Les films qui ont changé votre vie selon Lev-Mychkine

Annotation :

Le cinéma peut bouleverser une vie. Du moins, ce film en a été capable pour moi. Il représente le film qui a eu le plus d'influence sur mon monde. Mais cette expérience m'est propre, peut être trop personnelle pour être expliquée.

Annotation :

La "cinéphilie" commence bien quelque part. Pour moi, elle a commencé par là. Comme beaucoup, Orange Mécanique a été la porte d'entrée sur un monde que je ne connaissais que trop peu, un monde fait de progrès journaliers, de goût de la découverte, un monde où l'art modifie l'individu dès le moment où ce dernier est prêt à lui donner une chance.

Annotation :

Quand on est un enfant des années 2000, que sait-on du cinéma ? Que peut-on envisager du haut de ses 16 ans ? Peut-on vraiment prendre conscience du vaste univers cinématographique ? De ces milliers de films de toutes époques, de toutes origines qui sortent chaque année ? Pour moi Métropolis a marqué en quelque sorte une prise de conscience, cette idée que, même un film de 1927, réalisé par un allemand dont j'ignorais tout quelques semaines précédant le visionnage de son œuvre décrite comme "culte", même un film sans paroles, sans couleurs, peut faire ressentir une véritable émotion esthétique et bouleverser son public.

Annotation :

Lorsque l'on a grandi dans les années 2000, on a forcément eu affaire à un film de Tim Burton. L'enfant que nous sommes alors s'émerveille devant tant de couleurs, de mondes si riches, aux personnages si épatants, comme si un conte se transcrivait dans la réalité et qu'une fois terminé, on se surprend encore à déambuler entre les personnages. Ce sentiment, je l'ai ressenti devant mon premier visionnage de Alice au Pays des Merveilles en 2010, et 10 années après, j'ai eu l'impression de redécouvrir ce cinéma merveilleux, et cela je le dois à Edward aux mains d'argent.

Annotation :

Le cinéma peut-il être provoquant ? Peut-il s'affranchir de tout codes ? Peut-il bafouer la morale ? Peut-il piétiner ses propres règles de bienséance sans s'excuser ? Peut-il adapter la monstruosité de Sade à une République fasciste en jouant un air de piano tandis que l'enfant subit sévices et souffrances ? Peut-il, alors qu'un jeune homme se fait torturer, faire danser deux soldats riants sur un air de radio ? Pasolini dans Salo a répondu à tous mes doutes, toutes mes questions pour m'offrir sa leçon de vie : "Scandaliser est un droit et être scandalisé, un plaisir".

Annotation :

Tout le monde peut être un comique, n'est-ce pas ? Chaplin ? Bien sûr que connais ! Voilà la façon dont j'aurais pu répondre il y'a plus de deux ans. Parfois l'on croit connaître certaines choses qui nous échappent totalement, l'on préfère prétendre maîtriser ce que l'on a pourtant à peine effleuré afin de paraître au mieux ou de se convaincre que l'on est le plus sage. Bien que ce film de Chaplin ne soit pas mon favori, il m'a donné une leçon sur le savoir. Chaplin m'a élevé, dans les Feux de la Rampe, le triste clown Calvero qu'il incarne m'a parlé et je me suis humilié dans ses paroles : "Nous sommes tous des amateurs, personne ne vit assez longtemps pour être autre chose". Voilà ce que je suis. Je suis un amateur de certains domaines auxquels je me consacre et un ignorant sur ceux dont je ne me mêle pas.

Annotation :

Un mari infidèle se décide à tuer sa femme mais revient sur sa décision par amour et se rend compte de l'erreur qu'il s'apprêtait à commettre et de la valeur des choses qu'il oublie d'apprécier. Cela paraît peut être trop simple, et pourtant le film n'aurait jamais été le même si il n'y avait pas eu cette simplicité touchante de l'amour d'un homme et d'une femme. Il y'a d'abord la beauté du visage rongé de remords d'un mari qui se rend compte qu'il ne peut ignorer et massacrer froidement son amour et les larmes d'une jeune femme qui se sent trahie et heurté dans ses sentiments les plus sincères. Puis vient le pardon, la joie renaissante, l'amour qui, après avoir connu un hiver rude, entre dans un printemps resplendissant de rires, d'embrassades, de gestes doux et insouciants qui promettent des lendemains meilleurs et une redécouverte de la vie à deux. Ce film fut pour moi une expérience de par le jeu d'acteur remarquable avec un amour à l'écran véritablement resplendissant, mais aussi un symbole, un film montrant qu'il n'y a pas besoin de faire des scénarios casses têtes comme Nolan, des effets spéciaux comme le MCU ou des films longs comme Autant en Emporte le Vent pour toucher son public et le faire ressortir disposé à l'amour sincère comme jamais auparavant.

Annotation :

Le cinéma français c'est de la merde. Voilà le panurgisme que vous ressortira la plupart des jeunes de mon âge sur le cinéma français. Il ne s'agit pas de tenir rigueur ici, il s'agit de montrer qu'il existe, peut être 20,30 ans 40 ans, 80 ans avant leur naissance, des films qui sont et resteront des chefs d'œuvres, il suffit juste de leur laisser une chance, de se laisser porter par cette image de France insouciante, tendre et douce comme l'aurait dit le même Charles Trenet dont les paroles de sa chanson "Que reste-il" accompagne le début du film. Ce film a marqué le début de mon intérêt pour le cinéma de mon pays et restera parmi les chères images d'un passé dont on se sent nostalgique sans l'avoir connu et bien sûr de ma mémoire dans laquelle il restera un souvenir qui me poursuivra sans cesse.

Annotation :

Tous nous avons entendu parler de films de propagande. Mais qui ce serait douté que le cinéma politique pouvait être aussi beau, aussi fort et à la fois aussi humble ? Si vous dites film soviétique à visée politique, la majorité des gens vont avoir une image d'épinal en tête, ils imaginent déjà le visage de Staline menant des actions formidables et dont la présence seule, même sur un drapeau, pousserait chaque individu aux plus formidables héroïsmes. Imaginez leurs réactions quand vous expliquerez que ces héroïsmes ne sont que le résultat d'événements banaux tel qu'un repas de viande avariée pour un équipage de navire remonté. En un instant, l'étincelle du repas devient brasier et c'est toute une ville qui se soulève aux côtés des marins. Vous avez alors une cause humble qui se métamorphose, qui se renforce au contact des multiples individus qu'elle touche. le Cuirassé Potemkine m'a ouvert les portes du cinéma soviétique et a surtout réhabilité le rôle que je pouvais attribuer au cinéma et plus généralement à la propagande en politique et à sa capacité à convaincre.