"J'ai un monstre dans mon froc, et il fait une danse bizarre..."

Le titre est une traduction des paroles de la chanson "Monster"... Oui, oui...
Bienvenue dans le monde fou de Fred Schneider, chanteur masculin des B-52's qui s'embarque ici présent dans une aventure solo !



  1. Le groupe de new wave/synthpop/surf rock The B-52's viennent de sortir leur troisième album, Whammy!. Ce nouvel album est composé a 85% de synthétiseur et de boite à rythmes, ce qui devient pendant cette période une nouvelle norme (pas forcément désagréable selon vos préférences, moi en tout cas ça ne me gêne pas du tout). Après une tournée quasi-mondiale a succès modéré, le groupe entre en break en cette toute fin d'année 1983. La raison officielle ? Aprés avoir enchainés les tournées entre 1981 et 1983, le groupe est crevé. La raison officieuse ? Ricky Wilson et Keith Strickland demandent un congé afin de se poser à New York et d'en savoir plus sur la maladie de Ricky, qui s'avèrera être le sida. Le groupe se reformera en novembre 1984 et donneront quelques concerts en compagnie de leurs amis de Tom Tom Club. De son côté, au début de l'année Fred Schneider ayant écrit quelques chansons se met en tête de sortir un album solo. Direction les studios Blank Tape de New York accompagné de son pote musicien John Coté (qui d'ailleurs n'apparaitra qu'aux côtés de Schneider, étant plutôt inconnu au bataillon). Les deux compères posent sur bande ce qui va devenir The Shake Society. Sauf que, la musique manque de piquant... Ils font alors appel au magicien des claviers funk (qui vient d'ailleurs tout juste d'apparaitre avec la bande a Byrne pour un certain film nommé Stop Making Sense), j'ai nommé le feu génial Bernie Worrell, qui co-produit tout l'album a partir de là. Du côté de l'enregistrement, il est bon de noter l'important nombre de musiciens invités. Les collègues Kate Pierson et Ricky Wilson des B-52's sont présents, ainsi que parmi beaucoup d'autres Steve Scales (percussionniste de Talking Heads) et Richard Beau (qui deviendra peu après Richie Ramone, batteur d'un temps pour les... Ramones). Je ne comprends d'ailleurs pas tout ce ramdam de musiciens de sessions (une vingtaine environ) puisque presque tout est composé avec synthés, boite à rythmes Linndrum voire ordinateur musical Fairlight CMI... Après un petit moment en studio, l'album est prêt et sort chez Warner en 1984.


Artistiquement parlant, on a droit à tout l'humour du plus excentrique chanteur d'un des plus excentrique groupe de rock américain. "Monster", le premier morceau, est censé devenir un gros hit, joue sur des sous entendus sexuels (non, vraiment ?) et sonne trés B-52's (avec Kate Pierson en backing, c'est pas étonnant). Afin de vraiment parfaire cette réputation de single, un clip est tourné et dans lequel on voit entre autres Schneider, Pierson, des monstres verts en pâte a modeler se trémousser mais également des apparitions de Tina Weymoth (moitié de Tom Tom Club et bassiste de Talking Heads) et de Keith Haring, le fameux artiste. Le truc, c'est que la fin de la vidéo finissait d'une façon "explosive" (allez jeter un œil sur internet). MTV, déjà choqués par les paroles décidèrent de retirer la vidéo après un passage pour la raison de "contenu choquant"... En vrai, pour les fans de l’Amérique puritaine de Reagan, il n'y a rien de bien choquant dans la vidéo, juste une sorte de forme phallique qui explose... Rien de méchant quoi ! S'ensuit alors un album plutôt sympathique et rythmé, mais sans véritable autre morceau se détachant clairement des autres. "Cut The Concrete" est très funky (merci tonton Worrell), "Summer In Hell" m'évoque par l'ambiance générale une version plus brouillonne et moins catchy de "Love Shack", "Orbit" est une petite blague synthétique sur l'espace dans le plus pur style B-52's. La face A s'achève avec "I'm Gonna Haunt You" et les riffs de guitare si particuliers de Ricky Wilson, en plus des synthés et des vocodeurs plutôt groovys. La face B me parle moins. "It's Time To Kiss" est un duo rythmé avec la chanteuse disco Patti LaBelle, "This Planet's A Mess" évoque déjà les préoccupations écologiques si chères a notre cher Fred, "Wave" est un drôle de morceau rythmé et l'album se termine sur "Boonga (The New Jersey Caveman)", un morceau très B-52's dans le thème (Pierson est là encore) mais avec leur énergie si caractéristique en moins.


De manière générale, cet album se tient assez bien et sonne comme un demi album des B-52's. Il sonne tout de même assez kitsch (même pour l'époque) et en demi teinte par rapport a la qualité des albums des B's de la même période. Avec le recul, ce disque assure parfaitement son rôle de "transition" entre les albums Whammy! et Bouncing Off The Satellites. Même si il n'est pas aussi catchy qu'un Wild Planet ou qu'un Whammy!, The Shake Society peut se ranger au même niveau selon moi que le deuxième album de Tom Tom Club, Close To The Bone. En fait, ces albums sont cousins germains : même ADN groovy basé sur le trio guitare/synthé/boite à rythmes (même si évidemment, les lignes de basses de Tom Tom Club sont jouées par Tina Weymouth et à la guitare basse, s'il vous plaît) et même "succès". C'est à dire que Shake Society a très vite été oublié en faveur des B-52's et le side project Close To The Bone vite ombragé par le succès intemporel du "main project" avec le duo Speaking In Tongues / Stop Making Sense. Le sort en semble jeté pour le premier album de Fred Schneider : aussitôt sorti, aussitôt tombé dans l'oubli...


C'est alors que se produit l'imaginable. Six ans après, The B-52's triomphe avec Cosmic Thing et la tournée qui va avec. Les droits musicaux de toutes productions signées par les membres du groupe passent de Warner a Reprise Records. Au vu du succès du dernier album en date, Reprise flaire le bon filon en déterrant The Shake Society et en le pressant sur CD et K7 (le disque n'était sorti qu'en LP). Son auteur en profite pour faire remixer ce qu'il n'aime pas (c'est a dire la majeure partie de la face A, quelle tristesse) et de le renommer plus simplement en Fred Schneider tout court. Tout comme à sa sortie, le disque bide, mais l'album est désormais disponibles dans tout les formats. Tant mieux pour nous et pour les fans.


Note supplémentaire : à la même période (1984/1985), Fred se lance dans l'écriture d'un recueil de nouvelles et de poésie nommé Fred Schneider And Other Unrelated Works. Ce livre s'avère être rempli d'humour et de petits trucs bizarres qui font tout le charme de tout l'univers musical attenant a Schneider et son groupe. C'est en quelque sorte le compagnon parfait de cet album solo, même si il est relativement difficile à trouver.

Blank_Frank
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le 29 juin 2016

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