TheGreatReview
7.7
TheGreatReview

Émission Web ()

Parce qu’offrir un regard ciblé est parfois plus intéressant qu’offrir une analyse fournie...

(…ou comment aborder en parallèle de ce TheGreatReview cette autre très chouette chaîne d’analyse de jeu vidéo qu’est Esquive la boule de feu. ;-) )


_
On était en novembre 2022 et je venais de finir – et d’écrire une critique ! – sur mon coup de cœur vidéoludique de l’année : Tunic.
J’étais content de mon expérience, j’étais content de la faire partager, et c’est à ce moment-là qu’est venu dans mon fil de commentaires ce bon vieux Gyaran pour me recommander une vidéo au sujet de ce jeu. « Ça ne t’apprendra sûrement rien » m’avait-il précisé, mais il avait néanmoins pris la peine de dire qu’en ce qui le concernait, Tunic, ça ne l’avait pas vraiment fait, mais que malgré ça – et notamment malgré le fait qu’il ait fini par abandonner sa partie au tiers de l’aventure – ladite vidéo lui avait permis de prendre connaissance de la logique du jeu et qu’au regard de ça, il avait bien été contraint de reconnaitre que « cette façon d’envisager le post game [de Tunic ] : wouah !»
Vous l’avez sûrement compris, cette vidéo était celle que l’auteur de TheGreatReview avait consacré au jeu… Et effectivement : « wouah. »


Wouah non pas seulement pour ce que ça disait de Tunic, mais aussi et surtout wouah pour la manière dont cette vidéo était parvenue à parler de Tunic.
Parce qu’en effet, au bout du compte, cette vidéo de 44 minutes (tout de même) ne m’avait pas appris grand-chose sur Tunic.
Ce jeu d’Andrew Shouldice, j’avais pris le temps de pas mal le retourner avant de m’exprimer à son sujet, donc oui, toutes les étapes par lesquelles étaient passées Augustin Heliot – l’auteur de cette chaîne – je les connaissais aussi de mon côté. Idem pour ce qui relève du propos, de la démarche, de la logique…
Seulement voilà, malgré tout ça, j’ai quand-même trouvé une plus-value plus que notable dans cette vidéo. Cette plus-value c’était la singularité de son parcours ; la singularité de son angle d’approche porté sur l’œuvre, et découlant de tout ça, la singularité de son regard.


Car loin d’être une analyse à froid, cette vidéo sur Tunic relève davantage du carnet de voyage.
Parce que ce Tunic, Augustin Heliot y a joué en streaming : il a donc tout filmé, tout enregistré, tout conservé… Il a certes conservé sa partie, mais il a aussi conservé toutes ses réactions, ses moments d’errements, ses échanges avec le chat… Et ses instants de révélation.
De cela, n’importe quel autre auteur de critique YouTube l’aurait bazardé au moment de produire sa vidéo d’analyse. Pas Augustin Heliot.
Au lieu de le jeter tel un superflu, il le réutilise pour offrir une double dimension à son récit : celle du recul qui s’exprime au travers de ces moments de récit en face cam' ; et celle de l’instant t s’exprimant ce coup-ci au travers de ces tranches de live ; ces moments où il se confronte pour la première fois à ce dont il parle en voix off et durant lesquels il s’est passé quelque chose.
Cette manière de faire, elle apporte selon moi quelque chose de supplémentaire aux approches classiques de la critique vidéoludique.
Plus qu’une analyse, elle apporte une expérience.
Tout comme Augustin Heliot, je suis allé jusqu’au bout de Tunic et tout comme Augustin Heliot j’ai eu l’occasion d’expérimenter par moi-même le défi que ce jeu entendait me poser, avec toute la logique sous-jacente qu’il y avait derrière tout ça...
Mais le fait est que, quand bien même a-t-on tous les deux fini par produire une analyse similaire de ce jeu que malgré tout nos expériences furent différentes.


Augustin Heliot n’a pas affronté le mystère de Tunic seul. Face aux difficultés du jeu, il a longuement brainstormé avec son public. Cet apport lui a permis de penser plus vite, plus loin, et surtout ça lui a donné de la motivation pour ne jamais lâcher… Et ça n’en rend son aventure que d’autant plus passionnante. Cette expérience n’était pas la mienne. Et découvrir la sienne m’a presque permis de redécouvrir le jeu selon une autre facette…
…Ou pour être plus exact, selon un autre point de vue.


Voilà pour moi toute la force et tout l’intérêt des productions de cette chaîne-là.
Les vidéos ne sont pas vraiment nombreuses, elles traitent de sujets qui ne me parlent pas forcément beaucoup, mais parce qu’il y a sur ces derniers un regard spécifique qui est porté dessus, j’y vais…
… J’y vais et je ne suis jamais déçu.
Pourtant la chaîne n’a clairement pas toujours adopté ce format-là.

Au moment où je rédige ces lignes – c’est-à-dire au début du mois de mars 2023 – ce type de format long à la manière de cette vidéo sur Tunic relève clairement d’une tendance récente.


Car si depuis la sortie de cette fameuse vidéo deux autres d’une durée respective de 20 et 53 minutes ont bien été sorties – ­l’une sur la narration purement cinématographique et l’autre sur la narration purement vidéoludique – le fait est qu’avant elles les contenus dépassant le quart d’heure ne se comptent qu’au seul nombre de quatre. La plupart du temps, il est bien rare qu’une vidéo sur TheGreatReview excède les dix minutes. Et plus on remonte le fil du temps et plus cette tendance se confirme…
…De là on pourrait se dire que c’est normal ; que c’est sûrement le signe d’une chaine qui n’a su mûrir son format qu’il y a peu et qu’en conséquence les productions antérieures mériteraient moins l’attention… Sauf qu’en fait ce n’est pas le cas.


C’est même tout le contraire. Remonter aux origines de la chaine c’est presque en trouver les fondamentaux sous leur forme la plus brute, et peut-être même la plus intéressante.
Car remonter le fil de ce TheGreatReview c’est aussi mieux comprendre ce qui l’amine, et c’est d’ailleurs ce qui m’a permis de mieux cerner ce qui me plaisait tant chez elle.
Déjà c’est découvrir que la chaîne ne traite pas que de jeu vidéo. Elle parle d’animés, elle parle de cinéma. Elle parle aussi parfois d’internet en général.
Les publications sont inégales dans le temps, ce qui veut dire que TheGreatReview ne publie que lorsqu’il a quelque chose à dire ; ce qui est généralement une belle garantie de qualité. Et surtout ces publications mettent toutes en évidence une qualité sur laquelle je n’ai finalement toujours pas eu l’occasion de m’exprimer : la pertinence des angles adoptés.
…Et cette qualité est encore plus particulièrement perceptible sur les vidéos courtes.


Par rapport à ça, je pourrais évoquer plusieurs exemples mais un cas m’a paru particulièrement édifiant. Et ce cas, c’est Dark Souls.

Dark Souls c’est visiblement l’une des grandes marottes de TheGreatReview puisque sur les vingt-cinq vidéos que compte la chaîne sur son fil principal, trois sont consacrées à la trilogie de From Software : une première sur l’épisode initial qui dure un peu moins de sept minutes ; puis un récit d’une vingtaine de minutes sur l’exploit du « all bosses with no hit » accompli sur Dark Souls II par un certain Otzdarva et enfin carrément tout un live d’une heure et demie de « all bosses with no death » sur Dark Souls III
…Or ce qui s’est révélé très intéressant pour ma part c’est qu’en ce qui me concerne, je suis particulièrement hermétique aux jeux From Software et – en plus de ça – de tout ce qu’a pu produire les équipes d’Hidetaka Miyazaki, la saga des Dark Souls demeure de loin celle qui m’attire le moins. Là où Elden Ring, Bloodborne et Sekiro pouvaient encore me séduire pour leur direction artistique, Dark Souls lui, m’a toujours laissé froid comme la glace…
…Et pourtant ces trois vidéos produites par TheGreatReview au sujet de cette trilogie m’ont passionné…
…Et oui, j’insiste : passionné.


Passionné pourquoi ?
Passionné justement parce qu’avant de voir la première vidéo de sept minutes dédiée au premier épisode de la saga, je ne voyais même pas de véritable mérite à ce jeu.
OK à l’époque de sa sortie c’était culotté de vouloir rester fidèle à la culture du die and retry, mais au-delà de ça qu’avait vraiment à proposer Dark Souls d’habile, d’inventif ou de nouveau ? Moi je ne voyais rien…
…Eh bien en moins de sept minutes, TheGreatReview m’a justement donné à voir. Il a fait le choix de ne porter mon attention que sur un seul élément : le level design.
A une époque où les titres Triple A avaient tendance à s’étaler dans l’espace en ouvrant leur aire de jeux sur les surfaces considérables de l’open world, Dark Souls faisait le pari du monde découpé en strates verticalisées, avec tout un système de raccourcis et d’ascenseurs se débloquant au fur et à mesure ; permettant ainsi d’offrir au joueur une expérience labyrinthique de l’espace.
Mais TheGreatReview s’arrête-t-il à ça ? Non.
Bien que ladite vidéo fasse partie des premières postées sur la chaîne, on y retrouve déjà ce qui en constitue la marque de fabrique : le récit d’expérience…
…Ce fameux récit qui permet d’amener dans l’équation la question de l’impact de ces choix sur le joueur qui les éprouve.


Ainsi, pour Augustin Heliot, cette construction labyrinthique a d’abord été synonyme d’un rapport particulier à l’espace. Un questionnement permanent sur l’endroit, sa structure, sa logique… Une sensibilisation accrue aux lieux, aux décors, voire même à ce que les décors racontent… Une sensibilisation qui permet ensuite d’être attentif à tout ce que ce jeu annonce pour la suite.
Le simple fait de savoir placer des points de sauvegarde devant des gouffres permet par exemple d’offrir au joueur la possibilité de considérer ce qu’il a parcouru et ce qui l’attend en contrebas ; c’est une occasion donnée d’entrevoir ce à quoi il n’est pas encore prêt mais qu’il faudra bien affronter à un moment donné… Dans un jeu reposant sur l’idée d’enchainer les combats afin d’upgrader son personnage pour qu’il puisse franchir les strates de difficulté qu’on lui oppose, ce type de perspectives offertes par le level design est totalement bienvenu. Mieux que ça, c’est la meilleure exploitation qu’on puisse faire du level design au service de l’expérience que l’on entend faire vivre à son joueur.
En m’offrant ce regard-là, TheGreatReview m’a enfin donné à voir quelque chose que je peux trouver de brillant dans Dark Souls.
Est-ce que ça m’a refilé l’envie d’y jouer ? Certainement pas. Quand bien même un level design est-il brillamment pensé qu’il n’en efface pas pour autant ce que je considère être une façon archaïque de concevoir le gameplay et la difficulté. Donc non, quoi que pourra me raconter Augustin Heliot que ça ne me fera pas changer d’avis sur le fait que je ne trouverais jamais mon compte avec ce genre de jeu là...
…Mais par contre, est-ce que ça m’a permis de voir l’œuvre différemment ? Est-ce que ça m’a permis de mieux comprendre pourquoi certains peuvent à ce point s’extasier sur les productions From Software ? Oui. Indéniablement, oui.


En voyant le jeu à travers les yeux d’Augustin Heliot, j’ai au moins saisi ça. Désormais je comprends mieux. Et de ça, je ne peux que lui être reconnaissant.
En début de ce billet, j’avais pris la peine de préciser ce que Gyaran avait dit au sujet de Tunic ainsi que de la vidéo qu’en avaitfaite TheGreatReview. Il n’avait pas aimé le jeu, mais la vidéo lui avait malgré tout permis de prendre conscience du génie qui l'habitait.
Eh bien pour moi ça a été pareil pour Dark Souls.
Putain d’exploit…
…Ou plutôt devrais-je dire : « putain de démonstration de l’efficacité de ce genre de lecture ».


Cette efficacité, c’est clairement elle qui a fini par me pousser à l’écriture de cette critique parce que, l’air de rien, j’y ai retrouvé la concrétisation d’un précepte auquel je suis personnellement très attaché et que j’ai parfois du mal à communiquer : l’importance qu’il y a, quand on s’exprime sur l’art, à savoir mêler analyse et regard personnel.
Un regard personnel sans effort d’analyse, ça ne reste au fond qu’un avis. Untel a aimé ou n’a pas aimé. Très bien mais ensuite ?

Mais que vaut véritablement une analyse d’œuvre artistique sans regard personnel ? Certes la critique est un genre littéraire qui a ses codes et parmi lesquelles se trouve une obligation d’analyse… Mais elle n’impose pas de s’y restreindre. Et fort heureusement d’ailleurs…
…Parce qu’à quoi bon analyser une œuvre si à aucun moment on ne questionne son rapport à l’individu qui s’y confronte ?
Il est certes tentant de vouloir faire de l’analyse pure ; de lister et classifier les composantes, d’exposer les mécaniques et de faire une dissection par le menu de l’œuvre qu’on entend critiquer, mais que met-on vraiment en évidence en ne faisant que cela ? On expose que de la technique, c’est tout. Pour se renseigner sur une chaudière, une voiture ou un aspirateur, c’est certes amplement suffisant… Mais pour parler de culture ?

…Pour parler d’œuvre d’art ?


Même si certains consomment les « contenus » culturels dans une pure logique fonctionnelle – ne pas s’ennuyer – comme d’autres peuvent se bourrer de pâtes juste pour ne pas avoir faim ; je pense qu’on sera malgré tout un certain nombre ici à reconnaitre que ce qui nous motive à nous confronter aux arts c’est le fait qu’un jour, au contact d’une œuvre, il s’est passé quelque chose de spécial ; quelque chose qui a fait écho… Quelque chose qui a vibré en nous.
Ce quelque chose c’est justement cela qui nous a donné le goût pour l’art. L’art révèle des choses en nous. L’art réveille des sens et des connaissances. L’art enrichit l’être…


Seulement le fait est que nous ne sommes pas tous les mêmes êtres. Nous ne sommes pas tous les mêmes spectateurs ni les mêmes joueurs.

Toutes les œuvres ne parlent pas pareil à tout le monde, de la même manière que nous ne sommes pas tous réceptifs de la même manière aux œuvres. C’est d’ailleurs pour cela qu’on aime tant parler d’art. Pour les plus renfermés on ne recherche chez l’autre qu’un écho. Pour les plus ouverts on espère que l’autre saura nous donner à voir ce qui nous a échappé…
…Mais ce quelque chose qui nous aurait échappé, il ne tient pas en ce qu’est l’œuvre, mais plutôt à ce qu’elle émane ; à ce qu'elle suscite...
…Voilà pourquoi je trouverais toujours aussi précieux de pouvoir tomber sur des critiques capables de mêler aussi bien analyse et regard.
Pour moi il faut vraiment les deux pour qu’à un moment donné, un pont se tisse au-delà de nos propres sensibilités. Et c’est en cela que je trouve précieuse la contribution de TheGreatReview au monde de la critique sur Internet…
…Elle est précieuse parce que singulière.
Il a d’ailleurs fallu – presque comme un signe révélateur voulu par les dieux du hasard – qu’on me recommande cette chaîne pratiquement en même temps qu’une autre s’illustrant elle aussi dans le domaine de la critique – mais ici exclusive au domaine du jeu vidéo – j’ai nommé Esquive la boule de feu
(Et oui, c’est là qu’on arrive à ce qui était annoncé en entrée de ce billet. ;-) )


Deux chaînes, dans le même registre, qui connaissent des dynamiques plus ou moins similaires et cela plus ou moins au même moment. Autant dire que la comparaison s’imposait presque d’elle-même.

Esquive la boule de feu c’est de l’analyse massive. On est rarement en dessous des trois-quarts d’heure de vidéo. La plupart du temps on avoisine même plutôt l’heure et demie.

Avec cette chaîne, chaque jeu traité se retrouve démonté pièce par pièce. Tout est passé au crible. Rien n’y réchappe. C’est méthodique. Approfondi autant que ça puisse l’être. Précis et rigoureux.

Personnellement, ça m’est déjà arrivé de sortir d’une de ces vidéos presque sonné, tellement de choses avaient été dites ; tellement de pistes avaient été explorées…
Franchement, ça fait partie de ce qui se fait de mieux aujourd’hui sur le net français en termes d’analyse de jeu vidéo.
Et pourtant…


Et pourtant, je vous l’avoue, je ne suis pas si assidument que ça l’activité d’Esquive la boule de feu. Alors certes, c’est vrai que je la suis forcément moins assidument parce que chaque sortie de vidéo implique je puisse disposer d’une heure-et-demie à lui consacrer pleinement, avec une attention soutenue… Et encore !

Parce que si je dis « et encore » c’est parce qu’en vrai, je me rends compte que désormais je ne me risque qu’aux analyses de jeu que je connais et apprécie bien. Les autres je ne suis jamais parvenu à aller jusqu’au bout. Parfois même ça m’est aussi arrivé d’arrêter des vidéos de jeux que je connaissais…


Pourquoi me demanderiez-vous ? La qualité de l’analyse est-elle à remettre en cause ?
Pas du tout. Encore une fois – je le dis et redis – Esquive la boule de feu c’est toujours de l’analyse solide, approfondie et méthodique…
…Mais seulement voilà, par rapport à TheGreatReview, j’avoue que je peine davantage à suivre le déroulé du propos. J’avoue que je trouve que ça manque d’un véritable angle d’attaque. D’un regard.
Car à bien tout considérer, le regard n’est pas seulement une personnalisation de l’analyse, elle est aussi un parcours offert à autrui pour cheminer le long d’un raisonnement. Elle est une méthode de narration.
Et là où la narration ne relève plus seulement que du style, c’est lorsqu’elle parvient justement à conduire plus efficacement les esprits jusqu’à l’aboutissement d’une démonstration.
Or quand je regarde une vidéo d’ Esquive la boule de feu j’ai l’impression d’observer un mécanicien me désosser une voiture pour m’exposer tout ce qu’il peut savoir et déduire de chaque pièce ; de pourquoi elle est là ; de ce qu’elle peut impliquer sur le fonctionnement global du véhicule. C’est certes passionnant – et il est vrai que ce n’est pas dénué d’impressions personnelles de joueur – mais il n’empêche que le cheminement offert n’est jamais vraiment celui d’une expérience ou d’un regard.


Regarder une vidéo d’ Esquive la boule de feu c’est toujours devoir se confronter au même protocole : mise en contexte de l’œuvre traitée au regard de son développeur, son époque et son genre ; puis exposition des différentes méthodes aujourd’hui disponibles pour y jouer (et celle choisie par l’auteur de la critique pour mener sa critique) ; puis désossage de ses différentes strates d’élaboration selon l’ordre qui paraitra le plus pertinent : level design, gameplay, narration, etc.

On est à deux doigts d’une expertise contrôle qualité menée par un ingénieur informaticien. Même discipline. Même méthode. Même rigueur…

...Et j’insiste encore : j’aime bien hein !
…Mais ce n’est clairement pas ce type de démarche qui m’amène à bouleverser mes représentations ou à cheminer au-delà de mes cercles culturels habituels….

…Alors que TheGreatReview y parvient, elle.


En discutant sur ce site de cette distinction que je faisais entre ces deux chaînes, l’un de mes interlocuteurs – l’éminent -Alive- – a réagi en faisant savoir que, en ce qui le concernait, ces deux chaînes lui apparaissaient certes, à lui aussi, comme différentes dans leur approche respective mais que, pour autant, cela ne l’incitait pas pour sa part à établir entre elles deux une quelconque hiérarchie. L’une ne lui apparaissait pas meilleure que l’autre. L’une n’attirait pas plus ses faveurs que l’autre. De son point de vue, TheGreatReview et Esquive la boule de feu sont juste deux chaînes complémentaires, et sur ce point je pense qu’il a raison…


...Même si, pour ma part, je ne peux m'empêcher d'avoir ma petite préférence pour la première.


Dans un premier temps pourtant, je m'étais rangé derrière la voie de la raison énoncée par -Alive- et j'avais conclu cette critique sur cette idée-là : l'idée de complémentarité et de comment elle restait l'une des dernières grandes forces de YouTube et d'Internet en général.
J'avais concédé volontiers que l'esprit de complétude d' Esquive la boule de feu pouvait parfois manquer à ce TheGreatReview et que c'était la raison pour laquelle je ne lui avais attribué au final « qu'une » note de 8/10.
J'expliquais que 8/10 ça restait une très bonne note – sanctionnant toutes les qualités que j'avais pu énoncer –mais qu'en contrepartie ça me permettait de marquer cette idée que, par sa logique de « regards choisis », TheGreatReview passait aussi sûrement à côté du big picture ; de cette vue d'ensemble permettant de cerner les grandes lignes régissant les arts que l'émission s'est décidé à aborder.
J'avais d'ailleurs alors pris l'exemple de Dark Souls pour l'illustrer : au fond les trois seules vidéos d'Augustin Heliot avaient un goût de trop peu, et finalement c'était du côté d' Esquive la boule de feu qu'il était désormais nécessaire de me tourner pour compléter mon cheminement avec cet univers...
...Mais ça c'était dans ma première version.


Car oui, depuis mars, je me suis permis de réécrire cette critique à partir du paragraphe suivant.
Pour quelle raison ? Que s'est-il passé ?
Il s'est tout simplement passé que, depuis, TheGreatReview a sorti une vidéo de près de deux heures sur Outer Wilds, et que cette vidéo m'a définitivement convaincu que je préférais largement les regards ciblés d'Augustin Heliot aux analyses charnues d' Esquive la boule de feu.


Cette vidéo sur Outer Wilds sortie au cours du mois d'avril 2023, elle m'a fait voyager comme jamais.
Elle m'a carrément fait plus d'effet que ma deuxième run sur le jeu.
Parce que l'air de rien c'est difficile de se refaire Outer Wilds ; difficile de se laisser à nouveau submerger et émerveiller à la fois par un grand mystère qu'on a déjà résolu... C'est difficile oui, à moins de la vivre à travers le regard d'un autre.
Face à cette vidéo, plus d'une fois j'ai eu des révélations, des frissons, voire des moments d'apesanteur. C'est carrément cette vidéo qui m'a convaincu de détrôner Majora's Mask du sommet de mon Top 10 pour y mettre cet Outer Wilds, c'est dire...


Alors forcément, quand je me rends compte d'un côté que, au cours de ce dernier mois, Augustin Heliot vient de m'envoyer au septième ciel avec une seule vidéo que j'ai envie de me mater en boucle tandis que de l'autre je me rends compte que j'ai arrêté ma dernière tentative d'avec Esquive la boule de feu parce que son auteur m'a une nouvelle fois totalement gavé par son interminable explication au sujet des meilleures façons de rejouer audit jeu dont il était question – et que le gars semblait s'amuser lui-même de l'image de gros nerd que ça lui donnait (et s'y complaire) – moi ça m'a clairement amené à acter quelque chose : en fait l'incomplétude n'est pas un problème, loin de là. Plus que ça, ce n'est pas parce qu'on est complet sur un sujet qu'on a nécessairement de la hauteur de vue sur ce dernier.
C'est ce qui me fait d'ailleurs me dire la chose suivante : Esquive la boule de feu ferait un épisode sur Outer Wilds que, quand bien même je le trouverais sûrement fort instructif et intéressant que néanmoins, à aucun moment, il me permettrait de voir ce que TheGreatReview m'a permis de voir.


Voilà donc la raison de cette nouvelle conclusion. Et surtout voilà la raison de mes nouvelles notes. Avant j'attribuais 8 aux deux émissions. Désormais je ne vois pas comment je ne pourrais pas descendre mon appréciation d' Esquive à 7 et remonter celle de TheGreatReview à 9.
9/10 pour dire que c'est « quasiment parfait ».
9/10 en attendant que la multiplication des sujets fasse progressivement système et gomme cette légère impression de chaîne « qui picore ».
9/10 en attendant peut-être aussi de lui attribuer à l'avenir une note traduisant mon amour sans réserve pour cette chaîne en plein essor...

lhomme-grenouille
9

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Créée

le 8 mars 2023

Modifiée

le 8 mars 2023

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