I count stars In you I feel so pretty In you I taste god") et le clip magnifique le montre en Nosferatu des temps modernes prêt à pervertir l'industrie du spectacle.

L'album contient son lot de ritournelles parfaitement troussées. "Apples + Oranjes" et "The Tale of Dusty and Pistol Pete" traineront longtemps leurs refrains dans les coins sombres de votre subconscient. "Tear" vous donnera un avant goût de l'enfer et "Pug" est bien saignante avec son beat électronique sans pitié et ses guitares pointues.


Mais bizarrement, c'est lorsque Corgan pose ses fesses devant son piano que ses compositions décollent. "Annie dog" est géniale, portée par un rythme irrésistible et démontre que Billy peut jouer et émouvoir avec n'importe quoi. "Blank page" est un diamant noir, une chanson à écouter lorsque la pluie tombe drue, bien au chaud casque sur les oreilles.
Staircase
7
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le 21 déc. 2011

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