Music Revelation Ensemble – Cross Fire (1997)
« Cross Fire » est un album du « Music Revelation Ensemble » et, pour tout dire, le dernier de la formation. Celle-ci est composée par le guitariste James Blood Ulmer qui en est l’âme, mais, au fil du temps qui fuit, les éléments du groupe se sont disséminés, et il est ici le seul survivant de la formation d’origine. Un trio a été formé et complété avec Calvin « Hassen Truth » Jones à la basse électrique et Cornell W. Rochester à la batterie.
Exit donc David Murray, Jamaaladeen Tacuma, Ronald Shannon Jackson et Amin Ali. Pour autant la formation ne manque pas d’allure car James Blood Ulmer s’est entouré de deux véritables légendes qui jouent alternativement sur les pièces de cet album. Ainsi le saxophoniste alto John Zorn joue sur les pièces 1,3,5 et 8, et le grand Pharoah Sanders joue du ténor sur les pièces 2, 4, 6 et 7.
Oui, je sais, dit comme ça, ça fait son petit effet. Du coup c’est du sérieux, dès la pièce d’ouverture « Law », avec John Zorn, on tombe ou on s’élève, c’est selon, vers la musique d’Ornette Coleman dont James Blood Ulmer a été autrefois le guitariste, on entend à nouveau les règles de l’harmolodie et John Zorn, avec un son « droit » et clair, se glisse dans la peau d’Ornette et redonne vie au son ancien, si marquant.
Avec Pharoah c’est une autre paire de manche, celui-ci est encore jeune et puissant, il arrache encore les cris qui bouleversent et retournent la table, comme sur « Proof » par exemple, qui déménage gravement. Pharoah se sent bien et tient la forme, souvent il commence les pièces d’une façon douce puis s’énerve un peu avant de redescendre. La pièce la plus étonnante est « My Prayer » qui contient des accents quasi country-rock !
C’est le facétieux James Blood Ulmer qui est à l’origine de ces divagations, il est compositeur ici, mais surtout soliste hors pair, et ses solis sont fabuleux, il est sans cesse poussé dans ses retranchements par l’excellent Cornell W. Rochester qui pulse avec pugnacité, sans jamais rien lâcher.
La dernière pièce avec John Zorn est reposée, « Backbeat » glisse vers la sérénité, une sorte de calme après le tonitruant « Evidence » où Pharoah a lâché le cri, on redescend vers des sensations moins tendues et plus douces, une sorte de sentiment de paix, avant de partir…
A noter que l’album est sorti sur « Diw » un label japonais.