Originul
6.1
Originul

Album de Cadillac (2018)

Trip Horrifique et Horrifié (Où comment chaque chanson montre la mort et l'humain)

Cette critique fut postée le 20 Novembre 2018, et est, à mon sens, incomplète et partielle, j'explique que peu pourquoi j'aime cet album, et je n'en fais pas une analyse poussée pour comprendre pourquoi je l'aime autant. Ainsi, à la fin de cette chronique, vient une deuxième chronique beaucoup plus proche de ce que je veux faire en termes de critiques musicales. J'ai laissé la chronique précédent simplement par ce que je ne veux pas la supprimer définitivement, elle est là, elle existe, et je vais pas la retirer.


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Je dois vous l'avouer, j'étais salement Hypé. Le petit jeu de piste pour trouver la chaîne youtube de cadillac, les quelques dates de concerts, l'effervescence sur l'ASFH... Bref, le train de la hype était lancé. Et la, venu de nul part, un titre mystérieux, annonçant une date et un titre. Aka. Une succession de rimes en "llac" ou "yak" c'est selon. Un titre bordélique, confus, mais qui pose les bases de ce qui sera Originul, un gros bordel, bordel ordonné, mais gros bordel.


Vient quelques jours plus tard le premier vrai clip "Game Over". Lorsque le titre est sorti, j'ai été confiant. C'est bon, Cadillac prouve qu'il est bon, qu'il à des choses à dire, qu'il sait ce qu'il fait. Je pense ne pas être très objectif sur ce titre, j'ai du le rejouer une cinquantaine de fois tellement je l'ai aimé.


C'est bon, j'ai précommander l'album. Le 16 novembre, le colis FNAC arrive, je rentre des cours. Je regarde la Tracklist. 21 titre dont 1 de 25 minutes ! Mais c'est (wait for it) INTERMINABLE! Bon, passons cette surprise et lançons l'album. Je retrouve les deux premiers titres sorti sur Internet et Voici les vrais nouveautés. Débile m'a complètement retourné, des couplets (un peu court) de Mc.Salo et King Ju (que l'on retrouve dans égo slave). Et déjà, on retrouve la marque de fabrique de Cadillac, des jeux de mots, du rythme, des synthés...


Je vais pas faire chaque chanson dans la critique, ce serait long et INTERMINABLE (désolé) donc passons aux quelques titres qui m'intéressent.


Coca Cola est juste complètement... Indescriptible. Dissonant mais en étant écoutable, tellement drôle mais en même temps, on me dit que il y à un sous texte, mais pour l'instant... Bah j'ai rien trouvé. Je me suis juste marré. D'ailleurs, sur Sens Critique, pourquoi vous dites pas bonjour ? BOOOOONJOUUUUUR!


L'umour fou propose un texte empli de jeux de mots très croustillant et intéressant, mais en même temps au final très mélancoliques. Toujours dissonant dans son instrumentalisation, mais cette dissonance offre une certaine cohérence à l'album. Donc, l'umour fou, j'hume.


Je passe vite sur Limaces et Fer qui sont sympa, si on aime bien les trips un peu horrifiques et incompréhensible.
Vient ensuite mécanique, qui est vraiment très très bien, bande de fils de fils unique.


En fait, je suis pas très objectif, si vous aimez les textes empli de jeux de mots, les instrus un peu techno, c'est pour vous.
PAR CONTRE ! Il faut bien vous dire que l'album n'a rien à voir avec Stupeflip, ne cherchez pas ici la suite de Stupeflip. Bref, je ne peux que vous le conseiller! Sur ce, je retourne à mon Originulité.


(Je m'excuse pour ce flot de mauvaise blague et de références)



Ajout :



Après relecture de cette critique qui à au moins deux ans, je me dois de revenir sur certains points. Entre temps, j'ai muri, vécu d'autres expériences, affiné mon esprit critique, et j'ai décidé de développer un peu plus sur le pourquoi du comment j'aime cet album. La critique si dessus ne plait plus du tout, mais je vais la garder, par simple convenance.


Chaque chanson dans cet album montre pour moi, plus où moins la mort, l'humain, dans un style d'écriture qui est soit totalement absurde, décalé par rapport à ce que l'on attend habituellement, soit emplie de poésie et de métaphores qui sont, je pense, brillamment écrite. Même si la construction de l'album semble un peu décousues, je pense que les interludes ne sont pas là pour faire du simple remplissage, elles ont un but, un but structurel permettant de découper plus "digestement" l'album, et surtout d'englober des morceaux pouvant être relativement semblables.


La première triade : Game Over, Aka, Débile. C'est vraiment, je pense, les trois "tubes" de Cadillac, avec lesquels ont à un bon aperçu du reste de l'album. Game Over est une fantastique introduction, qui permet de bien comprendre les thèmes abordés dans l'album et surtout le style musical de Cadillac, un style un peu électro, avec parfois quelques sonorités un peu étranges, des basses bien, mais alors, très bien foutues, et des refrains accrocheurs, et parfois un peu vénères. Aka montre alors l'autre face, celle qui désarçonne, qui nous prend à revers: dissonance, hurlements et autres joyeuseté seront de la partie. On peut ne pas aimer, alors là, je comprends parfaitement, et c'est justement ce qui fait que pour moi, Cadillac est intéressant: c'est différent, en bien j'entends, mais reste écoutable, parce que ouais, y'a du boulot derrière. La preuve du boulot: Débile (cette basse non mais HO!), avec des paroles construites autour d'un thème commun, l'absurdité, dite de manière frontale, mais qui est visible vraiment partout. D'aucun va fumer une cigarette en disant qu'il va prendre l'air, d'autres qui vont boire de l'alcool et prendre le volant (ceux là sont particulièrement débiles), etc.


Vient ensuite la deuxième partie qui n'est composée que d'une seule chanson: ZOO. Alors là, c'est un mix des trois, ce qui est bien. Le fait qu'elle soit entre deux interludes la détache vraiment des chansons d'avant et d'après, la rendant presque à part : elle est la combinaison des trois précédentes et annonce la suite, une sorte de transition entre un début plutôt enjoué et étrange, avec une suite beaucoup plus... Particulière? ZOO c'est clairement les refrains de Game Over, l'instru d'AKA et les couplets de Débile, rendant la chose particulièrement plaisante.


Vient ensuite Coca-Cola et l'Umour Fou, deux titres extrêmement différents, où l'on voit se dessiner les deux thèmes de l'album: les relations humaines et l'acceptation de la perte, de la mort. Coca Cola vient, dans un rythme endiablé, très techno, fait pour danser (en concert je pense que ça devait être une tuerie), et surtout le pont avec l'histoire du bonjour, qui montre comme ce simple bonjour peut créer des liens sociaux, ou passer inaperçu dans une situation pas vraiment confortable. Je renvoie cependant à la page Genius qui voit dans la chanson une critique du Coca Cola aussi... Enfin, l'umour fou, premier morceau un peu "calme" de l'album. Enfin, calme, relativement, parce que le rythme est toujours très endiablé, on est vraiment sur un album épuisant physiquement, rapide, et les interludes sont là aussi, pour marquer ces temps d'arrêts. Umour Fou, qui est aussi bien écrite dans un absurde que j'aime énormément, amène habilement les thèmes de la mort et du deuil au sein d'un couple, de la rupture difficile à vivre. Chanson qui, si elle était plus douce, avec un vrai slow, aurait, selon mon point de vue, plus d'impact, et le fait que Cadillac est fait ce choix de proposer une musique plus péchue est gagnant, on ne tombe pas dans une mièvrerie que l'on aurait pu écouter maintes et maintes fois.


Vient enfin trois autres titres : C Guignol, Limaces et Fer. Alors, C Guignol propose quelque chose que l'on a pu voir dans l'album: c'est méchant, c'est violent, une ligne de basse qui défonce, démontre l'hypocrisie des relations humaines (clairement une attaque envers les Enfoirés) avec une structure sans refrain, ce que j'aime particulièrement. Limaces et Fer sont pour moi les deux plus grands représentants de ce que j'appelle l'humain dans l'album. Bon, déjà, les deux morceaux sont fou, vraiment, ils font presque peur. Le premier montre clairement la folie, les réactions disproportionnées, peut être même une métaphore sur l'hopital psychiatrique de Cadillac. Limaces c'est, étrangement, pour moi, le point d'orgue de la première partie de l'album (la deuxième intervient après Fer), le trip ultime d'une vision horrifiée. Fer, c'est une parenthèse qui reprend les codes de Limaces (dans l'instru j'entends) et qui propose possiblement une reflection sur l'aliénation des gens, qui doivent, et bah Faire, tout le temps, toujours, avec beaucoup de jeux de mots hein. Tout le temps, faire des trucs, des choses, peu importe, tout le temps. Et la musique est juste géniale je trouve, cette basse bon dieu.


Viennent ensuite Arkboot et Mécanique. L'interlude montre direct l'approche plus mélancolique de la fin de l'album. Arkboot en lice, toujours ces sons étranges que l'on peut entendre dans Limaces et Fer, mais avec des paroles plus tristes, la peur de se dévoiler, traduite parfaitement bien par les paroles de Salo, cachant sa tristesse dans l'alcool, les paroles en Anglais montrent aussi cette tristesse lancinante. Robinet, c'est les larmes qui coulent. D'ailleurs, j'ai toujours entendu "Tu t'enfuis, roupiller", je pense que la confusion sonore est voulue: soit tu pleure, soit tu te cache dans ton sommeil, comme voudrait le faire une personne en dépression, qui vient de perdre quelqu'un par exemple.
Mécanique remet un peu de joie (c'est vite dit), avec une basse, encore une fois, géniale (comment il fait?), et des paroles vraiment plus centrées sur les relations humaines, la violence en général, des paroles étrangement très explicites et, vraiment, sans ambiguïté, c'est du textuel, pas de sous texte, et ça fait du bien, c'est vraiment très bien dosé. Je pense que c'est l'adjectif que j'utiliserais pour expliquer cet album : dosé, avec le sens de la mesure, vraiment.


Vient ensuite la Quatuor final: Ego Slave, Rétroviseur, SPDC, et X. Alors là, c'est clairement un festival de changement d'ambiance. Ego Slave reprend encore les codes de mécaniques: un texte simple qui va droit au but, mais là où il est intéressant réside surtout dans les textes de Cadillac. Le langage est simpliste, enfantin même, pour bien faire comprendre à l'interlocuteur qu'il est complètement con.
Rétroviseur est le pendant plus nostalgique de Game Over, toute la chanson est une métaphore de la mort, dans une idée très synthwave. Note: c'est le seul morceau qui n'est pas avec un semblant de dissonance, ou tout est dans l'harmonie, calme, propre et serein, où les angoisses face à la mort sont montrées parfaitement.


SPDC... J'ai pas compris. Vraiment, j'ai pas compris. C'est une déclaration d'amour? De la perte? Je sais pas, j'arrive pas à comprendre.


X : Alors, c'est le morceau qui fait chier, parce qu'il est long, et ressemble plus à une blague légère faite par Cadillac qu'à un morceau ayant un vrai sous-texte, mais qui en plus, ce permet d'avoir une introduction absolument géniale dans un mix de synthé, de voix distordues et réverbérées au possible, et qui finit par une compilation de rimes, même si c'est super sympa à entendre. Sauf les 25 Minutes finales. C'est interminable.


Pour moi, l'album possède vraiment quelque chose en plus, il est, au delà de l’expérimental, il va puiser dans un réel très concret pour l'étendre avec des sonorités toutes plus étranges et dissonantes les unes que les autres. C'est une dissonances qui à du sens: il veut nous faire mal, nous faire comprendre que ça va mal, et va loin, très, très loin, c'est pas un album à mettre entre toutes les mains, mais une fois tombés, la chute peut être soit excellente, soit douloureuse si on y reste hermétique. J'attends, avec impatience, son deuxième album.

Zoan
10
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Créée

le 20 nov. 2018

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