ライヴ・アット・ジャスベッド (Live) par xeres

Masayuki Takayanagi, Abe Kaoru, Hiroshi Yamazaki ‎– Jazzbed (2020)


Voici un authentique album de free jazz grande cuvée, je préviens à l’avance… C’est issu d’un concert qui se déroula au « Jazzbed », le nom d’un club qui servira également de titre à ce disque. Ça s’est déroulé à Tokyo le 27 septembre 1970.


Le vinyle « Craftman Records » est paru en septembre 2020, pressage japonais réunissant toutes les garanties d’excellence, pourtant la qualité sonore peut paraître décevante, bien que le rendu corresponde à ce que la technologie peut faire de mieux en matière de récupération du son actuellement. D’ailleurs le prix est assez conséquent. Mais quels musiciens free justifient-ils une telle attention ?


Un groupe et trois noms, « New direction » avec Masayuki Tagayanagi à la guitare et à la guitare électrique, Kaoru Abe au saxophone alto, à la basse clarinette et à d’autres instruments et Hiroshi Yamasaki à la batterie et aux percussions. Je vous ai déjà parlé des deux premiers à d’autres occasions. Il y a un titre par face, Jazzbed 1st, d’une durée de vingt-sept minutes quarante-sept secondes et Jazzbed 2nd qui dure trente et une minutes et douze secondes, et on est bien sur du vinyle !


En 1970, Kaoru Abe a vingt et un ans, on sait qu’il s’éteindra en 1978. Ce n’est pas un type ordinaire, il aime la littérature française par exemple. Il a déclaré un jour : « J’ai un fort sentiment de haine et plus je le ressens mieux je sonne ». D’ailleurs il est autodidacte, il joue souvent en solo, mais pas ici. Il sonne à sa façon, en s’engageant, à fond, c’est d’ailleurs intéressant de l’écouter à la clarinette basse en fin de face deux, il semble presque doux, à la recherche du vibrato, il s’avère très lyrique, recherchant les sons les plus graves et les plus aigus de l’instrument.


Il est en compagnie de Masayuki Tagayanagi qui circuite depuis un paquet d’années, il est d’une toute autre génération et n’hésite pas à s’embarquer avec de jeunes fous. On dit que c’est un précurseur de la guitare noise, il a trouvé avec Kaoru un partenaire de taille, c’est d’ailleurs la rareté de la rencontre, par bonheur enregistrée, qui explique ce « ram-dam » autour de cet album et la nécessité de sa parution.


Hiroshi Yamazaki lui aussi est plutôt ancienne génération et, cette même année il a joué en duo avec Kaoru Abe, c’est dire que c’est bien la fibre free qui les réunit tous les trois. Ce n’est pas le mieux servi côté son, bien qu’il soit tout de même audible. Très ardent, voire mordant sur la face une il se montre plus aérien face deux.


On ne peut conseiller un tel album pour une première rencontre avec ces musiciens, il génère une certaine frustration, côté Masayuki Tagayanagi on trouvera aisément des albums d’excellente qualité sonore pour faire la rencontre, côté Kaoru on peut penser à « Winter ».

xeres
8
Écrit par

Créée

le 1 mars 2023

xeres

Écrit par

Du même critique

Lanquidity
xeres
10

Un voyage dans le "Space-Jazz-Rock"...

Plus que tout autre, Sun Ra est une bibliothèque, il a parcouru, lu et écrit l'histoire du jazz, de l’intérieur, il a vécu les évolutions et participé aux révolutions. Membre actif de cette longue...

le 28 févr. 2016

27 j'aime

10

Bitches Brew
xeres
10

Critique de Bitches Brew par xeres

Ce qui frappe en premier lieu, c’est la beauté de la pochette créée par Mati Klarwein. On la devine symbolique, plus particulièrement quand elle s’offre déployée, pochette gatefold ouverte. On...

le 5 mars 2016

24 j'aime

9

Both Directions at Once: The Lost Album
xeres
10

Critique de Both Directions at Once: The Lost Album par xeres

« Il » est arrivé ce matin, bien protégé, sous cellophane, belle pochette avec deux triangles découpés laissant apercevoir la sous-pochette… Le vinyle avec le prestigieux macaron « Impulse »,...

le 2 juil. 2018

23 j'aime

7