La Grande Evasion
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Voilà une sorte de prototype de la série Netflix du moment, on est littéralement ici face à un (long) film de près de 4 heures, et on s'étonne de notre propre patience devant autant de temps passé devant ce qu'on pourrait considérer au mieux comme sympatoche mais totalement inoffensif. Il faut reconnaître que tout y est fait pour dorloter et ne pas trop déstabiliser le spectateur, en lissant absolument tout. Il y d'abord le fond, cette histoire (vraie, parait-il) de recherche de liberté individuelle, de jeans et de rouge à lèvres face à une oppression religieuse, soit le sujet le moins clivant du monde à priori pour le spectateur lambda. Bon ok pourquoi pas ? Mais rien ne viendra contrebalancer ou introduire un minimum d’ambiguïté là dedans : l'agenda moral est tenu de bout en bout sans la moindre embûche, n'est-ce pas tellement plus confortable ? On ne va pas non plus emmerder le spectateur avec une forme compliquée, il vaut mieux pour "l'expérience sensorielle Netflix" de s'en tenir à l'orthodoxie (lol) : toutes les scènes doivent être filmées et montées de la même manière et ne doivent surtout pas durer trop longtemps pour plus de fluidité et moins d'ennui, c'est sacrément efficace il faut l'admettre.
Alors durant ces 4 heures on flotte comme le spectateur flottant et passif qu'on est censé être. Comme les personnages qui ont l'air de flotter de New-York à Berlin, on flotte aussi entre les deux temporalités imposées par la série. On suit la jeune protagoniste dans son périple à Berlin ou elle rencontre une ribambelle de jeunes branchés qui semblent sortir tout droit des banques de photos utilisées dans les sites d'écoles de commerce, et puis, en flashback, la partie la plus intéressante qui montre ce qui l'a amenée à fuir sa communauté juive orthodoxe, en évacuant bien entendu rapidement dès qu'il y a une scène un peu dure.
La seule chose digne d'intérêt là dedans, c'est la prestation de l'actrice principale, qui est épatante et fascinante à regarder, et qui donne vraiment de la chair et de l'humanité à son personnage, surtout en contraste avec ces mammifères mondialisés berlinois interchangeables qui lui servent de copains.
La fin donne dans le sentimental le plus balourd et c'est vraiment du brutal, mais bon à ce stade on en est plus là, on a bouffé notre paquet de chips et on a pu occuper pendant quelques heures notre esprit bien trop fatigué pour une autre activité un peu plus stimulante. Faut juste que ça devienne pas une habitude.
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le 3 mai 2020
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