Toujours pour Black Saint, les sessions se sont déroulées lors des mêmes séances que pour l’album « Reflections in Blue », avec un personnel identique. Le standard de Gershwin qui ouvre l’album, "But Not for Me", indique clairement que l’enregistrement se situe dans la continuité de l’album précédent, fidélité au classicisme, au rythme joyeux, à la bonne humeur, à la danse et à la fête. L’esprit est au be bop, aux tempos survoltés et aux solos époustouflants qui se succèdent à un rythme effréné.


Hours After est un titre original, un blues au tempo assez vif où Sun ra flirte avec le boogie. L’assise rythmique est carrée et solide, sur un tempo binaire, les solos s’enquillent doucement les uns à la suite des autres, avec une petite mention pour Carl Le blanc à la guitare qui ajoute un nouveau coloris à la formation. Beau titre bénéficiant d’arrangements assez fouillés, malgré la simplicité qui s’en dégage.


Beautiful Love est un standard chanté par Sun ra, qui s’improvise en crooner de charme, même s’il ne possède pas une grande puissance, c’est très émouvant d'entendre sa voix, un exercice très rare chez lui, se réservant le plus souvent un rôle de choriste ou de récitant de poèmes, seul ou accompagné par une partie de l’orchestre.


La face B a une saveur toute différente, avec Dance of the Extra Terrestrians, le registre change et l’Arkestra chevauche à nouveau des sentiers plus risqués et plus aventureux, où le risque de rencontrer quelques phénomènes étranges venus d’outre-espace est élevé. En effet, place à l’improvisation collective et au free, dans une première partie les sons étranges venus des mille instruments de musique de l’Arkestra traversent l’espace et déferlent autour de nos têtes comme autant d’ovnis se posant autour de nous… Puis le silence… et la danse des Extras Terrestres commence, entourée du mystère suggéré par Sun Ra lui-même, préposé aux sons insolites. Une nouvelle improvisation collective se dessine, à tendance percussive, sons métalliques, cuivres trépidants… Fin de la danse...


Mais l’aventure continue de la meilleure façon qui soit, Love on a Far Away Planet restitue des thèmes chers à Sun Ra : déplacement, procession, danse, cheminement initiatique. Percussions et sons inhabituels fournissent un épais tapis rythmique propre à soutenir la lente progression des flûtes, basson et hautbois… La richesse mélodique, rythmique et harmonique du morceau en fait une petite pépite à rajouter à une déjà longue liste. Encore une très belle pièce composée par le Sun !


De la tradition issue de Fletcher Henderson et de Duke Ellington, au free improvisé, voici un raccourci magistral de la musique provenant de la comète Sun Ra, brillant et inclassable tout à la fois.


Écrit en 2012

xeres
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le 2 juin 2018

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