Famous for Killing Each Other. Rien n’éclaire mieux l’histoire dont l’album est tiré. Une histoire entrée dans le folklore américain pour ce qu’elle eut de dérisoire, brutale, funeste et tragique. Cette vendetta entre les familles Hatfield et McCoy (après la guerre de sécession) a même pris le triste visage d’une réalité qui dépasse la fiction, tant le bras de fer qui déchira les deux familles entre 1863 et 1891 failli rebasculer la nation dans la guerre civile. Pour leur quatrième album, la bande à Kevin Costner (producteur et acteur de ce triple téléfilm encensé par la critique et récompensé aux Golden Globes) a donc assuré la bande originale, au risque de paraître auto-complaisant, voire narcissique, mais en prenant soin de s’éloigner de leur songwriting habituel, efficace et électrique largement inspiré de John Mellencamp et Tom Petty. La rugosité des événements l’exigeait. Le résultat est épatant !


L’acoustique instrumentalisée nous trimballe alors sans forcer dans l’errance pathétique de ces personnages. Nous sommes ici dans la veine de T-Bone Burnett avec ces nappes de guitares exsangues, éthérées, sorties de la froidure des forêts du Kentucky (« Hammer and Guns », « Late Dobro »). Banjo, violons, dobro se joignent alors à des complaintes où s’invitent au choix Kevin Costner (« How Deep The Water Runs »), Sarah Beck (« I Know These Hills ») et même Lily Costner (la fille de qui vous savez) sur le minimaliste « Oh, Malley-Mae ».


Œuvre collective où chaque membre aura su apporter sa pierre, l’album ne verse pas dans la horde sauvage, ni le déballage et s’en tient à une forme de bluegrass quasi atmosphérique (« Hypnotic Heartbeats »). Excepté le moderne « I Look To No One », tout sera fait pour nous (re)plonger dans l’atmosphère du film au gré de compositions qui explorent ce carnage organisé avec une sérénité qui fleure bon le sens du contrepoint. Pesés au milligramme, ces calmes acoustiques nous saisissent sur « Night Riders », « Cold Dark Morning », « Lilie Dreams » et surtout « Ominous », impitoyable de maîtrise. Et la ballade finale « Devil’s A Long Way From Home » raisonne alors comme le remède champêtre et idéal contre l’overdose du ciel orageux qui menace.


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le 30 sept. 2012

Modifiée

le 30 sept. 2012

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