Veronica Mars
6.4
Veronica Mars

Série Hulu, The CW, UPN (2004)

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Les amateurs des aventures de Sherlock Holmes et autres romans d'Agatha Christie – et de jolies blondes, au passage – peuvent se réjouir : Veronica Mars est maintenant disponible dans un coffret reprenant l'intégrale de la série, soit un total de soixante-quatre épisodes répartis sur trois saisons. La série, créée par Rob Thomas – qui est aussi à l'origine des séries 90210 (reprise de Beverly Hills), Party Down et scénariste sur la première saison de Dawson – est diffusée dès 2004 sur les chaînes UPN et The CW, cette dernière n'étant que le résultat de la fusion entre UPN et The WB.

Veronica Mars, c'est l'histoire d'une jolie blonde, qui vit dans la ville imaginaire de Neptune et qui fait partie de l'« élite » d'un lycée qui compte son lot de nantis. Car Neptune est une ville riche, tenue qui plus est par une population de « respectables » hommes d'affaires et autres acteurs... Une élite qu'elle ne tardera pas à quitter, bon gré mal gré, lorsque sa meilleure amie, Lily Kane, est sauvagement assassinée et que le père de Veronica, shérif de Neptune, accuse alors le père de la jeune fille du meurtre. Une position qui ne lui vaut pas que des félicitations de la part de la population locale, Jake Kane étant un de leurs plus éminents – comprendre, riche – représentants. Il quitte dès lors son poste de shérif pour se reconvertir dans l'investigation privée, avec l'aide de sa fille qui n'aura de cesse de vouloir retrouver et exposer l'assassin de sa meilleure amie.

C'est du moins le point de départ de cette première saison de la série puisque, contrairement aux apparences, tout n'est pas tout rose à Neptune et les cas de violences, viols, cambriolages et autres crimes sont légion, élevant la ville au statut de ville au taux de criminalité le plus costaud de l'univers. Une aubaine pour Veronica, qui s'avère être une enquêtrice hors-pair, qui mettra bien volontiers ses talents au service de ses camarades de lycée en échange de quelques billets verts. C'est ainsi qu'épisode après épisode, Veronica résoudra tout un tas de crimes et délits, tout en s'approchant dangereusement de la vérité concernant l'assassinat de Lily Kane.

Malheureusement, comme toute série se basant sur un concept tel que celui-ci, une fois l'intrigue principale bouclée et le mystère résolu, il est difficile d'embrayer sur une nouvelle histoire sans sombrer dans la répétition. C'est pourtant le cas dès le début de la deuxième saison, qui, cette fois-ci, oblige Veronica à enquêter sur un accident de bus qui tue plusieurs de ses camarades lors d'une sortie scolaire. Un accident qui la désigne directement puisqu'en plus d'y avoir échappé – elle aurait du être du voyage –, son nom est écrit sur la main d'un des passagers défunts ! Veronica et son détective de père vont donc mettre un point d'honneur à trouver qui est responsable de ce qui ressemble de moins en moins à un accident.

On prend les mêmes et on recommence, à peu de choses près. L'obsession de Veronica envers l'auteur du meurtre de sa meilleure amie possède ceci d'intéressant qu'elle permettait de définir le personnage, dont le passé s'avérait être finalement moins blanc que ce que l'on aurait pu imaginer. Le besoin de justice, voire même un sentiment de vengeance, les motivations de Veronica étaient tantôt troubles, tantôt excessives, toujours abusives. Ici, il n'est pas question de quelque chose d'aussi viscéral et, bien qu'une telle situation en intriguerait plus d'un, il faut bien avouer que rien n'obligerait qui que ce soit à enquêter sur un « banal » accident de la route. Mais voilà, Veronica Mars n'est pas n'importe qui et son joli minois n'a d'égal que son extraordinaire capacité à fourrer son nez dans des affaires qui ne la regardent pas – ou peu.

Un état de fait qui finit par agacer le spectateur, qui demande un peu plus qu'une copie de ce qu'il a déjà vu lors de la première saison... Malgré un taux d'audience désastreux, la série se poursuit pour une troisième année. Cette fois-ci, Veronica est une jeune étudiante en criminologie (comme quoi, tout à une logique...) qui ne tardera pas à être confrontée à deux problèmes majeurs qui se succèdent à mi saison : une série de viols sur le campus, dont l'odieux auteur laisse ses victimes le crâne rasé, sans aucun souvenir de la nuit passée ; ensuite, le doyen de la faculté mourant dans d'étranges circonstances. Dans les deux cas, Veronica, une fois encore, se sent dans l'obligation d'intervenir, en plus des quelques sous-intrigues et enquêtes qu'elle va mener afin d'arrondir ses fins de mois.

Si les situations proposées restent assez proches de ce qui avait été montré précédemment – voire même en directe corrélation avec les autres saisons, tels les viols, décrits dans la saison deux –, la construction même de la série, en dyptique, ainsi que l'univers décrit suffisent à relancer l'intérêt pour la série. La relation entre Veronica et Logan prend une tournure intéressante et les nouveaux personnages deviennent assez rapidement attachants. Quelques points noirs au tableau cependant : bien que plus mature dans le ton, la série garde plus ou moins le même visuel général, orienté « pop » et pèche par excès de « jeunisme ». On pourra aussi parfois avoir un peu du mal à se sentir concerné par les déboires de pauvres petits garçons et filles riches, beaux et brillants à qui la vie sourit.

Techniquement, le coffret présente donc la série en version originale et version française avec ou sans sous-titres, dans un master des plus corrects, qui rendent justice au travail des différents chefs opérateurs, qui accouchent d'une lumière riche en couleurs, les oppositions de tons vifs – rouge sur bleu, rouge sur vert – souffrant généralement péniblement du transfert vers la vidéo. La collection est servie dans un joli coffret cartonné à l'effigie de l'héroïne et de ses camarades, réunissant les trois coffrets individuels sortis chez nous entre 2008 et début 2009.

En version originale, le mixage est quant à lui bien en deçà de la qualité de l'image : les voix, surmixées par rapport aux ambiances, sonnent creux, là où un meilleur équilibrage aurait permis d'offrir une dynamique plus efficace. La version française, comme toujours, ne vaut que pour les non-anglophones et est clairement dispensable pour qui l'anglais ou la lecture du sous-titres français n'est pas un exercice insurmontable. Au rayon des nouveautés ratées, le générique de début, déjà crispant dans les deux premières saisons, devient absolument imbuvable sur la saison trois, Rob Thomas ayant voulu, à raison, insuffler un vent nouveau, plus adulte – université oblige –, à sa série moribonde, qui n'y survivra pourtant pas malgré ses efforts.

C'est du côté des bonus que la déception reste cependant la plus grande : présentés pour certains en 4/3, ils sont surtout et avant tout excessivement pauvres, là où une intégrale telle que celle-ci aurait mérité un travail plus conséquent de la part des éditeurs. Vous aurez donc droit, pour la première saison, à une vingtaine de minutes de scènes inédites à l'intérêt d'autant plus variable qu'il ne sont pas inclus au montage des épisodes concernés ainsi qu'à une version longue de l'épisode pilote. La saison deux regroupe deux très courts documentaires (7′50" et 5′12", respectivement) sur la série, l'un d'entre eux, intitulé « Un jour sur le plateau de Veronica Mars », étant présenté et filmé partiellement par Kristen Bell elle-même. On y trouvera aussi un bêtisier de la saison, qui, étrangement, dépasse en durée les documentaires...

La saison trois, quant à elle, propose un contenu autrement plus intéressant en montrant les premières images de l'hypothétique saison quatre, avortée finalement par les responsables du network, qui nous montre une Veronica Mars désormais agent du FBI. « Rob Thomas nous livre ses secrets » est une série de neuf featurettes plus ou moins longues lors desquelles le créateur de la série nous livre quelques impressions et informations plutôt intéressantes sur les choix faits lors de cette nouvelle et dernière saison. Enfin, là encore, un bêtisier de la saison.

Cette édition présente donc comme principal avantage de regrouper l'ensemble de la série dans un coffret de jolie facture. Malheureusement, on pourra déplorer le manque de soin apporté aux bonus, qui n'apportent rien de nouveau par rapport aux anciennes intégrales individuelles, ce qui aurait pourtant été un « plus produit » que les fans de la série n'auraient certainement pas manqué. Reste que la série est globalement de bonne qualité et présente l'avantage non négligeable de montrer une Amérique plus sombre, une fois le vernis passé. Ajoutons à ceci la jolie performance d'actrice de Kristen Bell, qui a par ailleurs rejoint l'équipe du casting de la série Heroes après un court – mais mémorable – détour par la fabuleuse Deadwood, et Veronica Mars est définitivement une série qui vaut la peine d'être vue.
Kaeron
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le 5 nov. 2010

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Cédric Le Men

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