Wakfu
7.2
Wakfu

Dessin animé (cartoons) France 4 (2008)

"Utilise la force... euh non, le Wakfu !"

Il y a quelques temps, j’avais déjà parlé des adaptations de licences de jeu vidéo en film desquels on pouvait difficilement espérer du bon à quelques exceptions miraculeuses. Mais, comme pour le MCU à travers les séries télé comme Daredevil et Jessica Jones, les jeux vidéo en série parviennent à connaître le salut dés lors qu’ils sont entre de bonnes mains. J’avais déjà parlé de Steins;gate parmi les animés japonais adaptant un jeu vidéo, mais je pourrais aussi citer Castlevania chez Netflix qui, malgré ses imperfections certaines, partait avec l’envie d’installer petit à petit de véritable protagoniste ainsi qu’une atmosphère et de vraiment retranscrire un univers vidéo ludique sans tomber dans la copier-coller lisse et consommable. Et enfin, il y a Wakfu qu’Anthony Roux alias TOT et l’équipe du studio adaptent l’univers de leur jeu.


Contrairement à un navet comme Assassin’s Creed qui semblait exister que pour faire de la publicité, il y a un détail qui fait toute la différence : la passion. Ankama met du cœur dans la mise en image de l’univers du Krosmoz et du monde des 12, et ce en se mettant d’avance d’accord sur ce qu’il va raconter et comment le faire en y insufflant leur hommage aux codes de l’animation japonaise (expression faciale cartoonesque, les spin-line lors de certains combats, l’extension de l’univers) tout en restant fidèle au style visuel de leur jeu vidéo et en s’amusant à placer une référence à la pop culture ici et là. Mais sans que ça ne déborde ou que ça nuise à l’axe narratif principal de cette série : la quête de Yugo sur ses origines et le peuple Eliatrope (pour les deux premières saisons en tout cas).


Cela dit, on pourra faire certains reproches sur la constitution des deux premières saisons de Wakfu. Lorsque Wakfu avance sur la quête centrale de la série, tout va bien. Chaque espèce ou peuple est mis en valeur comme les Sadida, les Bontariens comme les Brackmariens durant la trilogie du Boufbowl lors de chacune des 2 saisons, le passage dans la dimension des démons Shushus ou encore l’arrivée à destination réservant chacune son lot d’événement majeur. Mais lorsqu’on passe en épisode stand-alone, Wakfu a tendance à faire du surplace une bonne partie du temps malgré un aspect nettement divertissant à ces petits épisodes.


Parfois ça apporte un plus à notre groupe de héros en herbe (les retrouvailles entre Ruel et sa grand-mère tenante d’un téléphérique), parfois ça va dans l’hommage sympathique malgré son aspect anecdotique par rapport au reste (toute la séquence un peu gratuite en mode hommage aux jeux de plate-forme tel les Sonic, Mario Bros, Tetris, Pac Man ou encore Street Fighter II, le combat contre les soldats tamponneurs avec une chanson qui pourrait se retrouver dans un générique d’animé japonais, l’épisode en mode film de zombie de George Romero en Pandalousie), mais parfois on s’en passerait bien et perso je me demandais un peu pourquoi on perdait notre temps par moment (le passage sur l’île des Bellaphones, un détour complètement inutile en plus d’être énervant).


Mais heureusement la principale force de cette série animée, ce sont justement ses personnages et leurs inspirations sur certains modèles de héros du genre Shonen sans jamais tomber dans la copie factice et en laissant ce groupe s’affranchir en tant que vrai personnage à part entière. On se souvient de l’intrépidité de Yugo l’éliatrope (doublée par la géniale Fanny Bloc), du pingre au grand cœur Ruel Stroud l’énutrof (à qui Patrick Béthune a prêté sa voix une dernière fois cette année avant de nous quitter), d’Evangelyne l’archère Crâ la plus adulte du groupe et proche d’Amalia la princesse Sadida assez capricieuse et en mal d’aventure, et enfin Tristepin le Iop tête brûlée mais vaillant comme jamais. Y compris plusieurs rôles récurrent comme le roi Sadida, Goultard le barbare, Kriss la Krass, Remington Smiss le roublard, Adamaï, Rushu le roi des Shushus, Oropo, Nox ou encore Qilby.


Mention spécial à la VF qui, pour la peine et pour tout fan de doublage qui se respecte, nous livre un paquet de petit rôle confié à plusieurs voix récurrente au doublage français : Richard Darbois pour l’épisode 3 :



Tremblez devant la puissance du corbeau noir !



, Pierre Hatet, Gérard Surugue, Bruno Choel, Benoit Allemane, Dorothée Pousséo et plusieurs comédiens de doublage spécialisés surtout entendu dans le doublage de plusieurs animés japonais (Benjamin Pascal, par exemple qui double Nox).


Un peu moins marqué en revanche par la musique de Guillaume Houzé, l’habituel compositeur de la série et de Dofus chapitre 1 : Julith. Je suis déjà pas un gros fan de la chanson générique qui, je trouve, fait plus sous-générique d’animé japonais que vrai générique, quand à ses morceaux, le boulot est là mais on comprend vite que ça n’est pas spécialement pour ça qu’on regarde cette série.


J’ai eu un peu de mal à me faire au style visuel de la série par ailleurs avec ce mélange d’animation en 2D avec des personnages vaguement en 3D donnant un air saccadé à leurs mouvements et un aspect jeu vidéo qui me rebutait un peu. Mais au bout d’un moment, ça va on s’y fait bien et lors de certains gros combats, l’animation s’émancipe parfois et trouve un bon équilibre avec l’animation 3D et les décors en 2D. Par contre, comme à la manière d’un animé Shonen Nekketsu, dés que les combats importants arrivent, Ankama Animation arrive à se surpasser quand il faut et à donner du souffle aux enjeux et à l’évolution de la série comme de ses héros au fil des saisons.


Puis bien sur, très récemment, il y a eu cette saison 3 (après 3 épisodes spéciaux plus inégaux) : qui est en quelque sorte l’aboutissement de Wakfu et la preuve de sa maturité atteinte petit à petit après avoir vécu plusieurs petites aventures. Mature à travers la continuité de l’univers et de nos héros ayant mûri


(Tristepin et Evangelyne étant devenu parents)


ou remis en question, de comment on redécouvre certains d’entre eux


(le nouveau visage d’Adamaï)


et de la jeune relève de cette nouvelle saison auxquels on s’attache très rapidement


(Elely, la digne héritière de sire Tristepin).


Même si on pourra reprocher un défaut de rythme en fin de saison et quelques questions sans réponses, cette saison ne fait pas de détours inutiles et va à l’essentiel la grande majorité du temps. Il se concentre une intrigue principale et il incorpore les sous-intrigues personnels à l’intérieur afin d’y créer des enjeux en béton, avec toujours ses références dosés mais qui plaira au plus acharné (la tour d’Oropo rappelant celle des chevaliers d’or dans Saint Seiya, le titre d’un épisode étant celle d’une chanson de sitcom diffusé au Club Dorothée sans oublier un final à la Dragon Ball Z).


Et surtout, une fois qu’on est arrivé au bout du parcours de cette série : on en ressort avec l’impression de vraiment connaître un univers, de vraiment l’avoir découvert en largeur et d’avoir vu nos héros aller au bout de leurs évolutions (si on exclut le cliffhanger de la saison 3 et les petits détails visuels montrant les limites du studio au niveau du budget, va falloir attendre pour une potentielle quatrième saison).


Conclusion : Wakfu, c’est du manga à la française, de l’action, de l’émotion, de la sueur, du sport, le voyage, de l’humour, des clins d’œils, des valeurs familiales, de l’amour, des voyages dimensionnels et surtout une déclaration d’amour sincère à la culture manga et à la Japanimation qui s'est trouvée une identité au fil du temps. A tel point que la série est diffusée dans près de 150 pays en ce moment, si avec ça on n’a pas la preuve de sa popularité je ne vois pas quoi mettre de plus sur la table.


Et malgré les limites de leurs budgets et le bide de Dofus en 2016, ça n’empêche pas Ankama continue de tailler leur route avec leur deuxième projet de film d’animation en collaboration avec le Japon, Mutafukaz déjà diffusé dernièrement à Annecy. En espérant qu’un petit miracle permettra à cette co-production de rencontrer un succès honorable à défaut de faire péter les records et de confirmer la bonne volonté du studio qui n’est plus à faire : Wakfu en est la preuve.

Créée

le 20 nov. 2017

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