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Album de Jacky Terrasson (2019)

La pochette où Jackie Terrasson nous montre un « cinq » d’une main et un « trois » de l’autre nous laisse à penser qu’il pense plus à son âge qu’à ses centimètres. Cinquante-trois printemps en 2019, la maturation nécessaire à l’artiste pour offrir à nos oreilles ébahies cet extraordinaire cadeau. Les albums de pianiste passent et défilent en engendrant souvent, soit l’ennui soit la passion, celui-ci fait partie de la seconde catégorie.


Terrasson est un très grand du piano, ça, on le savait déjà, même quand il jouait en invité sur d’autres albums, bien souvent il raflait la mise. Ici, il nous offre un concentré de son savoir-faire mais il serait sans doute plus judicieux de dire de son « savoir-être ». Avant le mélange, pour faire l’équilibre, il aura joué avec trois rythmiques différentes, ce qui rend compliqué de citer les musiciens qui sont tous brillants, tout en restant à l’écoute, première qualité du musicien.


On remarque quelques particularités, les pièces sont toutes signées par Terrasson, sauf la minute « Wolfgang Amadeus Mozart » et cette citation du requiem, il faut également parler de « La part des anges-reprise » où Stéphane Menut nous dit un passage d’« Enivrez-vous » de Baudelaire, extrait du « spleen de Paris ». Sans doute faudrait-il dire un mot de l’aspect virtuose de l’album sans jamais être « m’as-tu vu ? », de souligner sa versatilité sans jamais tomber dans la futilité, d’une œuvre qui touche à l’essentiel tout en allant « à hue et à dia », en fait un album tout à fait extraordinaire qui se présente sous la forme d’un bilan.


Je ne m’arrête pas sur les qualités stylistiques du pianiste, finesse, sens aigu du temps, du silence, la subtilité est partout, elle enivre…


« Enivrez-vous

Il faut être toujours ivre. Tout est là : c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.

Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.

Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront : « Il est l'heure de s'enivrer ! Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. »


Baudelaire, Le Spleen de Paris, XXXIII »

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le 24 janv. 2023

Modifiée

le 24 janv. 2023

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