Michel Portal - Men's Land (1988)


Voici l’album « Men’s Land » de Michel Portal enregistré sur le « label Bleu » paru en 1988. Il est capté live, l’année précédente au Grand Théâtre de la Maison de la Culture d’Amiens, dans le cadre du Festival International de Jazz. Ceci posé il y a un peu du beau monde.


L’hôte d’abord au sax ténor et à la basse clarinette, Jack DeJohnette à la batterie, Jean-Francois Jenny Clark à la basse, Dave Liebman au saxophone soprano, Harry Pepl à la guitare et Mino Cinelu aux Percussions. Je vous avais prévenu.


Quatre titres sur le Cd et seulement trois sur le vinyle, « Pastor » la compo de Michel a disparu, tombée aux oubliettes. L’album s’ouvre sur « Ahmad The Terrible », une compo de Jack DeJohnette bien servie par Dave Liebman au soprano qui ouvre la saga des solos, le thème est vif et sautillant entre danse et parade, ce qui profite au soliste qui virevolte et s’échappe en tous sens en butinant autour d’un thème qu’il déchiquette, Michel prend la suite au ténor, en s’inscrivant dans son sillon avant de passer le témoin à Harry Pepl à la guitare qui s’inscrit également dans cette même virtuosité, taquiné par la section rythmique qui le relance à l’envie.


C’est vraiment tout à fait excellent, mais les habitués de Michel portal savent à quoi s’attendre venant de ce curieux musical, toujours parfait dans ses prestations, modeste et heureux de jouer. La seconde pièce « Men’s Land » donne à entendre Michel Portal à la clarinette basse, ce qui pour moi fait partie du meilleur à entendre de la part de ce merveilleux musicien.


Il signe la pièce en collaboration avec Mino Cinelu, ce dernier écrit également un beau solo, c’est pur régal que de l’écouter se démener avec les tambours et les peaux. Le duo est chaleureusement applaudi par le public qui se manifeste à l’endroit où s’achève également la première face du LP.


« Pastor » qui suit n’est en rien superflu ici, il s’inscrit parfaitement dans la suite des pistes, Jean-François Jenny Clark s’y illustre ainsi que Harry Pepl, les souffleurs arrivent en fin de piste pour jouer la coda.


La dernière pièce « Easy’Nuff » est la plus longue ici, d’une durée de plus de dix-huit minutes elle occupe à elle seule la face B du vinyle, on y retrouve Dave Liebman qui vient seconder Michel Portal, il est également le signataire de la pièce. Le morceau est magnifique, on y entend un peu de la quête coltranienne, dans l’ambiance générale de la pièce mais aussi dans les solos qui se suivent, la clarinette basse de Michel Portal puis le soprano de Dave Liebman, sans oublier Jack DeJohnette qui fait chanter les tambours et vibrer les cymbales, qui a dit que les solos de batterie étaient ennuyeux ?


Encore un superbe album de la part de l’un des plus créatifs musiciens français.

xeres
9
Écrit par

Créée

le 28 juin 2023

xeres

Écrit par

Du même critique

Lanquidity
xeres
10

Un voyage dans le "Space-Jazz-Rock"...

Plus que tout autre, Sun Ra est une bibliothèque, il a parcouru, lu et écrit l'histoire du jazz, de l’intérieur, il a vécu les évolutions et participé aux révolutions. Membre actif de cette longue...

le 28 févr. 2016

27 j'aime

10

Bitches Brew
xeres
10

Critique de Bitches Brew par xeres

Ce qui frappe en premier lieu, c’est la beauté de la pochette créée par Mati Klarwein. On la devine symbolique, plus particulièrement quand elle s’offre déployée, pochette gatefold ouverte. On...

le 5 mars 2016

24 j'aime

9

Both Directions at Once: The Lost Album
xeres
10

Critique de Both Directions at Once: The Lost Album par xeres

« Il » est arrivé ce matin, bien protégé, sous cellophane, belle pochette avec deux triangles découpés laissant apercevoir la sous-pochette… Le vinyle avec le prestigieux macaron « Impulse »,...

le 2 juil. 2018

23 j'aime

7