Oceanic
7.1
Oceanic

Album de Vangelis (1996)

Oceanic est un album que l'on aurait tendance à qualifier de mineur dans l'oeuvre pléthorique de Vangelis. C'est plutôt vrai, encore faut-il essayer de comprendre pourquoi.


Tout d'abord, il survient en 1996, un an à peine après un Voices parfaitement spectaculaire (auquel Oceanic emprunte ses teintes de bleu sur sa pochette), et quatre ans après 1492, la B.O. phénoménale du film de Ridley Scott sur Christophe Colomb, l'une des oeuvres les plus puissantes et abouties du compositeur grec.
Forcément, passer après ces deux engins, c'est tout sauf flatteur.


Par ailleurs, l'album lui-même, plus sobre et discret que ses deux illustres prédécesseurs, appelle naturellement un jugement mesuré.
En effet, si "Bon voyage", le morceau introductif, laisse imaginer que nous entrons dans l'une de ces oeuvres emphatiques et lyriques dont Vangelis a le secret, la suite s'avère beaucoup plus tranquille. Le compositeur déroule une sorte de new age paisible, rythmée par le bruit des vagues - c'est ce qui s'appelle assumer le thème de son oeuvre, annoncé clairement par son titre et par le visuel kitschouille de la pochette.


Vangelis s'était déjà essayé à ce genre de musique lente et tranquille, mais c'était par intermittence. Dans Voices, par exemple. Cette fois, c'est tout l'album qui adopte cette couleur. Avec des hauts et des bas, mais tout de même quelques jolies choses à écouter.


Je conseille de s'arrêter surtout au cœur de l'album, qui court de "Islands of the Orient" à "Aquatic Dance". Deux longs morceaux de plus de sept minutes, répétitifs, construits sur des séquences qui tournent en boucle et servent de supports à nombre de jolis sons et mélodies. Le tout, très évocateur du thème aquatique de l'album, on a l'impression d'être immergé en plein mer, de nager au ralenti au milieu des bulles, des poissons et des champs de coraux.
Appuyé sur une ligne percussive certes légère mais présente, et un rythme un peu plus pointu, "Aquatic Dance" vient ponctuer ce quart d'heure onirique d'une ritournelle très vangelisienne, du plus bel effet.


J'ajouterai à ce trio "Song of the Seas", le joli final avec ses faux airs lointains de "L'Enfant", l'un des thèmes les plus marquants de Vangelis (à retrouver dans Opéra Sauvage).


Pour le reste, "Sirens' Whispering" ressemble un peu trop à "Echoes" (Voices), en plus mou. "Dreams of Surf" n'a d'intérêt que de fournir une transition reposante entre cette longue balade entre les sirènes et le titre le plus enlevé de l'album, "Spanish Harbour", avec sa ligne de batterie électronique bien sèche et son solo de guitare (joué au clavier, bien sûr), certes virtuose, mais d'un goût assez douteux au bout du compte.


Quant à "Memories of Blue", si son objectif est d'envoyer un clin d’œil à son illustre cousin "Memories of Green" (qui apparaît en premier dans le méconnu See You Later, avant d'être popularisé par son utilisation dans Blade Runner), c'est plutôt raté. Le morceau n'est pas désagréable, mais il est loin du romantisme bizarre et désaccordé de son modèle.


Lorgnant d'un point de vue sonore et musical du côté de The City, voire de Direct, Oceanic s'écoute sans problème, voire avec un certain plaisir quand on aime Vangelis. Un peu comme un plaisir coupable néanmoins, né du souvenir de ses meilleurs travaux dont il n'est qu'une pâle copie.

ElliottSyndrome
6
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le 3 nov. 2020

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ElliottSyndrome

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