François Tusques – Intercommunal Music (1971)


Cet album de pur free jazz est l’un des premiers que j’ai écouté dans ce style de musique, après quelques autres devenus des classiques. Dans le genre c’est une tuerie, et la première face est l’une des plus intenses qui ait été enregistrée dans ce style, c’est dire ! L’intercommunal c’est d’abord François Tusques, le piano est son instrument de base, mais ici il joue également de la guitare à l’archet, de la scie musicale, des maracas et il donne de la voix itou.


A l’arrière siège le grand Sunny Murray, dans toute sa splendeur ici, violent et irréductible, puissant et révolutionnaire, ici c’est le maître des baguettes, il est également accompagné par Alan Silva qui joue du violoncelle. Ces deux-là étaient prévus, ce qui ne l’était pas c’est qu’ils arrivent très en retard, alors qu’il reste moins d’heure d’utilisation pour le studio…


Mais ce n’est pas tout, ils arrivent avec quatre amis musiciens qui viennent faire « le bœuf ». Pour ajouter un peu de volume percussif, on ne sait jamais, ils sont venus avec le percussionniste Louis Armfield, ça va guincher. Il y a également le contrebassiste Bob Reid, chouette, il fera la paire avec l’excellent Beb Guérin qui lui était prévu.


Les deux autres musiciens « surprises » sont Steve Potts au saxophone alto et Alan Shorter à la trompette, un line up d’enfer, une explosion de free inouïe qui va laisser des traces en ce début des années soixante-dix. Mais pour l’heure, il faut vite s’installer dans le studio et se lancer dans une épique improvisation, ce seront les deux titres de la première face, « intercommunal music » et « les forces progressistes ».


François Tusques a toujours été engagé, le visuel de l’album, couverture et intérieur, ainsi que le portrait d’Erika, le dernier titre de l’album, révolutionnaire, « symbole des forces qui vont renverser les « pigs » qui gouvernent les Etats-Unis » en témoignent… Les titres sont également un engagement.


La seconde face est un peu plus sur la réserve, bien que fort jolie, on y entend quelques thèmes proposés par François, source de départ pour de nombreuses improvisations. L’enregistrement de l’album s’arrêtera bien vite car il faut « rendre » le studio, mais toute la musique jouée ce onze mai à Paris, est contenue sur ce magnifique album !


La spontanéité qui suinte de cet album en fait un enregistrement complètement atypique, un des meilleurs albums free dans la rubrique "débridé, on lâche les chevaux", très certainement.

Créée

le 11 avr. 2023

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