Let Us Prey
7.5
Let Us Prey

Album de Electric Wizard (2002)

Electric Wizard colle à la semelle de mes chaussures. Une matière sombre, visqueuse, corrosive, agressive consitue son royaume. Après avoir revendiqué sa propre existence, après avoir commencé à rassembler des fidèles, le sorcier est finalement parvenu à ériger son trône, principalement constitué de cette matière si singulière, si poisseuse, qui prend possession de l'esprit de celui qui y touche. Maintenant que le sorcier a réussi à construire son royaume, le plus dur reste à venir : se maintenir sur le trône. Il ne faut surtout pas oublier la noirceur des incantations passées : il faut en forger de nouvelles. Sinon, les fidèles se libèreront de la sainte dope, et ils iront se vendre à un autre royaume.

Telle était l'enjeu des anglais de Electric Wizard. Après deux opus largement acclamés par la critique et par les fans, ils ont pu se hisser au rang de nouveau prince noir du Stoner. "Let Us Prey" reste donc fidèle au chemin tracé par ses prédecesseurs : on a là des riffs qui forcent toujours nos têtes à s'agiter frénétiquement, des vocaux vociférés, un tempo lent, et surtout : on a toujours ce son poisseux et sale, la marque de fabrication de Electric Wizard.
Pourtant "Let Us Prey" est fondentalement différent de "Dopethrone". L'album s'ouvre sur une pièce imposante, où la voix de Jus Oborn est lointaine, comme si il était en orbite autour des autres membres, et cette voix est desespérée. Regain d'orgueil sur "We, The Undead" où Jus a été de nouveau projeté très loin des autres, mais très près de l'auditeur. Il hurle, il vocifère ! Jamais une voix n'aura été aussi hideuse sur un skeud du sorcier électrique. Et pourtant, c'est ce qui fait le charme malsain du combo !

On sera, après deux blocs, presque content de voir une sorte d'entracte en la présence de "Night Of The Shape". Mais cela ne nous repose pas, bien au contraire : le piano, peut-être le plus bel instrument au monde, est l'arme qui retransmet une mélodie inquiétante, accompagné par un violon et toujours cette atmosphère sale et lugubre.
"Priestess Of Mars" s'achève. La voix de Jus est de nouveau lointaine. Le travail du sorcier est terminé. On en a pris plein la gueule, mais le pire ... c'est qu'on en redemande.

*regarde derrière son épaule, inquiet*
Yoth
7
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le 21 déc. 2011

Critique lue 191 fois

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Yoth

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