Cette série alléchante au casting très cosmopolite mais sans frenchies, aura tendance à faire écho à tous les critiques choqués par le récent traitement à la sauce hollywoodienne de notre dirigeant français le plus célèbre, Napoléon. Oui les nord-américains sont fascinés par ces périodes sombres de l'Histoire, les guerres modernes situées sur le vieux continent, et n'hésitent pas à en faire des fictions mélodramatiques en langue anglaise. Clairement, je n'ai pas réussi à entendre autre chose, que l'insolite langage employé par ces résistants bretons et parisiens, qui parlent un anglais parfait à la diction impeccable. Je n'avais pas idée que la population française de l'époque maîtrisait aussi bien la langue de Shakespeare surtout quand on entend nos générations actuelles de chef d'état (Hollande et son célèbre : "Be you, be proud of you because you can be do what we want to do”)... Par contre ce qui est étonnant c'est que les méchants allemands, Nazis impitoyables ou jeune paysan innocent, sont automatiquement interprétés par des acteurs allemands. Le talentueux Louis Hoffman (vu dans la série Dark) en ingénieur exploité, Lars Eidinger et Jakob Diehl en horrifiques nazis dépourvus d'empathie, sont entre autres utilisés ici sous le même format que dans toutes les autres œuvres de fictions similaires précédemment vues sur les plateformes. A l'inverse côté résistants français nous avons : le serrurier du Muséeum d'Histoire naturelle de Paris, nommé Daniel Leblanc qui est interprété par Mark Ruffalo, l'incroyable Hulk ; sa jeune fille aveugle auditrice passionnée de radio au sens aiguisés et à la perspicacité indéniable, interprétée par Aria Mia Loberti, actrice américaine qui a probablement de l'avenir ; et enfin l'oncle traumatisé par son expérience de la première guerre mondiale et résistant breton réfugié à Saint-Malo, joué par le "So British" Hugh Laurie ! Bref les gentils et héroïques protagonistes se devaient d'être des acteurs anglo-saxons bankable pour une diffusion internationale sur Netflix. Dommage, dommage, pour ce manque de confiance au cinéma français et son merveilleux panel d'acteur qui aurait très bien fait l'affaire, en langue Française s'il vous plaît ! Non pas que je suis chauvin, mais ça aurait éviter une VO anglaise discordante pour un sujet sur les français et les allemands...

Bref, hormis ce défaut structurel, la mini-série en 4 épisodes nous fait tenir jusqu'au bout par son action récréative et l'intrigue déployée par les personnages principaux. Une chevauchée bien rythmée par une chasse aux bijoux précieux, par ailleurs spoliés en masse par les SS lors de la seconde guerre mondiale pour la collection privée d'Hitler. Sauf qu'ici c'est un haut-gradé nazi qui souhaite retrouvé le "Précieux" pour son usage strictement personnel, car voyez-vous ce fameux diamant source de convoitise, peut rendre immortel quiconque le détient (enfin c'est une légende pourrie quoi...). Cette quête va créer la zizanie dans cette petite famille adorable, qui partira donc s'exiler dans la belle cité de Saint-Malo. A partir de là le récit pose ses valises en Bretagne et nous permet de découvrir cette jolie ville sous les bombes alliées et les mitrailleuses allemandes. Bon plusieurs points noirs apparaissent alors dans la réalisation et franchement je suis pinailleur, mais je trouve que ça la fout mal... Donc nous avons, en premier lieu, un officier allemand qui veut mettre la main sur la jeune fille aveugle qui détiendrait le diamant et qui la cherche depuis plusieurs semaines sans la trouver, parce que voyez-vous c'est bien connu Saint-Malo est gigantesque, à titre de comparaison c'est probablement plus facile pour un touriste chinois de se repérer dans le métro parisien. Ok, le nazi est gravement malade mais quand même on va pas se mentir il est pas très doué. Ensuite nous avons le père Leblanc qui va construire une maquette de Saint-Malo grandeur nature, pour que sa fille non-voyante puisse s'y retrouver dans les rues de la ville. En deux trois mouvements le mec il mesure l'intégralité de la ville au pif, sans vu du ciel, sans matériel de géomètre, comme ça en comptant les pas à la bonne franquette et arrive à pondre une superbe reproduction de la cité en 3D... On y croit moyennement, grosses ficelles en vue... Et enfin, très heureux de voir l'intérieur de la ville de St-Malo reconstitué dans ce film, ses petites ruelles encore préservées de la destruction totale et avant qu'elles ne deviennent le Disneyland que l'on connaît aujourd'hui, jusqu'à ce que j'apprenne par la suite que les scènes ont été tournées dans le sud de la France et plus précisément dans l'Aveyron. Bon après sur ce dernier point il y a peut-être plein de bonnes raisons administratives et techniques pour lesquelles le réalisateur n'a pas pu tourner l'ensemble des scènes de résistance à Saint-Malo, mais pour bien connaître la commune bretonne, de nombreuses ruelles encore anciennes ou reconstruites à l'identique auraient très bien pu faire l'affaire.

En somme, cette adaptation d'un roman à succès (d'ailleurs américain, légitimant peut-être la réalisation en mode hollywoodien), reste un objet conventionnel à but commercial et ne révolutionne certainement pas le drame historique de cinéma. Beaucoup de maladresses scénaristiques font pesées une ambiance mièvre et réaffirment la tendance des productions américaines à concevoir des scènes maniérées et artificielles.

lopolb
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le 23 nov. 2023

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Léopol Badeau

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