Il y a deux chefs-d’œuvre absolus dans l’art du piano seul, deux Everests franchis seulement deux fois et qui se livrent une concurrence féroce dans le cœur des mélomanes amoureux. A droite le plus connu, le plus apprécié, vingt-et-une courtes œuvres couvertes d’éloges et de superlatifs, les éternels Nocturnes de Chopin. A gauche le moins connu, pourtant apprécié, trente-deux variations sur le même thème qui mènent à la félicité même les plus retords à la musique classique, les Variations Goldberg du dieu (mais si mais si…) Jean-Sébastien Bach !

L’hésitation n’est pas permise à qui sait aimer les Nocturnes et ne connait pas les Variations Goldberg, il faut se précipiter et écouter, ouvrir bien grandes ses esgourdes au bonheur d’une œuvre pour piano seul qui invite à la méditation, à la douceur, où chaque note compte, est distillée comme une denrée rare et donc précieuse. Que c’est bon la musique classique quand elle réunit la simplicité d’accès et l’exigence. C’est exactement le genre d’œuvre qui, dès les premières notes, vous donne le frisson, quand la musique devient physique le régal est total.

Variations car cette suite reproduit des variations justement, autour d’un thème de basse commun, une gaillarde italienne. Si l’œuvre est finalement merveilleusement agréable à l’écoute, l’intérêt technique est total autour d’une œuvre qui rend finalement curieux puisqu’on tend l’oreille pour tenter de la retrouver, cette base commune. Le résultat en est une pièce musicale que Bach a voulu d’une grande richesse et d’une grande variété qui aborde à peu près toutes les formes de la musique classique et qui, finalement, constitue une formidable entrée en matière par sa facilité d’écoute en même temps qu’un panel complet des formes que ce genre peut recouvrir puisqu’on y trouve aussi bien des canons, des fugues, des gigues que des chorals.

Oubliez donc vos préjugés et vos à priori douteux, plongez l’oreille dans le bain des Variations, vous en ressortirez avec l’agréable sensation d’une découverte rare en même temps que la satisfaction d’avoir, pour les plus réfractaires, franchi le seuil de l’entrée d’une forme soi-disant « élitiste » de la musique, l'âme régénérée. Ecoutez, vous êtes chez Bach…

P.S.: Quel dommage que la version par Gavrilov n'apparaisse pas sur S.C. !
Jambalaya
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le 8 nov. 2013

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