Exai
7.1
Exai

Album de Autechre (2013)

Autechre c’est un peu comme notre grand-père.


On ne peut s’empêcher d’y être attaché pour ses exploits passés nous fascinant depuis tout petits (quel conteur ce Papy !), mais il nous agace aussi depuis des années à force de radoter toujours les mêmes sujets. Quand en plus, il fait mine de tout savoir et donne l’impression d’être prétentieux, cela devient intolérable.


Bien entendu, Autechre mérite de récolter les fruits de son labeur, d’être vénéré et même d’être surestimé (un syndrome touchant tous les groupes à grosse notoriété, qu’ils soient bons ou mauvais), ils le méritent parce que leur discographie parle d’elle-même. Autechre ne fait pas de la musique électronique, ils font du Autechre et ont composé parmi les meilleurs disques de l’ère techno.


Mais ça, c’était avant.


Depuis Quaristice, la crise d’inspiration a finalement touché le duo Angliche. Des albums dont la loooooonnnngue durée est de moins en moins justifiée, une faible durée de morceaux ne cachant pourtant pas leur manque d’idée et une évolution finalement stoppé net en plein élan. Car c’est un secret pour personne, Autechre n’innove plus vraiment et si un groupe au son unique n’est pas forcément obligé de provoquer une révolution régulièrement, quand les compositions sont en dessous de leurs précédents faits d’armes, cela finit par coincer.


Sans non plus retrouver toute sa superbe, les technoïdes intellectuels relevaient le niveau petit à petit et cela augurer peut être d’un coup de fouet pour leur prochaine sortie. Exai confirme cette impression. Autechre s’est enfin décidé de se sortir les doigts du derrière, alléluia.


Comme pour Oversteps, Autechre cherche un second souffle dans son passé mais il réussit là où il n’avait convaincu qu’à moitié. Si ce dernier album faisait référence à leur passé le plus ambient et mélodique, Exai explore à nouveau les dédales sonores et rythmiques de Tri repetae et de LP5. Par conséquent, le disque est étonnement accrocheur malgré sa densité. Les beats concassés se partageant la vedette avec des mélodies sifflées par des cyborgs mélancoliques voire détraqués. Sans non plus le conseiller comme leur œuvre la plus accessible, Exai se révèle cependant moins prise de tête qu’un Confield ou un Untilted.


Mais s’il est tentant d’en faire une sélection, Exai y échappe pourtant à cause d’un défaut toujours présent chez ces architectes sonores : sa durée.


Exai est une saloperie de double album ! Le format provoquant moult crises d’angoisse chez les chroniqueurs et surtout, une source souvent immense de frustration pour ma personne. Hélas, Exai n’échappe pas à cette terrible malédiction puisqu’il s’agit d’un double… Qui aurait pu être excellent s’il avait été réduit sur un seul disque.


Les grandes réussites surnagent (« jatevee C », le cyber hip hop « deco Loc » ou encore « YJY UX » dont on appréciera le clin d’œil à « Drane2 ») parmi des titres sympathiques mais pas top (« prac-f », « nodezsh ») et des moyens (« tuinorizn », « runrepik »). Mais dans tout cela, il y a « bladelores » dont il faudrait faire une chronique entière pour rendre hommage au génie car Autechre n’y a jamais été aussi planant. Imaginez un dub spatial produit par des Aliens originaires de la planète Pluton (et pourquoi pas Saturne pendant qu’on y est ?) et vous aurez une vague idée de la chose.


Si Exai est encourageant car très bon, on espère surtout que Sean et Rob alignent, comme à la grande époque, des « bladelores » sur tout un album la prochaine fois. Car sur la foi de ce seul morceau, il est évident que le groupe n’a pas perdu de son génie. Non, il s’est juste évaporé et a décidé de n’apparaitre que par intermittence.


Aaaah, ce n’est pas toujours facile de se montrer à la hauteur de son passé ! N’est-ce pas Papy ?


Chronique consultable sur Forces Parallèles.

Seijitsu
7
Écrit par

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le 8 oct. 2015

Critique lue 368 fois

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