Pilier du rap français, cet album aujourd'hui mythique, enregistré en partie à New York mais imprégné d'un bout à l'autre de la culture asiatique, est effectivement un gros morceau qui fait figure d'intouchable dans les dîners mondains mais qui contient pourtant son lot de titres boulets, voire même embarrassants.

Si IAM fait feu de tout bois sur des instrus en or massif ("la saga", "dangereux"), il nous gratifie aussi de quelques croûtasses qui franchement aujourd'hui donnent envie de se frotter les oreilles contre du verre pilé : "l'empire du coté obscur" qui à l'époque faisait bander les fans de Star Wars avec ses références épaisses et son refrain lourdingue ("la force est noire, noire comme le château, où flotte l'étendard de notre drapeau"... sûrement un coup de Jar Jar Binks) ou le neuneu "nés sous la même étoile" ("pourquoi fortune et infortune", oui tiens, pourquoi).

IAM est en revanche très efficace lorsque le ton est plus léger ("chez le mac", "elle donne son corps avant son nom") ou sur l'excellent "bouger la tête" et ses lyrics inspirés ("c'est intrinsèque mais le sec en basket et casquette n'a pas d'équivalent pour faire bouger la tête"). "Petit frère" est également une réussite, construite comme une fable d'un Jean de La Fontaine enfumé qu'on aurait prié de mixer "la grenouille et le bœuf" avec les images du 20h.

L'album se termine sur "demain c'est loin", titre emblématique du style IAM : lyrics très descriptifs, éventail de bruitages donnant un coté "visuel" au morceau, instru brève et répétitive entièrement au service des paroles. Souvent considérée comme la meilleure chanson du disque (et du groupe), "demain c'est loin" conclue idéalement l'album, même si pour bibi, le sommet de ce projet ambitieux est ailleurs : "l'enfer", solidement calé en 9ème position, tendu comme une arbalète pointée au visage de l'auditeur, sur laquelle Akhenaton et Shuriken sont tranchants, épaulés par feu East et un Fabe toujours carré quand il faut envoyer de la rime fraîche et engagée.
Staircase
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le 20 déc. 2011

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