Zoolook
7.3
Zoolook

Album de Jean‐Michel Jarre (1984)

Objectivement, Zoolook est l'album le plus révolutionnaire de Jean-Michel Jarre. Encore aujourd'hui, soit 26 ans après sa parution, il tranche radicalement dans sa discographie, par son avant-gardisme, son jusqu'au-boutisme, son traitement totalement atypique et original de la composition musicale couplée à la technologie.
Repoussant toutes les limites de l'époque, allant plus loin que les génies du temps en la matière - Brian Eno, Peter Gabriel -, mêlant l'approche électronique la plus extrême à une vision world music de son écriture, Jarre décide en effet de réaliser son nouvel album entièrement à base d'échantillonnage. Tous les sons de Zoolook sont des samples, qu'il s'agisse de bruits, de voix, de langues ou de dialectes du monde entier, ou d'instruments de musique. Le compositeur se paie par exemple le luxe d'embaucher Marcus Miller, bassiste de génie, puis de sampler son travail pour le modifier à sa guise et en tirer un résultat différent.


Objectivement, Zoolook est un disque dingue. Dès le son d'ouverture d'"Ethnicolor", cette fascinante voix humaine ralentie et amplifiée (qui me fait au fameux tableau de Munch, Le Cri), on entre dans une dimension parallèle, dont on ne sortira jamais jusqu'au dernier titre, "Ethnicolor II" - le moins intéressant du reste de l'album. Comme si, pour en sortir, il fallait un retour à un univers plus familier, matérialisé ici par un écho de voix humaines réalistes, captées sans doute dans une gare ou un aéroport.
Le voyage, toujours, clef de voûte de tout l'album.


Objectivement, Zoolook est tout ceci, et mérite de ce fait une note élevée.
Pour autant, je ne monterai pas à 10 - et là, bien sûr, c'est totalement subjectif, puisque c'est bien, après tout, le principe de SC.
Zoolook m'impressionne, oui, et réserve quelques grands moments de musique que je me régale toujours à réécouter : "Ethnicolor", l'ouverture massive et majestueuse (sublimée dans la version live du concert à Lyon par l'apport de véritables cuivres et un solo superbe), le funky "Zoolook" et le déglingué "Zoolookologie".
Mais ce n'est pas non plus l'album de Jarre vers lequel je reviens le plus souvent, pas celui dont l'écoute me fait de l'effet à chaque fois. Je n'ai jamais accroché à "Diva", avec les interventions lunaires de Laurie Anderson. "Blah Blah Cafe" m'amuse, c'est tout. J'aime le mystère de "Wooloomooloo", mais il ne me transcende pas.


Musicalement, même si j'en admire la technique et l'inventivité, Zoolook ne m'emporte pas forcément, passées les dernières notes d'"Ethnicolor". Alors, voilà, un petit 9/10 de béotien, pour dire bravo quand même, félicitations du jury, tout ça. Le petit point en moins, je me le garde pour aller le poser ailleurs, sur Chronologie par exemple, un album plus facile sans doute, mais qui me parle davantage.
C'est comme ça, on ne se refait pas.

ElliottSyndrome
9
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le 19 févr. 2020

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ElliottSyndrome

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