Ces derniers temps, il m'arrive de plus en plus rarement de rentrer dans une série sans être obligé de faire des compromis massifs. Et depuis la Twilightïte aiguë d'il y a quelques années, le fantastique est régulièrement mis à mal par des sous produits visant, semble-t-il, les adolescentes en mal de romance et écrit, semble-t-il toujours, par ces mêmes adolescentes frustrées et rêveuses ayant désormais grandi et décidé d'exploiter cette fibre dans le jeune public.
Démarche répugnante s'il en est une, car ces auteurs connaissent spécifiquement les faiblesses du public visé, et les exploitent parfois avec brio, souvent grossièrement, et toujours sur le même mode.
On aura une liste de clichés plus ou moins systématiques :
- la règle d'or du triangle amoureux : impossible d'accrocher le public visé sans un beau gosse ténébreux et mystérieux qui vient troubler une relation solide et saine. Stabilité vs passion, sécurité vs danger, difficile de trouver une personne dans les 13-23 ans qui ne puisse pas s'identifier de près ou de loin à quelqu'un pris dans cette danse, le fantasme de la passion dévorante pour troubler le traintrain quotidien. Bref, je ne vais pas vous faire l'affront d'une analyse du triangle amoureux, il est suffisamment caricatural dans Twilight pour se passer de commentaire. Dans Witches..., il n'est pas plus fin, même si l'on sent un twist pointer son nez avec ses gros sabots dès l'épisode 1.
- "Je ne suis pas comme les autres car j'ai des pouvoirs" : là encore, fantasme typiquement adolescent sur le besoin de singularité ou la justification de la différence et du rejet ("ah, les autres me comprennent pas parce que je suis différent, mais c'est parce que secrètement j'ai des pouvoirs qui dorment en moi") qui se passe de commentaire, et sert généralement de socle à un cliché connexe : "le/la meilleur(e) de sa génération".
Et évidemment, Witches... joue ces cartes ni mieux ni moins bien que les autres, que ce soit le décevant Secret Circle ou encore Twilight. Peut-être Witches... le fait-il avec un peu plus d'humour que les autres...

Bref, ces deux clichés (et demi) semblent être le support sur lequel les auteurs et réalisateurs/trices décident de bâtir leur trame scénaristique, sachant que celle-ci s'avèrera presque secondaire, la Sainte Trinité du Cliché jouant le rôle d'hameçon. Je ne reviendrai pas sur le mépris que cette vague soulève en moi, j'ai fait une liste à cet égard sur les dangers que représente le post-Twilight qui est suffisamment claire.

Non, ici, je voudrais parler des autres, les non-adolescentes, ceux qui suivent avec un désespoir grandissant les séries fantastiques non pas à cause du triangle amoureux foireux, mais en dépit de celui-ci, en tentant de focaliser sur le reste, sur l'élément fantastique. Car l'amateur de fantastique, même s'il est généralement assez malin pour se tenir loin de ces séries, tombe parfois dessus par erreur, et si, comme moi, il ne peut pas voir un début sans connaitre la suite, c'est parti pour une saison de souffrances.
Pourquoi souffrance ? Parce que la façon dont les clichés se manifestent est brutale, sans finesse. Les réalisateurs ne prennent souvent même pas la peine de cacher la misère. Ici, le beau ténébreux débarque dès le premier épisode, à l'arrache, avec la bonne vieille ruse du "j'ai rêvé d'un inconnu" qui débarque ensuite dans sa vie!
Mais mon amour sincère pour le fantastique et le monde de la sorcellerie me pousse à regarder la chose, à m'accrocher aux faibles branches qui ont posé racine dans le fantastique, en tentant de composer avec le reste.

Sauf que Witches of East End a le pied dans DEUX catégories de fléaux télévisuels contemporains!!
Non seulement cette série puise sans vergogne ni honte du ridicule dans les clichés cités plus haut, mais en plus, elle fait partie de ces séries à mode opératoire récurrent, ces séries qui réutilisent la même mécanique d'épisode en épisode, un peu à la façon du pathétique The Following.
Ici, les filles trouvent un indice sur leurs vies antérieures (grosso merdo), elles demandent des explications à leur mère, celle-ci ment de façon particulièrement peu convaincante et agaçante, les filles vont faire des bêtises pour trouver la vérité, elles vont se mettre en danger, la moman va sauver la situation de justesse, pour finir par céder et raconter la vérité.
La mise en place ne prend même pas la peine d'essayer d'être crédible, non, la mère ment sans conviction, a l'air faussement surprise quand ça part en couille, bref, même elle n'y croit pas.
Mais bon, les pisseuses avec des étoiles dans les yeux s'en fichent, parce que Kilian, et parce que son frère, et ça peut arriver aussi dans la vraie vie, d'ailleurs j'ai toujours senti que j'étais différente...etc
(Mais l'annonce du prochain episode laisse entendre un VRAI retournement de situation, donc la note reste provisoire et indulgente car j'aime Madchen Amik)

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le 12 nov. 2013

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toma Uberwenig

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