Le mal nommé

À ce stade, j'ai écrit trois critiques en tout sur senscritique.com et je m'aperçois avec dépit qu'elles commencent toutes par "dès le début du disque" ou quelque chose d'approchant. Ça tombe bien, parce que celui-ci m'a agacé et que je n'ai aucune envie d'en faire une analyse cursive.

Sans entrer dans le détail, "Remué" est un disque plutôt pénible, aux textes dépressifs, répétitifs et même malsains ("Pères", un morceau inquiétant quand on sait qu'il a eu son premier enfant dans ces mêmes eaux). L'album s'ouvre sur une agression auditive par des guitares réglées pour écorcher les tympans (note à celui qui a déjà décidé de décrocher à ce moment-là : j'adore Pavement et Sonic Youth. Merci.), pourquoi pas s'il y a matière derrière à soutenir un postulat indie classique, et le problème c'est qu'à part "Je suis une ville", on se paume assez rapidement dans un disque monochrome et monotone, qui ne recèle pas l'enthousiasme doux-amer de ses premiers albums. J'ai vaguement entendu des relents de vieilles musiques de film, de Tom Waits et de PJ Harvey avant de m'apercevoir vers "Rien qu'à voir" que je n'écoutais presque plus ce qui se passait. Mauvais choix pour se replonger dans le bain : sur "Retrouvailles", Dominique A en oublie même le sens de la mélodie, et c'est dans la douleur qu'on aboutit à la fin d'un disque qu'il n'avait manifestement pas envie d'enregistrer.

"Remué" est un disque à oublier, pas remuant pour deux sous, et un nouveau témoignage, après "Si je connais Harry", de l'inconstance d'un artiste capable du génie comme de l'anecdotique.