Pour tout vous dire, je ne suis pas certain de laisser cette critique en ligne. L'avenir le dira. Quoi qu'il en soit, j'ai des scrupules à poster (pour l'instant) la seule critique textuelle du Blueblack Hussar sur cette plateforme car... donner mon avis sur cet album équivaut invariablement à une auto-circoncision au taille-haie rouillé. Et pour cause, je suis un apôtre dévoué de la carrière de Monsieur Fourmi, dont j'aime tous les albums sans exception notable. "Kings of the Wild Frontier" figure dans mon top 10, "Prince Charming" et "Friend or Foe" tournent régulièrement dans mon salon. J'aime beaucoup "Vive le Rock", "Dirk Wears White Sox" et "Wonderful" ; j'apprécie "Strip" et "Manners & Physique", même si je regrette que la production du second soit un tantinet datée. J'ai moi-même repris "Beat My Guest" à mes heures perdues sur scène et j'ai lu "Stand & Deliver", autobiographie fort plaisante de l'intéressé.
Je ne peux néanmoins pas me résoudre à défendre ce nouvel opus, son premier depuis "Wonderful" en... 1995. Adam est depuis passé par une institution psychiatrique avant un long retrait de la vie publique et j'ai bien conscience que l'expérience a nourri ce projet ("Shrink", titre évocateur) mais le résultat est un naufrage quasi-irrécupérable. L'écriture est chaotique, la production est inexistante, le mixage n'est ni fait ni à faire et les performances vocales sont en roue libre, oscillant entre le passable et le pénible. La longueur de l'ensemble (1h10 quasiment !) achève de rendre l'expérience quelque peu traumatisante et on en ressort avec l'impression d'avoir écouté l'intégralité des démos mal dégrossies d'un artiste n'ayant pas fourni une performance professionnelle pendant plus de 15 ans... ce qui est le cas. "Dirty Beast" semble avoir été mal coupée au mixage. La fin de la chanson contient le début d'une toute autre piste, brusquement tranchée avant d'enchaîner sur "Punkyoungirl". Le mixage de "Stay in the Game" et "Hardmentoughblokes" est aussi approximatif que l'exécution vocale d'Adam. "Valentine" est chantée faux pendant presque six minutes. "Darlin' Boy", bien qu'en dessous des trois minutes, demeure à coup sûr l'un des moments les plus douloureux de l'album. Je retiendrai uniquement "Cool Zombie", sympathique single d'ouverture, l'un des trop rares moments où l'on ressent un effort presque appliqué, et "Vince Taylor", qui s'écoute sans déplaisir malgré des vocaux en dents de scie. Si vous êtes comme moi un grand admirateur du bonhomme, épargnez-vous cette sinistre déconvenue et allez plutôt le voir sur scène. Son retour y est bien plus convainquant, comme en témoignent les belles prestations très dynamiques qui circulent abondamment sur Youtube.
https://www.youtube.com/watch?v=6p56NomBzfg

Addendum : J'ai également visionné le documentaire (assez approximatif lui aussi) qui accompagne l'album. Mark Ronson fait une apparition au détour d'une scène dans un bar, et s'avère être un grand fan d'Adam. N'aurait-il pas pu prendre en charge la production de l'album ? A moins que ses tarifs ne soient trop élevés ?

OrpheusJay
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le 5 sept. 2023

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