Vice Principals
6.9
Vice Principals

Série HBO (2016)

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Saison 1 : 7/10 "Games of school"


Ça démarre trop bien.


On retrouve l'univers de Jody Hill et de Danny McBride, avec des personnages principaux plus salopards et grandes gueules que jamais, les premiers épisodes sont une pure merveille et puis, peu à peu, l'intrigue perd de sa force. En fait, ce qui arrive, c'est que la méchanceté des personnages tend à s'évaporer, notamment au travers de cette volonté maladroite d'insérer du drame, du pathos. Que la rivalité soit mise de côté, c'est plutôt malin, mais que l'objectif principal soit un peu oublié pendant plusieurs épisodes, c'est embêtant, ça donne l'impression qu'on ne sait plus trop où on va.


Les personnages perdent aussi de leur crédibilité : la proviseure est initialement montrée comme une femme forte qui use et abuse de son pouvoir pour ensuite dériver sur un personnage plus gentil. Tout comme les deux héros. Cette volonté de nuancer nuit grandement à l'efficacité de l'intrigue car on se perd en sous-intrigues dramatiques mal exploitées (l'histoire d'amour, on sen délaisse très vite, tout comme la relation père-fille n'est pas assez approfondie). Le revirement final attendu déçoit également : les deux rivaux sont devenus amis malheureusement, reste la proviseure qui peut amener de bonnes choses dans la prochaine saison ; juste dommage d'avoir cédé à la facilité d'un cliffhanger pour annoncer cela, même si le côté spectaculaire est assez plaisant, je l'avoue.


La mise en scène est bonne du début à la fin. Jody Hill se débrouille très bien avec son petit budget, installe les travelling nécessaires à rendre l'action plus cinématographiques, fait oublier qu'il s'agit d'un produit pour la télé, filme bien ses décors, ne les exploitent peut-être pas toujours assez. La fin, plus spectaculaire, m'a laissé partagé : d'un côté c'est fun, mais d'un autre c'est là où on sent le plus le manque de budget.


Les acteurs et actrices sont tous assez bons, il y a une bonne alchimie entre chacun. Et puis en plus les gonzesses m'ont toutes plu ! Ma préférée c'est Kimberly Hebert Gregory, miam, mais j'ai aussi particulièrement apprécié Georgia King qui a un très joli popotin, Edi Patterson qui ne dévoile pas grand chose mais a un certain charme et Ashley Spillers qui est toute mignonne.


Bref, cette série perd de son rythme arrivé à la moitié de cette première saison, redémarre difficilement à la fin ; de manière globale, ça reste une série divertissante.


Saison 2 : 7/10 "Mean People"


Cette seconde est un peu décevante. La première l'était déjà un peu, c'est pire pour la seconde.


En effet, les auteurs dévient complètement du sujet ; ils tentent d'y revenir dans certains épisodes mais c'est assez anecdotiques. C'est dommage parce que le sujet de base est une bonne idée et le traitement à la McBride est assez jouissif. Cela n'empêche pas d'avoir de la qualité d'écriture : le personnage phare est le mieux traité, le plus intéressant et toute cette enquête ainsi que les quêtes secondaires sont assez amusantes. Je suis moins enthousiaste par rapport au traitement plus individualisé de l'acolyte (divorce, enterrement) : à nouveau l'écriture n'est pas mauvaise, mais là on sort vraiment du sujet, le personnage ne semble plus appartenir au même univers dans certains épisodes.


Les deux plus mauvais épisodes sont les derniers. Ce sont ceux qui permettent de revenir au sujet principal qui donne son titre à la série et pourtant ce sont les plus faibles. Ils ne sont pas très drôles et on sent que les auteurs veulent amener des résolutions. Le twist de fin n'est pas très crédible, les derniers rabibochements non plus. Et puis ce sont les moins comiques.


À propos d'humour, à plusieurs reprises j'ai eu l'impression que les auteurs auraient pu aller plus loin, qu'il n'y avait qu'un pas à faire pour que ça soit hilarant. Pour beaucoup de gags, j'attendais donc que ça monte mais ça ne montait pas. C'était drôle malgré tout, j'ai bien rigolé. Puis on est dans l'humour McBride, c'est-à-dire un humour un peu bizarre, décalé (même s'il s'agit ici de son récit le plus accessible je pense) fait de méchanceté, de pitié et d'amour.


Et qu'est-ce que les personnages sont méchants dans cette saison. C'était déjà le cas dans la saison 1 ainsi que dans la précédente série de McBride, mais ici, vraiment, les auteurs atteignent des sommets : beaucoup de scènes mettent un peu mal à l'aise tant les personnages se comportent méchamment sans jamais devoir s'amender. Par moment on se dit que les deux personnages principaux sont loin d'être les pires. Le plus bizarre c'est qu'on s'attend à ce qu'un personnage sauve la situation, dénonce les méchants collègues ou quoi, mais non pas vraiment. C'est pas plus mal en fait. L'absence de morale, c'est tout de même salutaire (c'est peut-être pour ça aussi que certains gags auraient mérité d'aller plus loin ; l'épisode avec la fille et ses copines, par exemple, j'espérais que ça devienne vraiment trash, surtout par rapport aux allusions de l'acolyte).


La mise en scène fonctionne bien. Je pense que David Gordon Green ne sera pas pressé de refaire des comédies tant qu'il bossera sur cette série (ce qui pourrait donc s'arranger étant donné que le dernier épisode de cette saison-ci laisse supposer qu'il pourrait ne pas y avoir d'autres saisons) parce que clairement il peut s'amuser ici, faire plein de choses. Et il les fait bien ces choses. Il sait mettre en valeur les acteurs, le récit, les gags.


La séquence la plus impressionnante (et peut-être bien une de mes préférées) est dans un des épisodes que j'apprécie le mien : il s'agit de l'incroyable baston qui oppose les deux héros. Ce traveling latéral tout simple avec les acteurs qui se déchaînent (ils parviennent à suivre le rythme tout en insufflant un ton humoristique). C'est complètement dingue et j'espère pour les acteurs qu'ils n'ont pas dû la refaire trop de fois.


Le casting est toujours bon. Dommage que certaines têtes disparaissent, ceux qui restent et les nouveaux s'en sortent heureusement très bien (j'adore ce gosse ex-dealer). On sent que les gens s'amusent dans cette série, et puis ils sont plusieurs à parvenir à compléter le personnage (je pense que la prof d'art est la moins intéressante).


Bref, je me suis bien marré mais je continue de penser que cette série aurait pu devenir énorme avec un traitement plus décalé, plus assumé, plus jusqu'au-boutiste.

Fatpooper
7
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le 2 nov. 2016

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Fatpooper

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