Mal Waldron / Jean-Jacques Avenel / Steve Lacy – One More Time (2002)


Mal Waldron fait partie de mes pianistes préférés, juste un géant avec l’envergure des plus grands. Ici il est accompagné par deux autres pointures, Jean-Jacques Avenel, l’un des meilleurs contrebassistes français, sur cet instrument il ne manque pas, en France, de très grands spécialistes, il y a également un autre fidèle de Mal Waldron, Steve Lacy au saxophone soprano, l’un des tous meilleurs praticiens mondiaux, si ce n'est le numéro un. L’album est enregistré à Pernes les Fontaines, gage d’une très grande qualité et d’une belle clarté dans la prise de son.


Ça commence très, très fort avec une pièce au piano solo, « All Alone », interprétée avec une grande sensibilité par Mal Waldron qui nous offre une pépite, toute en sensibilité, délicatesse, attente voulue pendant laquelle le temps est suspendu. (Malheureusement chef d’œuvre absent sur youtube)


Pour le second, Jean-Jacques Avenel rejoint Mal et les deux improvisent autour d’un thème qu’ils cosignent, « Rites Of Initiation », une pièce vive et spontanée. Pour la troisième pièce, c’est Steve Lacy qui se joint au duo, pour interpréter le magnifique hommage à Jean-Jacques Avenel composé par Mal Waldron « Blues For JJ’s Bass », on ne saurait être plus clair pour mesurer l’estime que Mal porte envers son bassiste.


Le titre suivant fait partie des morceaux « repères » pour les complices Mal Waldron et Steve Lacy. Cette pièce fait partie des incontournables qu’ils jouent à chaque concert, il faut dire que le thème est très beau, « The Seagulls Of Kristiansund » est cependant interprété cette fois-ci en duo avec le bassiste qui nous démontre à nouveau son savoir-faire. Et Steve Lacy me direz-vous ? Si son nom apparaît en plus petit c’est tout simplement parce qu’il n’intervient que deux fois sur cet album.


La pièce suivante « Waltz For Marianne » est à nouveau jouée en duo, le lyrisme du pianiste est toujours vibrant, le classant du côté de ces pianistes économes qui jouent toujours la juste note, celle qui envoie vers le cœur. « In The Land Of Clusters » est interprétée au piano solo, on sait que Cecil Taylor est un adepte des « clusters », écrasant très souvent de multiples notes en même temps en utilisant différentes parties de son corps, ici Mal envoie un petit geste vers l’avant-garde et montre que lui aussi, il sait faire, mais sans rechercher la force où la puissance, ni le bruit ou le tumulte, juste une dissonance pesée ou mesurée, avec cette classe qu’on lui connaît.


« Soul Eyes » qui finit l’album au son du trio, est désormais devenu un standard, qu’il écrivit en mille neuf cent cinquante-sept pour John Coltrane, c’est sans doute le plus repris de son répertoire, il en existe des centaines de versions et celle-ci est probablement une des plus belles.


C’est que cet album est un peu spécial, il intervient à la fin de la vie de Mal Waldron, enregistré les vingt-neuf et trente janvier de l’année deux mille deux, déjà malade. Il enregistrera quelques jours plus tard l’album « Left Alone Revisited », en duo avec Archie Shepp, qui sera son dernier enregistrement. Il ne verra pas l’année deux mille trois, c’était un grand fumeur, c’est la raison pour laquelle il n’allait plus très souvent jouer aux Etats-Unis, car là-bas les clubs étaient devenus non-fumeurs. C’est ainsi que sa vie est partie, en fumée...

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le 17 janv. 2023

Modifiée

le 17 janv. 2023

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