La musique de Philip Glass n'en finit pas de me fasciner. La découverte de son Concerto pour Violon fut pour moi un choc. Voilà enfin pour moi, romantique dans l'âme, une oeuvre contemporaine d'une hallucinante richesse mélodique, à laquelle je succombais corps et âme. Car est-ce bien utile de préciser que je me suis vraiment senti paumé dans ce 20 ème siècle submergé par la musique sérielle et atonale.


Coloré, d'une bouillonnante plénitude, ce concerto est une ode majestueuse à la vie, à ses puissances, à son mystère. Une oeuvre chaleureuse et foisonnante, qui me réconciliait définitivement avec la musique contemporaine.... Au diable les Ligeti, Schönberg, Webern et consorts.... !!


Le coup de foudre s'est naturellement prolongé quand je me suis mis à explorer la palette musicale du compositeur. Ce qui m'a d'emblée séduit chez Philip Glass, c'est son éclectisme, sa capacité à abolir les frontières et à prôner le mélange des genres, à inclure dans ses oeuvres des éléments musicaux qui n'ont rien à voir avec la musique dite proprement "classique". Ainsi de sa fascination pour la musique indienne, naquit une fructueuse collaboration avec le sitariste indien Ravi Shankar.


De l'Inde, il en est justement question dans Satyagraha, opéra crée en 1980, juste après le tonitruant et révolutionnaire Einstein on the beach, qui valut à Philip Glass, gloire, estime et succès foudroyant. Il pouvait enfin se départir de ses petits boulots de plombier et de chauffeur de taxi, pour se consacrer exclusivement à la création artistique !
Deuxième volet de sa trilogie, forme que l'auteur affectionne tout particulièrement, Satyagraha s'intéresse à l'emblématique figure du Mahatma Gandhi, et de sa légendaire philosophie de la résistance non violente. Le terme de Satyagraha est inventé par Gandhi lui-même. De satya (vérité, amour) et agraha (fermeté et force) Gandhi réussit à définir toute l'essence de sa philosophie : Satyagraha, ou la Force née de la Vérité et de l'Amour, ou non-violence.


Entièrement écrit en sanscrit, l'opéra renoue avec ses codes traditionnels. Aria, duo, trio, constituent l'épine dorsale d'une oeuvre profondément lyrique.
Satyagraha n'est pas une biographie à proprement parlé de Ghandi, l'opéra s'articule autour de trois personnages nouant des liens étroits avec la philosophie de la résistance non-violente. Le premier acte de l'opéra se concentre sur l'écrivain russe Léon Tolstoï, avec lequel Gandhi tiendra une courte et spirituelle correspondance. Le poète mystique et romancier indien, Rabindranath Tagor, constitue la trame du deuxième acte. Et Martin Luther King Jr, pour le mouvement des droits civiques qu'il conduit aux Etats-Unis au cours des années 60, clôt le troisième et dernier acte.
Éminemment spirituel, Satyagraha me fascine, mais ce qu'il en ressort finalement, c'est un incroyable sentiment de paix et de sérénité. À l'image de Gandhi lui-même...

Qhermite
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le 4 juil. 2019

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