Yuri!!! on Ice
7.3
Yuri!!! on Ice

Anime (mangas) TV Asahi (2016)

Le Japon et les séries sportives, c'est une relation longue durée : après nous avoir offert des anime inoubliables sur le volley, le tennis, le foot, la natation, le tennis, la GRS,le karaté, le tennis (il semblerait qu'un goût prédomine pour un sport, mais lequel donc ?), voici donc venu le temps de s'attaquer au patinage artistique. Très contrarié de ne toujours pas voir de fresque en cinq saisons de kanoé-kayak sur pelouse ou de curling unijambiste- mes disciplines fétiches - j'ai regardé ce "Yuri On Ice" sans en attendre grand chose.


Homme de peu de foi...


Tu es nul mais je vais t'entraîner ou la série s'arrête à l'épisode 1


Yuri Katsuki est fasciné par Victor Nikiforov, cinq fois champion du monde de patin à glace, au point de se lancer lui aussi dans cette discipline, sans succès : il finit bon dernier au championnat. Alors que, découragé, il répète une des chorégraphies de son idole, il voit sa prestation être filmée, puis devenir virale sur la toile, jusqu'à ce que Victor lui-même ne la découvre. Il décide alors d'entraîner Yuri et de l'emmener jusqu'à la finale.


Si on retrouve le schéma habituel des anime sportif : le héros mis sur le banc de touche, le coach miraculeux, la découverte de soi, l'ascension du personnage au fil des épisodes, Yuri on Ice (YOI, c'est moins long) s’embarrasse de beaucoup moins de remplissage que ses grands cousins : ici, pas d'épisodes filler remplis de gag débiles (il y en a quand même un peu, on est pas des bêtes). Même l'entraînement ne prend finalement qu'un seul épisode, l'essentiel de la série se concentrant sur les différentes compétitions jusqu'à la finale. Bien qu'il décrive un sport contemplatif, YOI a un rythme plutôt soutenu et parvient à caser pas mal de choses dans ses douze épisodes : de la compétition, beaucoup de concurrents, de la bonne musique, quelques jolis numéros de patin et... du fan-service.


Sur ce point, je l'attendais, YOI, parce qu'il n'est rien qui m'énerve plus que le fanserv racoleur et putassier. Crevons donc l'abcès rapidement : si vous avez vu des hordes de fangirl hurler au yaoi, c'est tout à fait normal, YOI est yaoi (comme vous le laisse supposer mon titre, d'une rare finesse). L'anime ne s'emmerde même pas à être ambigu, à vrai dire, anticipant sans doute les réactions de son public. Il a surtout le bon goût de rester platonique et d'intelligemment intégrer la relation entre Yuri et Victor à la pratique de leur sport, tissant quelque chose d'assez intense entre eux sans jamais tomber dans le graveleux (et pour ceux qui s'en désolerait, rassurez-vous, l'anime nous dispense quand même quelques scènes de bishônens à poil, histoire de faire plaisir à tout le monde). Donc, si même un semblant de yaoi vous fait fuir en agitant les bras de façon désordonnée, allez plutôt mater Prince of Tennis (Bourré ou sous champignons hallucinogènes, ça passe tout seul).


Ce qui est assez habile avec YOI, c'est que les habituels poncifs de ce type d'anime sont justifiés - même si très simplement - par le scénario : les échecs de Yuri, la décision de Victor d'abandonner le patin pour devenir son entraîneur, tout a un sens et prend même le parti de glisser quelques allusions aux contraintes du milieu de la compétition (la pression, la retraite très tôt, les sacrifices que cela implique...). Sans culminer dans les hauteurs de l'analyse psychologique pointue ou de la critique engagée du sport professionnel, YOI sait faire montre d'un peu de subtilité bienvenue, avec une touche d'humour en prime.


Du rab d'animation


Si l'essentiel des numéros de patinage sont plutôt réussis - et portés par des musiques variées et très catchy - on sent que YOI est une "petite" série. Réutilisation de plans, animation parfois en dents de scie, le spectateur attentif risque de sentir que le studio n'a pas bénéficié de moyens colossaux ou d'énormément de temps pour sortir ses douze épisodes. Sans être moche, l'anime reste de qualité assez variable lors des séquences de patinage (Yuri bénéficiant sans surprise des plus belles).


Cependant, malgré cette qualité inégale, l'anime réussit de manière assez surprenante à proposer plusieurs fois le même numéro de patinage - les patineurs présentant deux chorégraphies au cours d'une saison, on verra celles de Yuri cinq fois au total - en y glissant chaque fois quelque chose de différent. Ce sont certes des différences très minimes mais curieusement, elles restent efficaces. En somme, nous avons un anime relativement modeste en terme de qualité mais qui sait tirer son épingle du jeu en y mettant le paquet dans les moments-clés sans faire cache misère. Jolie pirouette.


La concurrence pure et parfaite... ou pas


Pour en arriver à un aspect un peu moins élogieux - puisque jusque là YOI a échappé aux quelques écueils de fond et de forme - parlons personnages. Comme dit précédemment, la relation entre Victor et Yuri est intelligemment mise en place et l'anime parvient à n'enfermer aucun des deux personnages dans des clichés irritants : sous des dehors charmants et expansifs, Victor est un coach qui frise la tyrannie et se montre vite envahissant, tandis que Yuri va assez rapidement quitter son rôle étriqué de looser pour s'affranchir de son idole étouffante et profiter pleinement de ce qu'elle peut lui apporter. Mais YOI souffre paradoxalement du développement de ces deux personnages, en laissant l'essentiel du casting secondaire sur le carreau, casting dont le background est au mieux avorté après une introduction sommaire, au pire totalement éclipsé. Si Yuri croise beaucoup de concurrents, la plupart d'entre eux, faute d'avoir réellement la marge nécessaire pour exister, sont réduits à leur cliché et se montrent vite, très vite, irritants au possible tant ils sont en décalage avec le duo principal. Yurio, le principal concurrent de Yuri, qui possède pourtant un rôle clé dans le final, est réduit à une silhouette gesticulante et hurlante proprement insupportable : faute de réel développement, il ne prend aucune épaisseur au fil des épisodes et ce ne sont pas les quelques miettes jetées ça et là sur sa famille ou son rapport à la compétition qui vont faire illusion.


Un petit mot aussi sur les personnages féminins, les grands absents de l'anime. Soit, nous sommes dans un yaoi, mais leur donner un rôle un peu plus important aurait pu être appréciable, d'autant que les quelques femmes/filles présentes sont plutôt intéressantes sur le papier mais finissent par être réduites à de fades groupies. Dommage.


Pour faire court, Yuri on Ice, c'est Yuri et Victor, entourés de figurants parfois inutilement bruyants (le suisse priapique, l'italien incestueux ou le canadien beauf, c'est le festival). L'anime repose à 90% sur le duo côté personnages et c'est à peu près tout, ce qui est d'autant plus dommage qu'il pose les bases d'une réflexion sur l'expression du corps et la manière de communiquer par la danse... et que malgré les faiblesses évoquées, il parvient à faire quelque chose de beau : être extrêmement accrocheur.


C'est diablerie !


Oui, parce que si sur le papier, voir un petit couple homo faire du patin à glace ne l'est pas franchement, accrocheur - et comme je le disais, je n'attendais pas grand chose de mémorable - YOI happe le spectateur. L'alchimie, pourtant un peu bancale, de l'anime prend étrangement et on se surprend à regarder les numéros de Yuri avec fascination, puis appréhension de le voir échouer, comme dans une véritable compétition. Impossible de dire comment YOI y parvient mais il y parvient très efficacement en peu d'épisodes et en s'appuyant presque exclusivement sur deux protagonistes et deux chorégraphies. Jusque là, j'ai présenté cet anime comme un truc un peu gentillet, à l'animation parfois moyenne et aux personnages inégaux mais pourtant le résultat se tient, très bien même. On ne s'ennuie pas et on enchaîne les douze épisodes sans s'en apercevoir. Alors oui, l'anime est plus axé sur l’émotionnel que l'esprit sportif ou la notion de compétition, oui ça reste plein de bons sentiments et en définitive tout le monde est beau et gentil lorsque se termine le championnat... mais ça fait du bien.


Yuri on Ice c'est des paillettes, un peu d'humour con, un couple mignon mais pas que, c'est de la danse sur glace dont tout le monde sort avec le sourire et avec la bonne grosse ambiance morose et déprimante de cette années 2016, c'est BON. Tant pis si on peut trouver ça démago, l'anime n'a pour moi pas d'autres ambitions que de raconter une jolie histoire d'amour sur fond de danse et de musique. Lumineux, mignon sans mièvrerie et finalement plus intelligent que ça n'en a l'air de prime abord, Yuri on Ice c'est exactement ce qu'il faut pour un moral en berne. Une chouette bouffée d'oxygène, en espérant que la plus que probable saison 2 mette à plat les quelques défauts.

SubaruKondo
7
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le 23 déc. 2016

Critique lue 2.8K fois

15 j'aime

SubaruKondo

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