Sinéad O’Connor a commencé sa carrière à l’âge de 16 ans : elle fugue d’un pensionnat après deux années de maison de redressement pour intégrer son premier groupe. A 13 ans, elle s’était déjà sauvée de chez elle avec frères et sœur pour fuir les coups d’une mère folle sadique. Maltraitance, torture physique et morale : la musique fut son refuge, le chant son arme de combat. Sa foi en la vie a tenu à ça, ainsi qu’à une foi spirituelle extrêmement présente dans son œuvre qui fourmille de références bibliques. On est en Irlande, pays théocratique s’il en est. Pays du mystère, de la fierté, de la souffrance aussi. Les six premiers albums (de The lion and the cobra en 1987 à Faith and courage en 2000) de notre pasionaria sont empreints des douleurs de son histoire personnelle. Exutoires logiques et nécessaires.

Mais Sinéad porte aussi en elle toutes les douleurs du monde, toutes ces croix qu’elle voudrait, rendre plus légères à l’humanité :
« Tout ce que vous faites aux plus petits de mes frères, c’est à moi que vous le faites. »


Et puis, en 2002, Sinéad réussit enfin à mener à bien un projet qui lui tenait à cœur depuis toujours. Dans « Sean-nos nua », elle interprète une série de chansons traditionnelles irlandaises. Avec une émotion, une justesse et une intensité bouleversantes. Mais surtout, c’est la première fois qu’elle est en mesure de raconter des histoires sans référence intime : telle un médium, elle se met simplement au service de l’auteur de la chanson (mort depuis un bail, bien souvent) pour qu’il s’exprime à travers elle.


On va maintenant pouvoir se plonger dans ce « She who dwells… » (vous ne m’en voudrez pas si j’abrège …) qui fonctionne en deux temps bien distincts :
d’abord une série de morceaux inédits, démos, faces B et collaborations diverses,
et ensuite un concert enregistré lors de sa mythique tournée 2002/2003.
Deux disques tout à fait indépendants, à aborder et à savourer comme tels.


Quelques petits bijoux sortent de la première boîte où règne un joyeux mélange pas toujours très cohérent, mais très significatif de l’œuvre de l’artiste . Du a capella recueilli au country, du tempo reggae à un surprenant Chiquitita empreinté à …Abba ( ? !), c’est une très plaisante boule à facettes à la sauce irlandaise à laquelle on a droit.


Mais curieusement et contre toute attente, c’est dans la deuxième boîte qu’on trouvera les joyaux, versions en public de chansons extraites majoritairement de Sean-nos nua, mais aussi un Nothing compares 2 U (son seul hit, écrit par Prince en 1990) à tomber par terre, un John I love you formidable, un Fire on Babylon extraordinaire…Une intense émotion du début à la fin. Sinead O’Connor chante . Authentique, profonde, la pureté de son âme, la force de sa voix chamboulent. La splendeur des mélodies et des arrangements impressionnent. Le cœur se presse, l’esprit s’élève, on communie. C’est beau, c’est fort, c’est Sinéad O’Connor.

RolandCaduf
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le 19 mai 2021

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