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À la vue des critiques, je m'attendais à tomber sur un truc bien pérave. Étant un grand fan de la série original et faisant partit de ceux qui prient chaque jour pour l'annonce d'une saison 3 – comme le disait le prophète Aragorn : « Il y a toujours de l'espoir » –, j'avais peur que cette mouture américaine d'Utopia n'ait rien compris à l'œuvre originale.
Le fait d'en avoir entendu beaucoup de mal et de ne s'attendre à rien à certainement du beaucoup jouer… mais oui ! Cette version US d'Utopia est vraiment bien. Pas au niveau de la version UK certes, mais tout de même assez intéressante pour que l'on accroche aux différents personnages et contextes.

En fait, sur quelques rares points, la version américaine se permet même de surpasser son homologue britannique, notamment concernant l'exploitation de certains personnages. En l'occurrence, je pense à Dugdale, le politicien de la mouture UK, dont l'arc n'était pas celui le mieux exploité, que ce soit lors de la première ou seconde saison. Il est remplacé ici par Michael Stearns, interprété par Rainn Wilson, docteur et inventeur d'un vaccin contre le virus mortel qui frappe diverses écoles dans la série, et dont l'arc se montre bien plus intéressant à suivre que celui du britannique.
Certains personnages ont subi des changements, parfois intéressant – notamment Arby, dont le caractère oscille entre l'enfant et l'adulte –, parfois beaucoup moins – Jessica Hyde, moins charismatique que l'original, dont le comportement est beaucoup trop chaotique et impulsif sans pour autant être réellement exploité, bien au contraire.
La « bande » (à savoir Wilson, Ian, Becky, Grant, Alice) a quant à elle subit peu de changements… il y a bien une nouvelle, Samantha, mais celle-ci disparait assez vite et n'apporte pas grand-chose au récit – tout ce qui entoure la mort de ce personnage est d'ailleurs l'un des plus gros défauts de cette saison au niveau du scénario.
Pour en finir avec les personnages, s'il y a bien une chose que cette version apporte par rapport à l'original, c'est la présence de John Cusack qui campe ici un Dr Kévin Christie effrayant ! Il reprend d'une certaine manière le rôle du faux Mr. Rabbit (James Fox) mais de façon bien plus poussée. Pour le coup, c’est sur ce point-là que cette adaptation arrive le plus à se libérer de son carcan.

Là où la version britannique surpasse clairement la version américaine, c'est sur le choix du cadre et des couleurs. Sans être laide, la reprise US est plus « générique », a une identité moins marquée. Autant ça aurait été très con de reprendre la même palette de couleurs, autant certaines images paraissent plutôt « fades ». Les musiques sont, sans être mauvaises, clairement moins marquantes chez les bouffeurs de big mac que chez les bouffeurs de gelées… m'enfin, comment voulez-vous concurrencer ça ?
Autre point négatif, ça manque de subtilités. Les personnages ont par exemple tendance à répéter ce qui leur est arrivé là où dans la version originale, le réalisateur se contentait de nous le montrer… je suppose qu'il faut bien s'adapter à son public malgré tout. Du coup, la série prend ici plus son temps que chez les british (ce qui explique qu'on passe de 6 à 8 épisodes)… certains apprécieront sans doute. Pour le coup, cette façon de « prendre son temps » permet à Gillian Flynn d'exploiter certaines thématiques plutôt discrètes dans la version de Dennis Kelly (je commence à ne plus avoir de métonymies en tête là !) comme l'usage des réseaux sociaux à des fins de propagande… pour le coup, pourquoi pas ?

Donc oui, Utopia 2020 est moins bien qu'Utopia 2013 : moins subtile, moins marquant mais surtout moins bien fignolé… mais elle n'est pas mauvaise pour autant et reste le seul moyen pour les fans de voir la fin de l'histoire… ah non merde ! Ils ont annulé la série après la première saison. Bon bah tant pis, on ne connaîtra jamais la fin de cette série maudite (coucou David Fincher).
Plus sérieusement, j'aurais tout de même aimé voir comment la série allait s'émanciper (ou non) du moule original avec une saison 2, notamment les arcs de Stearns et Kévin Christie. Tant pis je suppose.

PS : je suis bien conscient d'avoir écrit la pire blague possible dans le titre de cette critique.