Dès que je l'ai vu pour la première fois sur un plateau de télé (chez Ruquier en l’occurrence), j'ai eu envie de défendre ce petit être fragile, balbutiante, pas sûre d'elle, à tendance dépressive. D'autant plus qu'elle s'en prend constamment plein la gueule pour pas un rond sur le net, comme toute personnalité qui sort un peu du rang lisse et fermé, d'une prétendue normalité psychologique que l'on se doit d'avoir lorsque notre personnalité devient médiatique. Mais bon, ce bashing est typique de notre ère Internet, où l'on peut insulter gratuitement derrière un faux compte pour combler le vide de notre existence, bashing encore plus important lorsque la réussite vient de notre propre pays. Parce que, qu'est-ce qu'on reproche en fait à la demoiselle ? D'avoir fait les bonnes rencontres aux bons moments ? On se refait un listing de toutes les grandes formations qui sont devenues ce qu'elles sont par leurs rencontres ? Okay ?

Bon, l'album maintenant. Ce qui est impressionnant, c'est toujours cette différence entre la personnalité publique et celle exubérante, excentrique, survoltée que l'on peut retrouver sur ce "My dreams dictate the reality". Quand je suis tombé sur "Who wears the Pants", j'ai eu du mal à m'imaginer la petite Soko, timide et gênante des plateaux TV, derrière tout ça. C'est fou ce que l'art peut être salvateur. Impressionnant que ce petit bout de femme donc, arrive à sortir un son rock entre Siouxsie and the Banshees et surtout The Cure, qu'elle admire et avec qui son producteur Ross Robinson, a aussi travaillé. Comme quoi, ses rêves dictent vraiment sa réalité.


La production garde d'ailleurs l'aspect lo-fi de son précédent album pour se retrouver ici dans un aspect Garage bien efficace. Il reste évidemment quelques ballades plus intimistes, n'étant définitivement pas son fort par leurs manques mélodiques, elles ont tendance à m'ennuyer. Ses morceaux pop avec son camarade Ariel Pink, que j'apprécie pourtant, me laissent tout aussi pantois... Non, les morceaux où elle s'en sort vraiment, ce sont ceux où elle retrouve ses influences post-punk, où elle sort son timbre rock digne d'une Joan Jett, où elle couine et jette toute sa force intérieure, donnant un aspect live et foisonnant à l'ensemble, rythmé par la batteuse de WarPaint et une instrumentation prenante, plus que crédible.


Moins sobre mais toujours aussi sensible et bien entourée, Soko nous livre un bon deuxième album, peu importe qu'elle souffre ou non la comparaison avec ses idoles. Ne la jugez pas sur son image mais par l'énergie qu'elle dégage sur cette deuxième galette, énergie dont je suis impatient de voir ce qu'elle va donner par la suite. 
Strangeman57
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le 4 mai 2015

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