Dans un pays et sur un label où les formations doom pullulent (à en juger par le nombre de courriels que je reçois de Solitude), il y a au moins un groupe de doom funéraire absolument brillant sur l’ensemble de sa discographie jusqu’ici et c’est Abstract Spirit.
Chacun de leurs albums me met à genoux, et ce dernier Theormorphic Defectiveness ne fait pas exception.

Dès le premier morceau éponyme de l’album, on peut contempler l’étendue du savoir-faire des Russes : un riff d’entrée colossal sur un rythme à la lenteur hypnotique, une multitude de sonorités synthétiques avec des nappes de claviers complètement obsédantes et l’arrivée de ce growl ultime à la deuxième minute. Tous les instruments sont mis en valeur, y compris la basse outrageusement saturée que l’on entend distinctement au break vers trois minutes trente du même morceau. Un court interlude survient un peu avant la cinquième minute, spécificité du groupe : une espèce de fanfare funèbre ; rien de jazzy ni de prog là-dedans, juste l’impression qu’ils ont engagé des morts-vivants pour jouer les cuivres.

Avec ce descriptif, vous avez un aperçu de ce qui vous attend si vous osez pénétrer dans l’univers d’Abstract Spirit.
Les riffs sont pour la plupart tout simplement géniaux, entre du gros accord funéraire typique et des trémolos plutôt death metal comme sur le deuxième morceau, tout aussi phénoménal.
On a vraiment affaire à la crème du funéraire, une procession fantomatique d’âmes perdues flottant dans les méandres inextricables de l’Hadès, allant de visions d’horreur à apparitions cauchemardesques.

La reprise de Skepticism en fin de disque est pertinente, plus lourde que l’originale (qui figure sur leur dernier album Alloy). L’emphase sur les parties d’orgue et les divers ajouts apportent un surcroît de « funérarité » au morceau. Peut-être un peu moins poignante que l’originale sur ce pont mélodique en milieu morceau, mais ça reste du bon travail.

Abstract Spirit est désormais bien installé parmi l’élite du doom funéraire, proposant à chaque album des compositions toujours plus poussées dans les ambiances horrifiques et funèbres avec ce génie des arrangements et de réalisation qui rend leurs morceaux parfaitement digestes et passionnants malgré leur longue durée.
Possiblement le meilleur album doom funéraire de l’année.
Man_Gaut
9
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le 5 oct. 2014

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Man Gaut

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