S'il connaissait vraiment Harry, il aurait fait un meilleur disque.

Dès le début de "Si je connais Harry" (qu'est-ce que c'est que ce titre ?), on est dépaysé par rapport à "La Fossette". Fini le chalet enneigé du premier album, place à "la ville silencieuse" (et encore, c'est un mensonge, l'album ayant été enregistré sensiblement dans les mêmes conditions que le premier). S'étant trouvé une complice, Françoiz Breut, pour faire les chœurs sur cette nouvelle aventure, Dominique A s'éloigne donc de son registre intimiste pour se lancer dans une description sociale plus globale. Pourquoi pas. S'il s'est montré assez doué pour raconter ce qu'il ressent, on peut toutefois s'inquiéter de savoir s'il saura faire de même pour parler des voisins. Malheureusement, il s'avère assez rapidement que ce n'est pas le cas.

Les textes des chansons n'ont souvent rien d'exceptionnel, le chanteur compense en enrichissant l'instrumentation (moins d'électronique, plus de guitares) et en rallongeant les morceaux par rapport à "La Fossette" pour donner de l'air à la musique, bonne idée mais qui se retourne contre lui pour cet album, les textes étant trop faibles pour porter une musique surdimensionnée en comparaison. Entre historiettes apparemment bâclée ("Le Gros Boris") et platitudes diverses ("Chiqué chiqué"), le bilan est assez navrant, d'autant plus qu'il y a même une chanson très mauvaise sur le disque ("Pignolo sur sa barquette" ? Sans déconner ?). Heureusement, on est sauvé du naufrage par l'amusante saynète "Un ménage", qui marie un bon texte (espèce rare ici) et une mélodie tropicale entraînante, le meilleur morceau de l'album, qui semble avoir été placé là pour faire oublier "Pignolo" qui le précède. Comme j'y mets de la mauvaise volonté, je crie à l'entourloupe.

"Si je connais Harry" est un album bâclé, plus ambitieux que "La Fossette", mais au final moins réussi, ayant perdu son âme en cours de route, le comble pour un artiste qui refusait de fréquenter les studios d'enregistrement afin d'éviter pareille mésaventure.