Tulsa King
6.9
Tulsa King

Série Paramount+ (2022)

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Si Tony Soprano (le regretté James Gandolfini) était un gangster, Stallone en est le King...

Après mon cycle d'action d'avril (« Les ailes de l'enfer » pour Nicolas Cage, « Armageddon » en l'honneur de Bruce McClane et « Last action hero » pour une conclusion en apothéose) arrive mon moment Stallone qui, cette année, sera capté par la série « Tulsa King » : j'attendais cela avec impatience.

Le plaisir a-t-il été au rendez vous ? Rendez vous ...à Tulsa !


Synopsis : après vingt cinq ans derrière les barreaux, Dwight, ancien parrain de New York doit partir en exil. Saura-t-il défier le temps qui est passé ?


S'agissant d'une série faîte par et pour Stallone qui se devait de passer par la 'case' série pour être populaire auprès des jeunes : comme si le 'Cobra' avait besoin de cette série pour asseoir sa notoriété auprès du jeune public... . En effet, même si Sly avait redoré son blason de la cage dorée de « Rocky » en lieu et place du renouveau « Creed » -en 2015 !- et de ses suites (plus ou moins enthousiasmantes les unes que les autres), l'Etalon italien a donc co-créé sa série en étant la vedette et en finançant une partie de cette première saison (la société Balboa Production peut témoigner en sa faveur) qui ne restera pas dans les annales et ce, grâce à une riche carrière de la part de l'inventeur du personnage John Rambo pour le cinéma.

Donc, premier point : Stallone a sa série. Youpi, me diriez vous.


Je répondrai par la négative. Hélas... ! Et pourtant, je n'ai vu que les deux premiers épisodes. Sur les neuf de la première saison, cela fait en tout et pour tout quasiment le quart de la série. Sur un film d'une heure trente, c'est comme si j'avais vu une vingtaine de minutes. Difficile à critiquer me diriez vous.

Et pourtant, le fait est là : au bout de deux épisodes, au bout de l'introduction donc (vingt minutes de film pour mettre en relation films et séries), je ne voyais pas l'intérêt de continuer. Pourquoi ?

Je vais vous donner mes raisons.


La première, c'est la mise en scène.

Filmée platement, « Tulsa King » ressemble à un pauvre champ de maïs cultivée par un dealer de coke. Impersonnelle, indélicate, informelle, la réalisation, suivant à hauteur d'homme la figure de Sylvester Stallone, n'embaume en aucun cas la série. Elle n'est ni au diapason ni dans le sens du rythme. A croire que c'est Stallone lui-même qui a l'air de dire lui même à la caméra : « Suivez moi ! ».

Beaucoup trop lisse voire totalement absente, la réalisation brise le rêve de voir notre bon vieux Sly dans les meilleures conditions qui soient.

Dommage de la part d'Allen Coulter (pourtant habitué dans son métier puisqu'il a réalisé plusieurs épisodes de « Sex and the city », des « Soprano », de « Boardwalk empire »...) de ne pas avoir donné l'apanage et le désir d'avoir un chef mafieux bestial qui crève l'écran !


Nous voici donc installé à Tulsa où Sly le gangster est en exil pour avoir fauté il y a vingt cinq ans. Jusqu'ici, tout va bien. Ma deuxième raison arrive ici : quid du décor ? Est on à Tulsa en Oklahoma ? A-t-on des indices -ou des indics !- pour nous dire que Stallone n'est pas en terrain conquis ? Peut on lire dans les yeux de Stallone qu'on a changé d'époque ? Grâce à de très vagues jeux de mots et à un bar qui ne sort d'on ne sait où, l'impression de nous faire berner n'est pas loin.

En ce sens, donnons au partenaire de jeu de Kurt Russell de « Tango et Cash » un lasso, un chapeau de cowboy sur sa tête et un cheval en guise de monture et laissons le partir au loin dans la 'belle' mise en scène d'Allen Coulter où tous les héros solitaires doivent partir vers un soleil couchant -tel le Lucky Luke des bandes-dessinées- pour nous faire comprendre qu'il est un être qui ne vit pas dans son époque, loin de la modernité.

Alors, oui, au bout de deux épisodes, le décor n'est peut être pas posé, mais il s'est déjà passé une heure trente sans qu'il n'y ait d'action à proprement parler. Il n'y a pas eu d'aventures et Sly a l'air de s'ennuyer ferme.

Le propre d'une série (aujourd'hui, en 2023) ne doit elle pas donner envie de regarder la suite ? Si tel n'est pas le cas, alors raccrochons ! Stallone, lui, n'abandonne jamais... et surtout pas son supérieur en Afghanistan (« Rambo 3 ») !

Stallone a-t-il eu le dernier mot sur le scénario ? Sans doute pas. Et pourtant, c'est grâce à lui si « Rocky » et « Rambo » sont devenus ces fameux héros. Peut être aurait il fallu donner carte blanche au scénariste de « F.I.S.T. » (de Norman Jewison, le réalisateur culte de « L'affaire Thomas Crown ») pour avoir une mouture intéressante et fouillée. Au lieu de ça, nous avons droit à un bar, une carte postale de l'entrée d'un hôtel new generation, et surtout à une description très sommaire des tueurs.


Ce qui m'amène tout droit au cœur de ma troisième raison. Le casting.

Qui est charismatique ? Personne. Qui sont les personnes secondaires ? Je n'en vois pas. Qui ressort du lot ? Le trop peu énigmatique Alan C. Peterson (vu dans « Compte à rebours mortel » -toujours avec Sly !-, « Narc », les séries « Smalville » -le temps de deux épisodes dans la saison six-, « Superman et Loïs », ...) qui fait une apparition très furtive en chef mafieux new yorkais.

Pour ainsi dire, un casting inexistant.


Passons maintenant aux points positifs.

Et pourtant je n'en vois que deux. La balance n'est pas équilibrée. Et ce n'est pas celle que l'on croit !, ...héhé.


Donc, pour revenir au casting, Sylvester Stallone.

Heureusement qu'il a sa prestance naturelle et sa classe habituelle. En vieux mafieux de soixante quinze ans, il en impose certes, et ce qui fait qu'on ne décroche pas, c'est surtout grâce à la voix lourde, rocailleuse et éreintante d'Alain Dorval qui fait toujours plaisir à entendre.

La marque de fabrique de Stallone en France, oui, c'est Alain Dorval, et je le revendique ! Ce timbre de voix est unique et je tiens encore à remercier Alain qui a immortalisé à jamais le son stallonien en France (comment ne pas visionner dans notre inconscient collectif le fameux : « Adriaaaaane !!! »).

Ou quand le shérif qui a fait face à De Niro dans « Copland » (et qu'il a retrouvé pour « Match retour ») nous fait sa leçon de cinéma grâce déjà au doubleur qui fait un travail d'orfèvre depuis une bonne trentaine d'années, et surtout grâce à la gueule et le charisme toujours incandescent de l'acteur qui a partagé l'écran avec Sharon Stone (« L'expert »), Antonio Banderas par deux fois (« Assassins », « Expendables 3 ») et même Viggo Mortensen dans le film catastrophe « Daylight ».

Stallone, c'est Sly l'indestructible. Même quand il lance des vannes maladroites. Oui, avec Sly, on peut pardonner. Pourquoi ? Parce que c'est un monstre sacré, tout simplement. Comme je le disais dans mon premier paragraphe, Sly, il s'est fait, il s'est forgé une ossature, une carrière (faite de flips, de flops, de cartons, de succès... et même de gloire !). Et il n'a aucunement besoin de « Tulsa King » pour prouver qu'il est l'un des derniers roi d'Hollywood à pouvoir jouer, réaliser et scénariser des actioners digne des « Expendables » ou de pouvoir retrouver Schwarzy dans le non moins excellent « Evasion ».

Certes, on a ici un Stallone minimaliste, mais ça suffit amplement. Grisonnant et bien portant pour son âge, il amène à son personnage une forme d'autodérision bienvenue qui à certains moments prête à sourire.

« Tulsa King » sans Stallone ne serait, sans aucun conteste, « Tulsa King » !


L'autre point positif ? La musique.

Bluesy à souhait, avec des guitares électriques grinçantes, elle s'ajoute par-dessus la mise en scène (et le générique d'introduction) pour mieux nous enivrer et nous faire monter le son de la télé.

Dès l'intro, on se sent sur la route sixty-six et c'est avec un réel plaisir que l'on suit la mélodie et les solos électriques de ce blues pas comme les autres sorti tout droit d'une Gibson de B.B. King ou de Chuck Berry (concernant ses titres de blues).

Une bande-son authentique, sincère et qui donne du punch à « Tulsa King » là où finalement il n'y en a pas vraiment besoin.

Une inadéquation du réalisateur par rapport au réel ancrage de la série dans la réalité (dans les 60's, le rock avait pris le pas sur le blues) ou une propre vérité du réalisateur de dire que Stallone est vraiment un vieux de la vieille ?

Dans tous les cas, même si la bande-son donne du pep's, on est en droit de se poser la question quant à la pertinence de ses guitares électriques.



Finalement, « Tulsa King »(2022), pour les deux premiers épisodes que j'ai visionné de cette série de gangsters, peut se résumer ainsi : le Roi Sylvester Stallone, Soprano en puissance, est encore en vie et veut rattraper le temps perdu.


Spectateurs, si vous êtes roi pour un soir, la déchéance n'est vraiment pas loin !


A noter : la présence d'Annabella Sciorra au casting des épisodes suivants.

Si elle a joué avec l'Etalon italien dans « Copland » et qu'elle a fait ses débuts dans « Le mystère Von Bülow » sous la houlette de Barbet Schröder, on peut la voir dans « Jungle fever » de Spike Lee, « La main sur le berceau », « Nos funérailles » d'Abel Ferrara, , la série « Les Soprano », et dernièrement dans « Les baronnes ».

brunodinah
4
Écrit par

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le 3 mai 2023

Critique lue 65 fois

brunodinah

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