Pur produit de l’underground britannique, Abyssal sort ici son deuxième album de manière indépendante.


Cette mystérieuse entité avait déjà à son actif un premier album très convaincant, Denouement, qui nous proposait un blackened death metal ambitieux et assez ambiancé.


Avec ce Novit Enim Dominus Qui Sunt Eius, ils ont atteint un tout autre niveau : les bases death metal demeurent, mais les colorations doom assez discrètes sur le premier album sont ici davantage mises en avant. La production est plus puissante, plus imposante, plus équilibrée avec une bonne dose de réverbération qui accentue la lourdeur et le côté sinistre de la musique.
Le titre de l’album fait référence à une phrase qui aurait été prononcée par le légat pontifical Arnaud Amaury au treizième siècle lors du sac de Béziers aux soldats qui lui demandaient comment distinguer les cathares des « bons chrétiens » et qui signifie « [Tuez-les tous !] Dieu reconnaîtra les siens ».
Il pourrait s’agir d’un album concept avec pour thème les exactions perpétrées au nom de Dieu par les Chrétiens.


Le riffing évoque immédiatement du Portal, mais Abyssal s’est approprié cette dissonance de plus en plus répandue pour un rendu assez personnel souvent à la limite du sludge, oppressant et rampant à un stade rarement atteint. Les mélodies assez fines de Denouement ont cédé le pas à une musique plus bruitiste, dense et chaotique ; ce à l’exception du magnifique The Last King, qui clôt l’album sur une note plus mélancolique et nostalgique.
Le vocaliste, au chant guttural sourd et profond, semble venir de l’Au-delà et ses interventions sont souvent brèves sur des morceaux dont la durée oscille entre trois et huit minutes pour la plupart.
Le batteur mérite aussi d’être mentionné et s’autorise des effets de style comme le passage jazzy au milieu de As Paupers Safeguard Magnates.
Les divers interludes dark ambient qui ont été ajoutés renforcent encore le malaise que provoque immanquablement l’écoute de ce disque de presque une heure. Et le graphisme signé Chimère Noire colle parfaitement aux atmosphères développées.
L’instrumental Created Sick… est sans doute leur création la plus repoussante, avec de fortes réminiscences de Morbid Angel sur les doom tempos et un côté martial très bien amené.


A la réécoute, Denouement m’a paru beaucoup plus léger et moins dense en comparaison. Encore un de ces albums exigeant mais ô combien obsédant une fois assimilé. Une vraie trouvaille en ce qui me concerne, pour un groupe qui vient de confirmer son énorme potentiel et mériterait sa place sur le devant de la scène.


Retrouvez cette chronique sur le webzine auxportesdumetal.com

Man_Gaut
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 8 nov. 2015

Critique lue 91 fois

1 j'aime

Man Gaut

Écrit par

Critique lue 91 fois

1

Du même critique

Stare Into Death and Be Still
Man_Gaut
9

"Drawn Into The Next Void"

Ayant négligé lâchement leur album de 2016, sans doute par paresse intellectuelle, j'étais pour autant resté sur une excellente impression d'Ulcerate avec le duo incontournable Destroyers Of...

le 1 mai 2020

11 j'aime

3

Exuvia
Man_Gaut
9

"Towards Malkia"

Depuis la sortie de Blood Vaults, j'ai eu l'occasion de voir le groupe d'Alexander von Meilenwald en concert et The Ruins Of Beverast (TROB) s'avère particulièrement brillant dans l'exercice, les...

le 22 oct. 2017

9 j'aime

5

Cursus Impasse: The Pendlomic Vows
Man_Gaut
9

"The Apocryphalic Wick"

Ces gros tarés de Howls Of Ebb ont encore pondu une aberration musicale cette année… pour notre plus grand plaisir. C’est un groupe que je suis ravi d’avoir découvert avec sa première sortie, déjà...

le 24 juin 2016

9 j'aime

2