Lovelife
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Lovelife

Album de Lush (1996)

Un virage commercial… plutôt réussi

En 1996, rien ne va plus pour Lush. Le groupe a sorti son album le plus décisif 2 ans auparavant et cela n'a eu pour effet que d'enfoncer leur popularité en dessous du niveau de la mer.


Ral le bol ! Le deux gars et les deux filles vont donc tout faire pour faire un carton commercial. C'est quoi qui marche en ce moment en Angleterre, mise à part la britpop ? Rien d'autre. Alors on va faire ça, on va vous donner du fun et de l'énergie avant tout.
Avec Lovelife, on entre désormais dans un territoire bien éloigné de leurs autres disques. Tout est refait à neuf dans leur univers: leur logo, la pochette, les photos de promo (sacrément concons d'ailleurs...) et pour finir, la musique.


Je dois l'avouer, cet album, je l'ai littéralement détesté lorsque je l'ai découvert. Je n'y voyais qu'une trahison commerciale au lieu d'un album simple et sans prétention, ce qu'il est justement. Quand on est touché au plus profond de sa chair par une déception, on s'obstine à ne pas prendre de recul puis dans un acte de folie, on se dit que ce disque n'est pas si nul que ça et qu'on devrait lui redonner une chance. En plus, vous avez passé une sale journée, alors autant aller jusqu'au bout: à soirée de merde, album de merde.


Sauf que... Sauf que Lovelife n'est pas si mal que ça. C'est vrai, il est bourré de défauts. Il est tout sauf original, superficiel et certains titres sont médiocres à souhait, mais un peu sauvé par l'énergie du quatuor ("Heavenly Nobodies"). Le plus grave dans cette histoire, c'est que Lush a laissé tomber son plus gros point fort: les voix douces et aériennes. Miki Berenyi et Emma Anderson ne travaillent plus autant leur chant et balancent leurs lignes vocales un peu n'importe comment. D'accord c'est spontané, mais c'est aussi loin, très loin des moments bluffants qu'on connaissait d'eux auparavant.


Malgré ces tares, Lovelife a fini par me séduire parce que les morceaux sont souvent bien écrits. Leur indie britpop se révélant salement efficaces, notamment quand elle est matinée de power pop comme sur "Ladykillers" et le furieusement débile "Single Girl".
Puis en y réfléchissant, cet opus n'est pas vraiment une trahison. Il ne faut pas oublier que Lush a toujours été influencé par l'indie pop des années 1980. Donc que cela ressorte beaucoup sur un de leurs disques est finalement logique.


En définitive, Lovelife est opportuniste à mort (il y a même Jarvis Cocker qui passe faire coucou sur "Ciao!") mais plutôt réussi. Tous ces efforts aboutiront justement à ce succès commercial et critique que Lush cherchait tant... Mais à quel prix ? Ce disque laisse un goût amer dans la bouche, quand on constate les concessions que le groupe fut obligé de faire pour arriver à ce résultat.


Mais malgré ce succès, Lush reste des loosers magnifiques. Ils n'en profiteront pas longtemps car leur batteur se suicidera dans la maison de ses parents quelques mois plus tard... Choqué par sa mort, le groupe préférera en rester là et se séparera.


Par conséquence, la chanson "Last Night" prend une signification lourde de sens et pas seulement parce qu'il s'agit de la seule réminiscence d'un passé fraichement enterré. Terriblement mélancolique et en parfait décalage par rapport aux autres morceaux. Je crois qu'il est inutile de préciser qu'il s'agit du meilleur de cette ultime sortie. L'idéal aurait été peut être qu'elle se termine sur cette chanson tragique, mais tellement plus authentique qu'un "Tralala" ou un "Olympia"...


Chronique consultable sur Forces Parallèles.

Seijitsu
6
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le 30 juil. 2015

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Seijitsu

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