Bien que n'appartenant pas aux sous-genres musicaux qui me sont habituellement chers, cette réédition de la tape Na Rekah Vavilonskih du collectif Apokrifna Realnost (Aporea pour les intimes) méritait qu'on s'y attarde.


Ce projet, né au milieu des années 80, c'est plus que de la musique. Il est le fruit de la rencontre de musiciens, de la mouvance post-punk principalement, de peintres/iconographistes et calligraphistes yougoslaves. Plus exactement, on le situerait dans l'actuelle Macédoine, bien que les différents artistes du projet s'exprimaient alors autant en macédonien qu'en serbe ou en bosniaque.


Aporea représente en quelque sorte un pont culturel entre tradition et modernité : le projet est fondamentalement ancré dans le religieux, c'est une évidence à l'écoute de la tape, sur laquelle les choeurs orthodoxes sont très présents ; mais il y a en même temps des expérimentations sonores, qu'on peut assimiler à la mouvance new wave/electronic body music. Des titres hybrides comme les plages une et trois (je vous laisse lire les titres) en sont d'édifiants exemples.


Je ne vais pas m'enliser dans des explications et interprétations bancales, je vous renvoie vers cet article de blog en anglais que j'ai trouvé intéressant.


Mon ressenti à l'écoute de cette tape est un profond malaise : moi qui suis habitué à écouter des horreurs musicales tous azimuts, je dois admettre que j'ai été troublé par cette tape, à l'ambiance à la fois mystique et morbide. Il n'y a pas d'occultisme, on sent qu'une profonde ferveur religieuse règne ici. Mais elle semble en quelque sorte pervertie, utilisée à une autre fin que celle du culte proprement dit. J'avoue avoir une certaine difficulté à saisir et à retranscrire ce qui se passe sur cette tape, qui échappe à toute description.


Vous vous ferez donc votre propre opinion avec cette réédition, en version vinyle et CD format A5, au feuillet bien fourni avec les illustrations d'origine, à parcourir obligatoirement en écoutant la musique pour une meilleure immersion.


Complètement à part dans tout ce qui peut nous être proposé, Na Rekah Vavilonskih est une œuvre qui est à appréhender dans sa globalité, en fonction du contexte dans lequel elle a été faite et de son but initial. La style musical et la note ne sont d'aucune importance, seule compte l'expérience qu'en aura chacun.


Retrouvez cette chronique sur le site auxportesdumetal.com

Man_Gaut
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le 13 juin 2017

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Man Gaut

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