Bill Connors – Of Mist And Melting (1978)
Voici un autre album ECM, celui-ci de la seconde partie des années soixante-dix, signé par Bill Connors. Il s’est fait connaître dans la formation « Return To Forever » dirigée par Chick Corea, plus particulièrement pour l’album « Hymn of The Seventh Galaxy » de soixante-treize, où il s’est avéré excellent et très inspiré.
Le voici quelques années plus tard à la tête d’un magnifique quartet, bien entendu il joue de la guitare, il est entouré par le saxophoniste peut-être le plus emblématique du catalogue ECM de cette époque, Jan Garbarek lui-même, le raffiné Gary Peacock est à la basse et l’extraordinaire Jack DeJohnette à la batterie, une rythmique de premier ordre associée à deux feux follets mélangeants le chaud et le froid.
Je pense que l’on pourrait qualifier cet album de « classique » ECM, il représente cette touche un peu froide qui a longtemps été l’image du label, car derrière se cache la pureté cristalline du son, une définition, rare à l’époque, du moindre détail sonore, jusqu’à l’écho finissant du moindre tintement d’une clochette. A l’époque cette « perfection » du son subjuguait et tranchait avec ce qui était connu. On ne trouvait de tels raffinements dans les détails que sur certains enregistrements nippons.
A l’écoute de cet album les sensations remontent, certes nous sommes aujourd’hui habitués, et bien d’autres labels sont capables de restituer cette même qualité, mais la présence de Jan Garbarek est également importante, il fut même un temps déprécié, car il symbolisait à lui seul le froid et la glace, ce qui est bien sûr injuste, adulé avant d'être brûlé, son simple nom pouvait déclencher l’achat chez les aficionados, sa personnalité et son jeu typé, très reconnaissable, est pourtant de qualité, et même chaleureux lors de quelques embardées comme sur « Cafe Vue » par exemple.
Bill Connors est lui aussi fantastique, son jeu est ici acoustique, subtil et inventif, partenaire habile du saxophoniste, il le stimule avec habileté, plus dans la recherche du son juste que dans la virtuosité, il délivre une copie parfaite. Gary Peacock est incroyable, toujours la note qui va, mais celui qui s’éclate ici c’est Jack DeJohnette, d’une perfection redoutable.
Une musique éthérée, liquide, celle des aurores boréales…