David Murray Quartet Featuring Sunny Murray, Kahil El'Zabar, Tony Overwater – A Sanctuary Within (1992)


David Murray est un saxophoniste ténor avec une très forte personnalité, à l’heure où la plupart sont partis dans un trip « Coltranien » pour se laisser guider par le maître et apporter son obole au saxophoniste illustre, lui s’en est allé, lors de son premier album, déposer des fleurs aux pieds d’Albert Ayler, avec son magnifique et très free premier essai : « Flowers For Albert ».


Il revendique son influence, ce que fit d’ailleurs John Coltrane en son temps. Le son qu’il sort de son saxophone, avec le temps qui passe, s’est mûri, et ce n’est pas sans surprise qu’on le vit échapper également à l’influence d’un Sonny Rollins pour se rapprocher, comme Archie Shepp, de celle de Ben Webster, saxophoniste à la phrase courte et discontinue se terminant souvent de façon explosive, tout en gardant ce son chaleureux, qui va bien.


Je l’ai vu sur ma chaîne préférée, y’a pas trop longtemps, verser une larme en écoutant le vieux Shepp sortir un bout de son âme par le pavillon de son saxo, c’était déchirant…


Mais retournons à ce magnifique « A Sanctuary Within », où il y a vraiment du beau monde, Sunny Murray déjà, la légende vivante en marche, au style unique, très efficace aux cymbales, qui subjugue ici, et puis une autre légende encore, Kahil El’ Zabar, le percussionniste, magicien des peaux et des tambours, et puis un bassiste, excellent forcément, Tony Overwater qui marche sur l’eau, qui dit mieux ?


Sonny apporte deux compos, le titre d’ouverture « Short and Sweet » et « Most of All », Tony emmène le très beau « Mountain Song » et Kahil « Return of the Lost Tribe » et David Murray signe les cinq compos restantes, et de ce côté, c’est plutôt véritablement réussi, comme « A Sanctuary Within-part II » où le batteur accompagne le percussionniste qui nous joue ici une partition inoubliable.


C’est un album « Black Saint », enregistré en Europe, à Milan, au milieu de décembre quatre-vingt-douze. Tout comme une bonne partie de la discographie de David Murray qui figure sur ce label, même s’il enregistre également aux States. Celui-ci est probablement l’un de ses tous meilleurs, souvent époustouflant, avec un feeling chargé d’une grande émotion. Sans doute est-ce la proximité de ces légendes autour de lui, il faut dire que la discographie du gars est vraiment conséquente, et que pour en extraire un du lot, il faut qu’il soit vraiment hors norme, et c’est le cas.


Soixante-dix minutes au total, plein de bonne zique à raz-bord, vous pouvez vous balader au hasard au fil des neuf titres, vous ne serez pas déçu, surpris sans doute, le temps d’entrer et de goûter, avant de savourer. A signaler que David joue également de la basse clarinette dont il est également un grand spécialiste.

xeres
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le 20 janv. 2023

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