Benny Golson – This Is For You, John (1984)


Un album sorti dans sa forme originale en format vinyle japonais, il a depuis connu plusieurs rééditions et remasterisations. Sa première particularité est d’être un hommage à John Coltrane et la seconde c’est d’être constitué d’un duo de saxophonistes ténor, Benny Golson, bien sûr, mais aussi Pharoah Sanders que nous retrouvons avec plaisir, il y a également Cedar Walton au piano, Ron Carter à la basse et Jack Dejohnette à la batterie, vraiment difficile de faire mieux.


Benny Golson possède un petit rôle assez particulier dans le jazz, par exemple, lors de ses concerts il passe presque autant de temps à parler et à raconter des histoires puisées dans l’histoire du jazz, qu’à jouer de la musique. Il faut dire que c’est un conteur hors pair, racontant des anecdotes qu’il a lui-même vécues, ou qui lui ont été racontées de première main. Il n’a pas son pareil pour ressusciter le passé et le faire revivre en mélangeant l’humour et la tendresse.


Ainsi se souvient-il à Philadelphie, alors qu’il était jeune ado en compagnie de son ami John Coltrane qu’il fréquentait alors, en 45, avoir écouté live une version d’« Interlude », pièce qui deviendra plus tard « «Night in Tunisia», dont Charlie Parker était le soliste. Ils s’arrangent pour le rencontrer et lui posent tout un tas de questions, lui proposant même de lui porter son saxo jusqu’au club où il doit jouer le soir même...


Trop jeunes pour pouvoir pénétrer à l’intérieur du club, ils écoutent le concert de l’extérieur et sont extasiés parce qu’ils entendent, suit une période où chacun va se démener pour tenter de rejouer la musique entendue ce soir-là. Benny continue : Un soir, quelques jours après, John Coltrane lui dit : « Benny as-tu réussi à jouer la musique de Bird ? Moi je n’y arrive pas » et je lui répondis « Moi non plus ! »


« Time Past », la cinquième pièce de l’album est sous-titrée « This Is For You, John », c’est une compo de Bennie, la seule qui soit dirigée directement à l’intention de John, les autres le sont également, mais par des voies plus mystérieuses ou indirectes. Bien sûr on entend « Greensleeves » ou « Vilia » que John a interprétées, « Origin » de Pharoah Sanders qui est le seul à l’avoir accompagné de son vivant, présent sur cet album, mais pour les autres titres de Benny, comme « Page 12 », les raisons sont plus obscures et ne sont pas expliquées.


C’est du hard bop très convenu, parfois Pharoah glisse un tout petit peu vers ses premiers penchants mais ça reste vraiment anecdotique, pour le reste tout est évidemment parfait avec de telles sommités, l’album est donc sans défaut ni surprise, tel qu’on l’attendait !

xeres
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le 11 déc. 2022

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