Berrocal – Musiq Musik (1973)


L’album original est paru en soixante-treize sur Futura et la pochette que j’ai choisie est celle de la réédition deux mille dix-neuf, sur Rotorelief, très belle, il y a un tirage limité à quatre-vingt- dix-neuf exemplaires en version « ivoire », mais vous pouvez préférer l’original, de toute façon seule la musique compte.


Jac Berrocal est forcément un musicien tout à fait exceptionnel, déjà il a été l’un des principaux animateurs de la scène underground française dans les années soixante-dix et plus, ce qui lui a donné un statut mythique. Malheureusement le temps, qui passe, et tant, et tant, n’a jamais pris le temps de s’arrêter pour lui, et de revoir sa copie, aussi Jac est toujours resté, sans correctif ni réévaluation, un éternel espoir, tout du long de sa vie, qui n’est pas finie, il la joue ainsi, depuis l’an quarante-six du siècle d’avant…


Et pourtant nous ne sommes pas à l’abri qu’il soit incompris, de l’espèce des génies, frappé de l’oubli qui frappe le plus souvent les peintres, et qui errent, chiches, au milieu des vivants, artistes maudits qui ont un don spécial que les contemporains ne voient pas. Pourtant quand ils ont, enfin, le bon goût de passer de l’autre côté, l’œuvre prend son sens et devient visible, le voile se lève et on écrit des livres, des éloges et même parfois sortent des films.


Lui, si cela advient, sera reconnu comme une sorte de dandy, un gars qui se balade en costard, très distingué, mais anar, très anar à sa façon, un déconneur aussi, branché, mais beaucoup trop pour ses contemporains qui sont un peu aveugles, enfin pas des clairvoyants, mais c’est pas de leur faute. Heureusement les générations futures rétabliront tout ça et feront un peu d’argent avec cette histoire, car c’est là l’important : il y a vraiment une belle histoire à raconter…


Ils sont ici à trois, avec le grands Jacques, Dominique Coster et Roger Ferlet. Je ne m’étale pas sur les instruments que l’on entend ici car ils sont très nombreux, tous énumérés sur la pochette, à côté du nom du musicien, en vrac s’entendent trompette, trombone, cornet, conche, shenai, sifflets, cloches et cymbales, percussions et bruits d’ambiance divers, un monde sonore très évocateur à l’écoute.


Trois titres face A et deux face B, « Radio LL » sur la face une n’existe pas dans la version originale qui, en fait, est très courte. Ce sont des musiques d’ambiance que l’on entend ici, de voyage également, des pièces d’orient, de port, de foule dirait-on, la vie qui s’écoule en fait. Un album du quotidien mais également d’un ailleurs, sans but, mais toujours sur un quai, possiblement passager clandestin, sans attache.


L’album est beau, si on prend la précaution de ne rien en attendre, juste profiter de ce qui s’y passe, et goûter…

xeres
8
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le 3 juil. 2023

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