Your Lie in April
7.9
Your Lie in April

Anime (mangas) Fuji TV (2014)

Oh chouette un anime sur la musique classique ! L'affiche explosant de luminosité m'inquiète un peu mais allons-y ! [...]
Voilà, Nodame Cantabile est un trilliard de fois meilleur, l'anime ne rend pas justice à la musique et au revoir. Non je rigole, l'unique chose qui me motivait à aller à l'épisode suivant durant le creux allant du sixième de l'anime à l'avant-dernier épisode était de pouvoir écrire des conneries en critique, so let's go !


Mais de quoi parle donc cette escapade musicale ? Alors Kosei est un enfant prodige, pianiste virtuose. Il est diabolique de précision dans son jeu, et ce du fait de l'entrainement drastique (ou plutôt de la maltraitance infantile) que lui inflige sa mère. Mais pourquoi ce boutchou se prend-il donc des mandales ? Où est le service de la protection de la jeunesse ? Eh bien sa mère est une pianiste. Mais que dis-tu petit sagouin, les pianistes sont-ils des êtres froids, déconnectés de la réalité et foncièrement cruels ? Que nenni l'ami, c'est que sa mère a une maladie incurable (enfin on imagine), et comme tout parent égoïste elle place son instinct maternel au placard pour confectionner son rêve intime avant de rendre l'âme, celui d'aller en Europe en l’occurrence. Eh oui un musicien n'est accompli tant qu'il n'a arpenté les salles les plus prestigieuses du bon vieux continent et mis des étoiles dans les oreilles de ses mélomanes. Telle est la dure loi de l'élitisme musical. Et c'est notre petit héros qui en fait les frais. Sacrifier l'époque bénie de l'insouciance lui permet tout de même de gagner tous les concours auxquels il participe, créant à son insu une petite fan base que l'on retrouvera plus loin. Mais cela a malheureusement fait de lui une machine, un robot, un métronome, qui a perdu la perception du "son", ne faisant que de retranscrire à la perfection la partition de l'auteur. Cependant il s'accroche, il veut faire plaisir à sa mère. Alors quand celle-ci s'éteint, il craque. Il ne retouchera plus au clavier de son Steinway & Sons.


Jusqu'à ce qu'on arrive au début de l'anime deux ans plus tard, vous pensiez bien. Donc rapidement : son amie d'enfance le pousse à se bouger le cul, il rencontre une nana violoniste qu'il va admirer et qui sera l' élément déclencheur de sa seconde vie, ils vont faire un duo qui va marcher à moitié, il sera poussé à concourir à nouveau, ses rivaux vont entrer en scène et hop on est dans le vif du sujet. Enfin vif du sujet... C'est le premier reproche que j'ai à faire : le rythme est bâtard, pour pas dire inexistant. Concrètement il ne se passe rien, il n y a que de l'étalage de sentiments. Une scène ne peut exister pour elle même, chaque fois un personnage est obligé de commenter ce qui se passe, de faire avancer le schmilblick en décrivant précisément ses sentiments et ceux des autres par l'intermédiaire d'analepses. Et ces innombrables flashback sont justes agaçants ! Franchement un épisode contient quoi au juste ? Des inepties et des flashbacks
ineptes. Y a aucune structure, aucun rythme, aucune accroche. Au moins dans une tranche de vie on peut se laisser porter par l'histoire, par l'ambiance, là on ne fait que de couper et couper et couper... Tout est amené trop rapidement, les éléments faisant avancer l'histoire ne sont pas toujours fluides ou sont faciles. Un peu différent mais je pense notamment à sa période d'inactivité musicale : le laps de temps de 2 ans est beaucoup trop court, c'est ridicule comme concept. En plus de ça il passe de mioche haut comme trois pommes à ado moyen, je trouve ça un peu gros, pour pas dire carrément énorme. (Je crois que le véritable problème de l'anime est d'avoir voulu mettre en scène de très jeunes adolescents. Le drame aurait mieux fonctionné avec une période plus longue et donc des protagonistes plus âgés). Et pis c'est quoi ce charisme d'endive, pour le coup j'aurais préféré le cliché du solitaire torturé snobe richard plutôt que le traditionnel combo moche t-shirt manche longue + t -shirt. Bon je dis n'importe quoi, même en écolier il a le charisme d'un poulpe. C'est d'ailleurs valable pour tous les personnages. Mais la palme revient au rival tout droit sorti d'un shonen. Sa coupe improbable décrédibilise tout cet univers. En parlant de rivalité, je n'ai pas trop aimé le concept de celle-ci mais je reconnais que l'idée du héros s'inspirant des deux rivaux pour faire renaître sa musique alors que ceux-ci l'avaient justement comme modèle est pas mal.


Par contre ce que je ne peux laisser passer, c'est toute l'exagération ambiante. Les musiciens perdent littéralement des litres de sueur, chaque figurant est expert en musique classique, chaque membre du public se représente la même image que les autres... Tiens il faut que je m'attarde là dessus, c'est tellement absurde. Par exemple avec la rivale qui "voit" la vitre cassée et l'odeur de craie dans la prestation du héros. Non putain ! T' y étais pas quand l'autre l'a cassée, tu peux pas entrevoir, ressentir cette vitre par le biais des notes. Et même, c'est complètement con. Ou encore, quand tout le monde dans la salle s'exclame "Ne t'arrête pas !" "Le jeu a perdu toute énergie, va-t-il s'arrêter ?" alors que le pianiste y met un peu moins de cœur à l'ouvrage, c'est du grand n'importe quoi. Et des moments du genre, il y en à la pelle...
Mais ce qui m'exaspère le plus, c'est le public qui a toujours la bouche ouverte et les yeux écarquillés. NON. Ça ça tient de l'ordre du cliché et c'est hyper agaçant, d'augmenter l'intensité d'une scène par artifices.
Oh et puis se livrer tout nu (je veux dire son être intime) devant des inconnus, non mais quoi, la vraisemblance vous connaissez ? Dans le domaine de l'exagération encore, la musique en arrière a souvent rien à y faire, ça donne vraiment l'impression qu'on ne regarde pas un instant de récit mais un résumé type accroche de bande annonce (typiquement ce qu'on trouve à la fin d'un épisode, qui montre ce qui va se passer dans l'épisode suivant). Toujours concernant la musique, mettre de la j-pop DURANT l'épisode dans une série portée sur la musique classique, NON t'as pas le droit. De même, TU PEUX PAS AJOUTER DU VIOLON A LA BANDE SONORE POUR FAIRE PLUS DRAMATIQUE ALORS QU'ON REGARDE UNE PRESTATION AU PIANO PUTAIN, CA TIRE UNE BALLE DANS LE PIED AU PROPOS DE LA SCÈNE !
(Je parle pas du dernier concert où il imagine sa donzelle l'accompagner)


Et toujours par rapport au côté lourdement exagéré l'exemple qui suit me fait désespérer : le directeur de la salle (ou on s'en fout qui c'est) dit au héros qu'un concours est un sanctuaire pour honorer la musique et non un lieu pour faire de l'introspection. Genre t’ arrives à comprendre que sa prestation foireuse est une introspection. J' pense alors. Et d'abord, si tu joues du Pink Floyd avec une note par minute, OK encore je veux bien, mais pour un morceau über technique, t'as pas le temps de penser à autre chose que ta partition. Tu peux pas faire 20 notes par seconde tout en te disant "mmm mais oui si mes sons ne résonnent pas c'est que profondément il manque quelque chose dans ma vie, mais quoi ? [jeu hésitant avec une pointe de fébrilité] faisons une liste exhaustive des malheurs du monde. Alors A) J'ai les cheveux noirs donc de prime j'ai un look ténébreux et du coup en résulte ma solitude tout autant qu'une incompréhension de la société à mon égard, quelle tepu cette société quand même [jeu énervé et sec], non c'est vrai quoi l'humain ne trouve rien de mieux pour valoriser sa petite existence insignifiante que de rabaisser l'autre de manière vile, il est vraiment dégueulasse [jeu poisseux et collant empli de dégoût]. Ah si je n'avais pas 14 ans je leur péterais tous la gueule à ses affreux jojos ! Enfin pas à toi mon coquelicot d'amour [brusque virement à un jeu rond et cristallin], toi qui est si énergique, si pleine de vitalité, ah tout mon opposé, et pourtant c'est toi qui m'a poussé à reprendre du service scénique, tu es mon ange [jeu sautillant et passionnel]. Lors de cette folle et rude semaine de répétition intensive, tu m'as demandé comment je voulais faire passer Chopin, quelle image je voulais montrer. Eh bien je me rends tout d'un coup compte qu'il faut être soi-même, que je pense à toi plutôt qu'à me concentrer, que finalement c'est toi qui a essayé de me montrer que la liberté est musique. Oui c'est ça ! [jeu léger, apaisé tel une plume dansante dans une bise caressante du printemps]. Grâce à toi je peux me libérer des chaînes de ma mère ! Si je joue c'est... pour toi. Je m'en fiche des craignos là qui veulent me juger et des autres ploucs remplissant cette salle, tout ce qui m'importe désormais c'est que ma musique te touche. Guide de ma vie, cette mélopée est pour toi [jeu amoureux teinté de naïveté et de fougue].



Slogan: "Si t'es amoureux, tu joues mieux."



Non mais bordel, arrêtons ces conneries tedjeu.


Et pis le coup des lucioles, par pitié on peut pas avoir UN dialogue naturel pour une fois, vous savez dans le genre quelque chose qu'il est possible de sortir de sa bouche, pas un enrobage poétique sorti de nul part. C'est vraiment symptomatique. Dès qu'un personnage tente le vénérable effort qu'est la communication avec un congénère, c'est pour disserter philo-psycho le regard hagard. Merde même avec les chats en fait (oui c'était complétement naze de refléter les angoisses de la tête à claque à lunettes par le biais d'une sorte d'hallucination cataire (putain cet adjectif existe pour de vrai, c'est génial).


J'exagère ? Il tombe dans la piscine et hop monologue interne : "Au fond des ténèbres, les sons sont inaudibles". Je veux bien que t'es jaloux de ton pote et que cette baignade inopinée est l'occasion de déprimer un coup mais cet extrait met bien en exergue le mécanisme chiantissime de l'anime, à savoir la saturation des pensées des personnages. Tout est toujours expliqué, rien n'est suggéré, du coup comment éprouver de l'empathie pour les personnages quand ceux-ci ne font
que débiter leurs émotions ? Dans la vraie de vraie vie véritable, on ne se comporte pas comme ça, là je ne vois que des automates, des scripts sur pattes. L'émotion y est juste artificielle.


Le pire c'est que c'est souvent pour dire des trucs débiles, comme quand machin doit jouer avec sa désirée violoniste dans un gala et qu'elle est en retard pour monter sur scène, voyez vous-même le niveau d'absurdité :


"Tu vas quand même y aller ? Tout seul ?"
"Oui. Je suis en colère (note : un gosse venait de traiter sa chérie de pseudo-musicienne parce qu'elle met beaucoup de vie dans sa musique plutôt que de respecter la partition). C'est pour ça que je vais leur montrer le genre de musicienne qu'est Miazono Kaori (note : sa demoiselle)".


Mais... que pute ? C'est quoi le lien de cause à effet au juste ? C'est vraiment digne d'un shonen ça, ces belles paroles non-sensiques. Parce que dans le concret tu vas faire comment pour faire comprendre aux gens au travers de tes doigts d'abrutis fini qu'ils écoutent une charmante violoniste excentrique et non le pingouin binoclard qu'ils ont en face des yeux, hein mon con ?


Et pour quoi en retour ? "C'est décevant. Il ne fait que déverser sa colère. Il confond la fougue et la brutalité. C'est dissonant." Cette série me désespère. Mais continuons. Après il fait encore une introspection à deux balles, et il se rappelle la manière de jouer le morceau de sa défunte tyran-mère, et là pleins de boule-lueurs matérialisant la béatitude des sons se propagent dans la salle (un effet bien pompé à Nodame Contabile) et toute ladite subjuguée salle se rend compte du changement de jeu, surtout le mentor et ancienne amie de sa mère qui s'exclame alors "Saki ! (note : nom de la mère) C'est Saki. Saki est là !". Cette série est navrante.


Au final, que raconte l'histoire ? La résurrection d'un pianiste, la résurrection d'une vie ? Oui, et dans l'idée c'est très bien, mais c'est aussi le problème : l'unique chose montrée est l' affranchissement du sombre héritage de sa mère, qui en plus a finalement été possible par le pouvoir de l'amouuuuur. Parce que le brossage du monde classique est raté, c'est très superficiel (un peu moins sur la fin), avec des sempiternelles messages ringards tel "Tu dois croire en toi", "Il n'entend plus les "sons"", "Pour réussir, il faut que tu ouvres ton cœur". En fait c'est surtout les interactions entre les personnages qui tirent la série vers le bas je crois. Les personnage sont néanmoins très peu mémorables (que les deux derniers épisodes qui leur rendent un tant soit peu justice), mais c'est probablement dû au cadre temporel très restreint, ils n'ont pas le temps de se déployer. Enfin j'ai tout de même apprécié l'amie d'enfance. En y repensant, j'ai l'impression d'exagérer les défauts mais je jure qu'ils m'ont fait saigner des yeux.


Aller pour terminer, quelques pensées en vrac pour contredire ma dernière phrase :



  • Et le rôle du père dans tout ça ? Ah comme les congés paternités, il
    n'existe pas (quand il pourrait être utile) ? Mais c'est vrai que
    c'est tout de suite moins larmoyant, ça aurait été dissonant
    vis-à-vis de l'impact du drame maternelle, bande de tricheurs.

  • "C'est avec ce genre de clichés que les hommes ne sont plus des
    dieux" dixit la morveuse de 8 étés. Arrêtez d'abuser sérieux !

  • "Jouer pour quelqu'un est bien plus important que je ne le pensais"
    Tuez-moi

  • J'ai quelques réserves quant au fait que des jeunes prodiges fassent
    leurs études dans un collège lambda, mais ne chipotons pas sinon la
    série ne tiendrait pas debout.

  • Il dit qu'il a les yeux noirs donc ne peuvent briller, quid des yeux
    bleus pétants ?

  • Je trouve que les choix graphiques (dans les moments humoristiques)
    manquent de cohérence.

  • L'animation pète le feu, mais c'est souvent pour du vent.

  • J'ai bien aimé la copine blasée de l'amie d'enfance.

  • C'est trop meugnon, il récite la même prière que sa belle avant de
    jouer. vomit

  • "Ton piano le chantait haut et fort, ce je t'aime" PUTAIN


Note : je passe à 5 pour les trucs positifs que je n'ai pas relevés dans le présent ticket et que met en lumière La Biche

Dagoni
5
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le 9 avr. 2017

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