Les meilleurs albums de rock selon Marius Jouanny

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Le plus grand. Le déferlement d'énergie que propose ce quatrième album de Led Zeppelin restera à jamais gravé dans mon esprit. Avec comme deux sommets absolus "Strairway to Heaven" et "When the Levee Breaks", l'alchimie emporte mon âme vers un idéal achevé, parfait à l'image de cette intro de batterie de "When the Levee Breaks" que je peux à elle seule écouter en boucle. C'est dire mon obsession pour cet album !

En trois ans d'existence, le groupe a atteint la perfection céleste qu'il côtoyait déjà dans ses trois premiers albums. En athée convaincu, je peux effectivement dire que "[Led Zeppelin IV]" tient du divin.

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Écrasé par un tel munoment du rock. Les moments de bravoures s'accumulent, dans un équilibre d'une perfection ahurissante. Avec comme points culminants orgasmiques les deux montagnes "L.A. Woman" et "Raiders on the Storm", parmi les meilleurs morceaux du groupe. Le reste paraît presque mineur à côté. Mais le rapport d'échelle est ici tellement distordu qu'avec un peu de recul, il n'y a aucun angle mort dans cet album constellé de pépites.

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Les quatre éclairs de "Shine On Your Crazy Diamond", l'intro de "Welcome to the Machine", ces longs moments de plongées cosmiques aux notes réverbérantes... Incroyable.

Là aussi, difficile de départager The Dark Side of the Moon de Wish You Were Here pour les Pink Floyd... A noter que ce sont leurs deux seuls albums qui m'emportent de bout en bout. A l'image de leur construction en boucle perpétuelle, le plaisir d'écouter ces deux albums est sans cesse renouvelé.

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Des Beatles, il est difficile de ne garder qu'un album : c'est pourquoi "Abbey Road" est à la troisème place de ce top. Que dire, si ce n'est que le groupe a traversé les années 60 en y synthétisant toute la sève, le potentiel musicale de l'époque à raison de plus ou moins un album par an. Du psyché à la pop, en passant par une veine quasi-expérimentale, le rock a rarement été un terrain aussi fertile qu'avec ce groupe.

Voir ma critique du morceau : "A Day in the life" : http://www.senscritique.com/morceau/A_Day_in_the_Life/critique/74165326

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Un premier album déjà magistral. Toute la frénésie du groupe est déjà présente dans leur album le plus dense en propositions musicales. Alors que leur quatrième est pourvu d'un registre plus bipolaire, ici, chaque morceau quasiment se déploie dans un genre différent du précédent.

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C'est finalement (et logiquement) avec un album live que tout le génie de Hendrix me saute au visage le plus intensément. C'est en effet sur scène qu'il a construit son propre mythe, en dézinguant sa guitare et les partitions de tout un genre musical. Les six morceaux proposés sont comme autant de moments de bravoures virtuoses, s'inscrivant dans une continuité parfaite sans la moindre redite. Je ne me serais jamais imaginé pouvoir écouter des minutes entières de solos de guitare électrique quasi assourdissant sans m'en lasser la moindre seconde.

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Neil Young n'est pas un artiste vif, mais il a le sens de la mélodie et de la langueur musicale comme nul autre. On est transporté par cette douce langueur rafraîchissante, on s'envole bien haut. Pour ne plus redescendre.

+ Voir critique.

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Un Stones qui déchire. De "Brown Sugar" à "Can't you hear me knocking", on tient là le plus grand album du groupe. Et ce final déchirant, avec "Moonlight Mile"... Chaque morceau est une perle incroyable, loin des envolées rythmiques de "Let it bleed" ou "Beggars Banquet", les Stones sont ici beaucoup plus intimistes, posés et d'autant plus marquants.

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Grosse tarte dans ma tronche. Jimi Hendrix signe peut-être ici le plus flamboyant premier album de l'histoire du rock. Tant d'audace, de fièvre, j'en suis tout retourné. Cette virtuosité orgasmique, ce dialogue déchaîné entre guitare électrique et batterie... Une expérience sonore hors du commun, entêtante, d'une cohérence rare, au point qu'aucun morceau ne se place au-dessus des autres (ils sont tous parfaits, putain !). D'une sensualité tellement enivrante que je ne risque pas de décrocher du disque avant longtemps.

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Encore une fois, il m'a fallu plusieurs écoutes pour digérer un tel monument. Ici, pas de "Space Oddity" ou "Life on Mars ?" pour sortir du lot, seulement un enchaînement de maîtrise sans fioriture. En taillant son album d'un seul bloc, Bowie continue sur sa lancée et nous livre un album encore plus délectable que les précédents. Je ne saurais résumer "The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders From Mars" à quelques morceaux tellement ceux-ci s'enchaînent avec grâce et fluidité. Quarante minutes de virtuosité dans les oreilles, peu de chance que Bowie monte encore plus haut dans mon estime avec "Aladdin Sane"...

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Ce n'est pas une découverte complète pour ma part, j'avais déjà écouté un grand nombre des morceaux de cet album. Mais bon sang, quelle libération de l'écouter dans sa totalité, dans toute sa remarquable et profonde cohérence. Les Doors proposent un deuxième album plus psyché, plus torturé, plus grinçant et halluciné que le premier, sans que je puisse substantiellement placer l'un au-dessus de l'autre. Si "Strange Days" est quasiment une avalanche de grands morceaux avec quelques-uns plus mineurs, c'est surtout dans cette atmosphère si particulière, étouffée, comme claustrophobe, que l'album frappe le plus fort. Il y a là indéniablement une démarche plus réfléchie, plus assagie peut-être mais aussi plus mature.

Son découpage est lui-même étrange et unique, avec des morceaux globalement très courts, avant l'explosion "When the music's over" qui prend le tiers de l'album. Comme si le groupe se contenait sciemment pour mieux donner tout ce qu'il a dans un dernier morceau qui reste l'un des plus grands sommets de la carrière des Doors. Pour ceux qui en tout cas considèrent leurs albums suivants comme moins marquants que les deux premiers, je les invite à réécouter leur ultime opus "LA Women". Le meilleur à mon sens.

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Au premier abord, ce dernier album des Jefferson Airplane apparaît comme un opus maîtrisé mais peu surprenant et audacieux de la part du groupe. Puis, à la réécoute, les morceaux qui se déploient prennent toute leur saveur. Ils se révèlent en synthèse unique et testamentaire des Jefferson, un barroud d'honneur époustouflant. Après deux premiers albums très pop, et deux suivants plus psyché, celui-ci prend le meilleur de toutes les inspirations et registres explorés jusque-là. Des premiers accords sur les chapeaux de roues de "We can be together" aux passages intrumentaux de "Hey Frederick" jusqu'au blues de "A song for all seasons", tout est à sa place, dans une constance et une cohérencede chaque instant. Le côté expérimental est peut-être un peu délaissé, mais c'est au profit d'une fougue mélodique totale, revigorante, qui peut tout aussi bien s'adoucir aux bons moments avec "Wooden Ships" notamment. Comme dernier segment d'une discographie sans faute, on ne pouvait pas rêver mieux finalement.

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Monument du rock et du folk, ce premier album de Rodriguez est d'une inventivité musicale abyssale. Prenant comme base l'aspect monocorde du folk dans sa manière de chanter et dans l'épure des accords de guitares, l'artiste explore des variations allant du rock électrisant de "Only Good for conversation" au lyrisme à grand renfort de trompettes dans "Crucify your mind" pour continuer sur le tube quasiment pop "I wonder". Voilà un album qui prend de la bouteille à la réécoute, car sous sa couche superficiel où tous les morceaux paraissent un peu se ressembler il y a un filon quasi-inépuisable. Et Rodriguez de conclure à la fin du dernier morceau, s'adressant directement au public "Thank you for your time and then you can thank me for mine and after that said forget it". Oublier un tel monument ? Jamais ! Et je compte bien prolonger l'expérience avec son deuxième album et le documentaire "Sugar Man" qui lui est consacré.

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Le foisonnement musical du deuxième album de Frank Zappa en dit long sur son degré d’ardeur créatrice : avec un tel point de départ à une carrière très prolifique, on peut dire que l’artiste démarre sur les chapeaux de roues. Il a d’ores et déjà la sagesse de dépasser le pur rock psychédélique pour se tourner vers des expérimentations plus progressives. N’y voyait pas pour autant un rapprochement avec les Pink Floyd, car là où ces derniers s’affranchissent par une douceur épurée, Frank s’emballe dans des envolées quasi-cacophoniques de 10 minutes où la guitare électrique répond aussi bien au clavier électronique qu’au violon, dans un rythme endiablé. La cohérence de l’album n’est pas moins évidente, la virtuosité spontanée de ces longs et entraînants morceaux semble aussi mûrement réfléchie dans ses ruptures de tons et ses mélanges musicaux improbables. S’affranchir de la voix et des paroles pour ponctuer la mélodie, très peu de groupe de rock l’avaient osés en 1969 sur tout un album, ce qui prouve bien que Zappa tire aussi sa verve du jazz acoustique. « Hot Rats », avec une telle virtuosité foisonnante, jonglant entre toutes ses influences pour proposer une synthèse ébouriffante et on ne peut plus expérimentale, s’impose indéniablement comme un des albums les plus réussis de sa période. Et ce n’est pas peu dire !

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L'épure des morceaux a beau rendre l'enchaînement des morceaux un peu monocorde (c'est le cas de le dire, la voix de Leonard Cohen n'est accompagnée que d'une guitare) ce premier album n'en est pas moins un monstre du folk. Le lyrisme que Cohen délivre par sa voix, les paroles et la mélodie n'a tout simplement pas d'égal. Elle reste gravée dans la mémoire comme le souvenir d'un temps immémorial. Indélébile.

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Avec ce troisième album, Jimi Hendrix signe son oeuvre la plus ambitieuse, un double-album de seize morceaux, dont un atteignant les 10 minutes et un autre dépassant le quart d'heures. "Electric Ladyland" transpire la maturité par tous les pores : tout en variant ses registres et sonorités, passant du psyché le plus épais à la pop la plus douce, Hendrix construit une continuité, un fil rouge traversant son album qui n'est plus la succession de morceaux qu'étaient ses deux premiers albums, mais une totalité organique où les partitions se font continuellement échos. Tout cela ne manque pas d'audace : l'apparition impromptue du saxophone pour "Rainy Day, Dream Away", le solo de batterie de "Moon, Turns The Tides... Gently, Gently Away", et j'en passe. Une telle exigeance de renouvellement est pour le moins fructueuse. Cependant, comme si durant sa courte carrière Hendrix sentait déjà la fin venir, sa fougue érotique qui fait de "Are You Experienced" un premier album déjà parfait est ici moins ébourriffante, parfois même assagie. Avec des morceaux comme "Cross Town Traffic" "All Along the Watchwater", il est difficile de parler d'une totale castration, mais en tout cas d'une libido musicale amoindrie. L'album en est d'autant plus surprenant, mais n'en fait pas le sommet absolu de Jimi Hendrix.

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Voir critique.

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"Nevermind", précédent segment de la disco de Nirvana, m'avait bien mis sur le cul à la première écoute. Seulement, en le réécoutant, la répétitivité de ses compos et son aspect très légèrement brouillon m'avait quelque peu fait revoir mon jugement : un excellent album, certainement, mais pas le chef-d'oeuvre consacré par à peu près tout le monde. Ce "In Utero", troisième et dernier album du groupe, m'a quasiment fait l'effet inverse : c'est en le réécoutant plusieurs fois qu'on apprécie toute sa sève.

Kurt et ses copains nous livrent ici des morceaux plus maîtrisés, plus torturés et qui traduisent une souffrance encore plus grande et palpable que dans "Nevermind". De "Serve the servants" à "Rape me", en passant par "Dumb" pour finir sur "All Apologies", la décharge autodestructrice qui terrassa trop tôt notre blond et délicieux chanteur explose littéralement. L'album est aussi plus assagi : il y a la volonté de moins déborder dans le déroulement des morceaux pour plus de cohérence, de fluidité et de rythme. Le moins qu'on puisse dire, c'est que la réussite est totale. Cultural Mind et Kurt avaient finalement tous deux raison : "In Utero" est bien le meilleur album de Nirvana.