Nous rencontrons des problèmes techniques sur la partie musique du site. Nous faisons de notre possible pour corriger le souci au plus vite.

Undercover
7.1
Undercover

Série één (2019)

Voir la série

Saison 1 :
La première saison de la série belge (du côté flamand, cette fois) "Undercover" commence particulièrement bien, avec un juste mélange d'action et de dérision qui peut rappeler, au-delà du thème comparable sur la fabrication de drogues synthétiques, la formule magique de "Breaking Bad". Nico Moolenar nous raconte comment un (faux) couple de flics vont – difficilement - infiltrer la sphère intime d’un gros producteur belge d’ecstasy (un personnage de fiction inspiré d’un trafiquant réel, Janus Van W.) et essayer de montrer un piège pour le faire tomber.


Ce qui est « très belge » dans "Undercover", ou tout au moins ce qui correspond aux standards habituels du cinéma belge, c’est de nous dépeindre un univers très ringard, où Ferry Bouman, le « parrain » dont on planifie la chute ferait passer Tony Soprano pour un esthète et un parangon de raffinement : on peut renâcler d’abord devant l’accumulation de détails « beaufs », qui semble forcer des accents plus comiques au sein d’une série qui dépeint quand même nombre de meurtres de sang froid et de comportements abjects, mais on se laisse rapidement convaincre par la complexité des personnages, qui nous deviennent tous chers au fil des épisodes.
Impossible de ne pas s’attacher à Bouman en particulier, formidablement campé par l’acteur hollandais Frank Lammers : entre le criminel implacable, à l’intelligence aigüe, et l’homme ordinaire, facilement vulgaire, amateur de bière, de barbecues et très amoureux de sa femme, Lammers trace un portrait attachant d’un personnage ambigu, à la fois terrifiant et dérisoire. Impossible aussi, soyons sincères, de ne pas craquer devant l’incroyable Anna Drijver, à la beauté et à la présence physique exceptionnelles, qui nous fait presque dire qu’on aurait suivi la série jusqu’au bout, même si elle n’avait pas été bonne, pour le simple plaisir de la regarder ! Si le personnage principal, celui du flic infiltré, bien tenu par Tom Waes, est plus banal, c’est sans doute aussi la banalité de ses problèmes personnels (son couple qui part à vaux l’eau, ses enfants qui ne veulent plus le voir) et professionnels (une hiérarchie qui va hésiter régulièrement à le suivre, tant certaines de ses décisions sont discutables…) qui font que l’identification fonctionne à plein régime.


Les 10 épisodes de la saison sont palpitants, car, comme dans toute bonne série TV, ils traitent avec le même sérieux les problèmes existentiels des personnages que l’intrigue policière, les deux flux narratifs se combinant et s’enrichissant mutuellement jusqu’à un dernier épisode final qui peut sembler manquer de crédibilité – mais on sait que le genre de situation hautement improbable décrite ici est souvent, et paradoxalement, plus réaliste que bien des montages scénaristiques parfaits -, mais qui est littéralement bouleversant. Le plus bel épisode reste néanmoins le cinquième, épopée en Pologne terrifiante et absurde, qui permet un temps à "Undercover" d’atteindre le même genre de vertige que "Breaking Bad" ou "les Sopranos".


La saison se termine avec un cliffhanger qui, pour une fois, ne paraît pas forcé, et nous laisse attendre avec impatience la suite.
[Critique écrite en 2020]


Saison 2 :
Maintenir la qualité de "Undercover" dans une seconde saison n’allait pas être facile, d’autant que Moolenar et son équipe se privent justement de ses deux acteurs-clé : Anna Drijver et Frank Lammers, qui apparaît quand même occasionnellement, pour une intrigue parallèle assez faible et ne débouchant pas sur grand-chose, et qui démontre surtout que les scénaristes ont été conscients du déficit de charisme du casting. Tom Waes, le personnage principal, qui a pris un drôle de coup de vieux entre les deux saisons, confirme ici une certaine neutralité dans son jeu, qui ne met pas en valeur la complexité des enjeux professionnels et personnels dans lesquels il se débat, tandis qu’aucun des nouveaux personnages ne se révèle particulièrement intéressant.


Le sujet est pourtant potentiellement riche en émotions, puisqu’il s’agit cette fois d’infiltrer une famille belge se livrant au trafic d’armes entre l’Ukraine et les pays africains ou sud-américains, mais, après un démarrage assez fort, l’intrigue s’enlise dans des va-et-vient, tant policiers que psychologiques, qui peinent régulièrement à nous intéresser. Si l’on ajoute le manque flagrant de professionnalisme, voire même de simple bon sens, chez les policiers, il est difficile de se laisser emporter par cette seconde saison qui ne surprend jamais et n’émeut que très peu.


Heureusement, le final de la saison est à peu près satisfaisant, à condition d’accepter l’improbable laxisme des criminels, qui laissent passer avec négligence toutes les occasions offertes de liquider nos héros !


Bref, l’enthousiasme qu’avait suscité la première saison de "Undercover" s’est peu à peu dégradé en une vague sympathie pour une série qui n’est plus qu’honorable, sans plus. A l’heure qu’il est nous n’avons pas de confirmation d’une troisième saison…
[Critique écrite en 2020]
Retrouvez cette critique et bien d'autres sur Benzine Mag : https://www.benzinemag.net/2020/12/28/netflix-undercover-une-saison-2-en-deca-de-la-premiere/


Saison 3 :
La seconde saison et le spin off de "Undercover", la série TV policière flamande qui cartonne, l’ont clairement prouvé, ce qui fait tenir la série, c’est le personnage de Ferry Bouman et l’interprétation remarquable de Frank Lammers, inoubliable en criminel flamboyant, charismatique en dépit (et un peu à cause…) de son abjection morale et de son atroce mauvais goût. Piet Matthys, Nico Moolenaar et leur équipe ont évidemment bien compris ça, et remettent Ferry quasiment au centre de l’intrigue – passionnante cette fois – de leur troisième saison : du coup, si ce n’était la maladresse de leur huitième et dernier épisode, qui ne sert probablement guère à autre chose que de permettre l’existence d’une quatrième saison, on serait prêt à crier bien haut que "Undercover" n’a jamais été aussi brillante, aussi tendue, aussi passionnante, aussi originale. Bref, face au déferlement continu de thrillers US, il est rassurant d’avoir au moins une série TV européenne de ce niveau (en attendant, sans trop y croire, le retour du "Bureau des Légendes"…).


On a écrit que Ferry Bouman se retrouvait « quasiment » au centre de cette troisième saison, qui est un nouveau récit de tentative d’infiltration policière d’une organisation de trafiquants d’ecstasy, turcs cette fois, et ce « quasiment » est important : Matthys et Moolenaar ne se sont pas reposé sur leurs lauriers, ni sur la certitude que Lammers ferait, à son habitude, le job (et bien entendu, il le fait, et brillamment encore !) et nous a concocté cette fois un autre personnage mémorable, qui permet à la série de fonctionner à plein rendement tout au long de ses sept premiers épisodes. Car Leyla Bulut, maîtresse femme dirigeant d’une main de fer (dans un proverbial gant de velours !) le trafic monté par son mari Serkan, confiné dans un rôle secondaire depuis qu’un deal qui a mal tourné l’a condamné à la chaise roulante, est un autre protagoniste-clé de cette saison, qui est tout autant un drame humain qu’un polar à suspense.


Il y a à nouveau quelque chose de "Breaking Bad" dans "Undercover", et ce n’est pas seulement ce sujet commun de la « cuisine » chimique permettant de donner naissance à des drogues que le marché absorbe voracement : la ressemblance tient plutôt à ce même mélange improbable de tragédie (plutôt ici des histoires d’amour qui, bien entendu, finissent – très, très – mal) et de dérision (dans la mesure où les policiers semblent ici moins professionnels que les truands qu’ils traquent), où le talent de Ferry (le personnage) est de dissimuler son acuité intellectuelle et sa violence implacable derrière une bonhommie ironique… Une combinaison détonante de réalisme – que l’on pourrait presque qualifier de « social » - et de tension hitchcockienne… sans même parler de ce talent que manifeste la série pour basculer de temps à autre dans l’excès : c’est ici un voyage à Istanbul qui va dégénérer de manière désastreuse, qui servira d’accélérateur – assez invraisemblable, certes, mais réjouissant – au récit.


Finalement, ce que l’on retiendra de "Undercover" (à moins qu’une quatrième saison ne vienne apporter un angle nouveau à la série), c’est bien que, même au sein des organisations les plus professionnelles – qu’elles soient étatiques ou criminelles – c’est le facteur humain qui reste déterminant : l’amitié la plus improbable, comme celle qui est née entre Bob et Ferry dans la première saison, l’amour le moins conventionnel, la loyauté à des valeurs familiales ou à des règles de clan, sont capables de mettre en péril n’importe quel système, n’importe quel plan. Et ça, derrière la noirceur des scénarios de "Undercover", et au-delà des destins tragiques qui nous sont contés, ça ressemble fortement à de l’optimisme.


[Critique écrite en 2022]
Retrouvez cette critique et bien d'autres sur Benzine Mag : https://www.benzinemag.net/2022/01/13/netflix-undercover-saison-3-turkish-delights/

EricDebarnot
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleures séries de 2019

Créée

le 13 déc. 2020

Critique lue 8.1K fois

10 j'aime

2 commentaires

Eric BBYoda

Écrit par

Critique lue 8.1K fois

10
2

D'autres avis sur Undercover

Undercover
Juanito
8

Critique de Undercover par Juanito

Encore une série qui décoiffe . Série belge de 10 Zodes ,basée sur une histoire vraie . Pitch Rapide : Un des plus grands producteurs d’ecstasy au monde, l'allemand Ferry Bouman, mène une petite vie...

le 8 janv. 2020

4 j'aime

1

Undercover
tetenlair
8

Les sopranos au camping

Voici une série belge (vrt) diffusé sur Canal+ basée sur des fait réels réels, d'excellente facture. Ici Ferry Bouman, l'un des plus grands producteurs d'ectasy au monde et un brin beauf, vie...

le 16 janv. 2020

3 j'aime

Undercover
estonius
9

On est littéralement scotché d'un épisode à l'autre.

Saison 1Que demande-t-on à une série sinon d'être addictive, et là on peut dire que le but est atteint, on est littéralement scotché d'un épisode à l'autre. Déjà l'histoire est passionnante se...

le 11 mars 2023

1 j'aime

Du même critique

Les Misérables
EricDebarnot
7

Lâcheté et mensonges

Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...

le 29 nov. 2019

204 j'aime

152

1917
EricDebarnot
5

Le travelling de Kapo (slight return), et autres considérations...

Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...

le 15 janv. 2020

190 j'aime

105

Je veux juste en finir
EricDebarnot
9

Scènes de la Vie Familiale

Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...

le 15 sept. 2020

187 j'aime

25